Le désir est, par définition, la traduction d’un manque que l’on voudrait combler, ce manque étant subjectif (Précisez). Le désir est aussi ce qui fait avancer l’être humain, car il est dans sa nature de rechercher ce qu’il ne sait pas, de vouloir acquérir ce qu’il n’a pas, d’être ce qu’il n’est pas. (est-ce une antithèse ? faites une analyse puis problématisez) On peut alors définir la misère humaine comme l’état subjectif à travers lequel on a rien, on est rien, on ne sait rien (un état de manque, d’impuissance et d’ignorance).
On peut alors se demander si le désir provient de la misère de l’Homme, ou bien s’il n’est pas plutôt acteur de la richesse humaine. (Faites une problématique !)
Nous verrons donc tout d’abord en quoi nous pouvons dire que le désir est effectivement la marque de la misère de l’Homme, puis nous verrons que, s’il provient bien de la misère, il produit aussi de la richesse. Enfin, nous verrons qu’en produisant une richesse, il peut aussi produire un malheur, effet inverse du réel désir, inhérent à l’Homme : la recherche du bonheur.
L’Homme est un être mortel conscient de lui-même. S’il est conscient de lui-même, alors il est conscient qu’être mortel n’est rien face à l’infini qui s’ouvre partout autour de lui (l’univers, l’imagination, etc.). Ainsi, il envie l’immortalité, qui lui manque. Parce qu’il est de la nature de l’être humain d’évoluer, et donc de tendre vers. Ainsi, il désir l’immortalité parce qu’elle lui manque, et qu’il est ainsi misérable (faire le rapprochement avec Eros de Platon). Mais chaque pas en avant ne le rapproche pas plus près de son but, car de par la définition de l’infini, on ne peut pas l’atteindre. Ainsi, plus on avance vers ce but, plus ce but s’éloigne. Et le désir reste et renaît. Ainsi c’est parce qu’on est toujours misérable, n’étant rien face à l’infini, ce à quoi l’on aspire, n’ayant rien, et ne sachant rien, que l’on désire. (Référez vous au Banquet)
En effet, le désir, nous l’avons dit, traduit un manque. Je désire toujours ce que je n’ai pas, ce qu’il me manque (ou ce qu’il me semble qu’il me manque). Et dès que l’objet du désir est acquis, le désir ne s’éteint pas, mais se transforme en un autre désir, c’est ce que dit Lacan : « Le désir est inextinguible. ». Si bien que nous désirons sans cesse. Mais si nous avions tout, nous ne désirerions plus rien (et donc...). L’Homme désirant sans cesse, il a donc un manque, et est misérable (plan mal structuré). C’est un éternel insatisfait. On peut alors dire que le désir est la marque de la misère de l’Homme. Ainsi, c’est parce que l’Homme n’a que la Terre, donc rien par rapport à ce qu’offre l’univers, qu’il s’est mis à désirer la Lune. Il y a ici la dimension de désir d’autrui à prendre en compte. En effet, si je me rends compte que l’autre a plus que moi, je vais considérer que je n’ai alors rien par rapport à lui, donc être misérable, et je vais envier l’autre, et désirer ce qu’il a.
Plus encore, pour Sartre, l’Homme ne peut désirer que parce qu’il n’est pas : tous ses désirs ne sont que des désirs d’être, donc de vivre. On voit bien ici, que si l’Homme n’est pas, alors il est misérable. Donc il désire être ! (à voir. On peut alors être ce que l’on veut)
Mais le désir proviendrait aussi de l’interdit, en psychanalyse. L’Homme ayant des limites, de par sa nature d’animal politique, il n’est pas libre, et doit de se fait intégrer des interdits, créant ainsi dans l’inconscient des désirs, tendant vers des fantasmes. Or, ne pas être libre, c’est être misérable. Donc une fois de plus, le désir serait une marque de la misère de l’Homme. (Pas le désir, mais certaines formes de désir)
Dans le Banquet, de Platon, Socrate nous définit le Désir comme une entité intermédiaire. Il a hérité de la nature de sa mère, la pauvreté, Pénia. Il est donc issue de la misère en personne, mais cela en fait-il pour autant une marque de cette misère ?
Eros, le désir, est aussi le fils de Poros, l’opulence, ce qui le pousse vers cette richesse qu’a son père. Ainsi, le désir ne proviendrait pas seulement de la misère, mais tendrait aussi vers la richesse.
C’est dans ce sens que Spinoza défini le désir non comme le produit d’un manque, mais comme le moteur visant à produire l’objet désiré. Il est une énergie positive faisant avancer l’Homme. Il est donc producteur de richesse. Et ce n’est pas l’objet désiré qui est richesse, mais notamment les moyens que l’on mettra à notre disposition pour atteindre cet objet. Pour reprendre l’exemple de la Lune, l’Homme a inventé de nombreuses trouvailles pour y accéder. Et comme le désir renaît sans cesse, une fois la Lune atteinte, l’Homme a cherché à améliorer ses inventions pour atteindre par exemple Mars, et ainsi de suite. Le désir est donc le moteur de l’être humain (oui !), ce qui le pousse à avancer, vers un devenir. Désirer, c’est vouloir vivre (oui !). Et vivre, c’est avoir un devenir. Le désir est donc ce qui nous pousse vers notre devenir parce qu’il est justement désir de vivre. « Tout désir, même celui de parler, est désir de vivre » nous dit l’écrivain Hubert Aquin. On pourrait aussi citer Diderot qui nous dit que « le désir ne naît pas de la volonté, mais la volonté naît du désir », ainsi il exprime que le désir est ce qui engendre l’action, la recherche, qui nous fait évoluer (oui !). Le désir fait donc la richesse de l’Homme, et est inhérent à celui ci, étant donné que l’Homme est par nature un être qui cherche à évoluer, puisqu’il pense, et qu’il a conscience de lui-même.
Le désir est aussi richesse de l’imagination, car ce qui l’engendre, c’est le plaisir que l’on cherche. Et le désir procure du plaisir, tant dans son accomplissement que dans sa finalité. L’imagination est fertile pour trouver tout moyen au plaisir. Et comme le désir même amène du plaisir, on en vient alors à désirer non plus l’objet du désir, mais le désir lui même (Nietzsche), on en vient donc à vouloir, dans l’absolu, évoluer, parce que cela nous procure du plaisir. Et l’évolution fait la richesse. Donc, « nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses » [Pascal], cause de la fertilité de notre imagination. (Oui !)
Ainsi, le désir, bien que marque de notre misère, nous est aussi indispensable car il nous apporte la richesse. Mais cette richesse n’est pas toujours perçue par tous, ne profite pas toujours à tous, et de là naît aussi un nouveau désir de l’autre. A force de désirer, l’être humain réalise qu’il n’est pas heureux, vu que le désir est la marque de sa misère. Et pourtant, le désir de l’Homme est avant tout le bonheur. Donc, le désir vient de la misère, et apporte richesse à l’Homme tout en pouvant le rendre malheureux du fait même de l’immortalité de son désir. Dans la notion de désir humain, il y a la notion du « toujours plus ». C’est ce qui nous fait avancer, mais nous rend aussi malheureux, d’où les épicuriens et les stoïciens qui disent qu’il faut savoir se contenter ou adapter nos désirs, afin d’être heureux. Le désir s’inscrit donc dans le système suivant, en intermédiaire, sortant l’être humain de sa misère pour l’y replonger et sans cesse le faire surmonter les épreuves : la misère engendre le désir, le désir engendre la richesse qui fait le bonheur des uns et le malheur des autres qui développent alors le désir d’autrui, ce qui implique qu’ils ont un manque, et donc qu’ils sont misérables. Or la misère engendre le désir… etc. Ainsi, le désir est un mouvement sans fin, qui meurt et renaît à la fois et pousse l’Homme toujours plus haut. C’est l’allégorie d’Eros, daïmon, c’est le cercle sans fin. Je désire quelque chose, qui une fois acquise ne me satisfait plus et entraîne un autre désir, faisant ainsi de moi un être misérable et riche à la fois.
Donc je tendrais à dire que oui, le désir est la marque de la misère de l’Homme vu qu’il faut se rendre compte d’un manque pour aspirer à autre chose. Mais il faut tout de même voir que cette misère n’est pas absolue, et que l’on peu tendre à un bonheur en transformant la vision de notre misère en quelque chose de positif. Mais quel que soit ce que fait / est / veut l’Homme, c’est le désir qui en est la source et le produit. L’Homme est donc un être désir. Nous sommes donc misérables, mais c’est cela qui fait notre richesse, grâce à l’intermédiaire désir. Tirer avantage de son état actuel, voilà bien l’intelligence de l’Homme, même si certains peuvent penser comme Ernest Renan, que « le désir d'un meilleur état est la source de tout le mal dans le monde », ce qui pose le problème de l’utilisation du désir.