La situation de la scène dans la pièce
Dans l’acte I : les femmes (La Comtesse et Suzanne) affirment « [avoir] besoin de Figaro ». Dans l’acte V : elles mettent au point une machination dans son dos, en comptant sur son ignorance à son sujet. Malheureusement, il en a vent et fait marcher son imagination.
Figaro a perdu son prestige et son importance au près de la gente féminine.
Propos sujets à dénonciation dans le monologue
• « O femmes, femmes » : certaine remise en cause de la prédominance masculine absolue.
• Naissance ne doit plus être synonyme de mérite
• Amertume de Figaro
I. La vie de Figaro, un échec ?
a) Une succession d’aventures
Ce monologue retrace la vie de Figaro de manière précise : ses origines inconnues semblent responsables de ses malheurs, car volé par des brigands. Or quand on a des origines inconnues ou une appartenance à une mauvaise famille, l’ascension sociale apparaît fortement compromise.
b) L’échec de Figaro dans sa quête de la jouissance personnelle
Sur le plan social et professionnel, sa vie est parsemée d’embûches et de frustration : il a fait des études de chimie, pharmacie et chirurgie, or il n’est que vétérinaire
ce qui est dévalorisant à l’époque.
Il est censuré lorsqu’il écrit une pièce de théâtre (ironie, accumulation et hyperbole soulignent sa déception). L'écriture d’un texte traitant du produit net l’emmène même droit à la prison. Son honnêteté, paradoxalement, le pousse en prison. Il y abandonne définitivement « espérance et liberté ». Son désir de carrière honnête semble définitivement repoussé.
La vie quotidienne de Figaro n’aura été que déceptions et rabaissement., et la vie personnelle de Figaro n’apparaît guère plus épanouie: la seule satisfaction réside en un mariage qui, lui aussi, lui semble fortement compromis en ce point de la pièce. Il est enfin privé de la connaissance de ses parents, et donc d’une éventuelle ascension sociale, mais en plus de l’amour de ses pairs.
c) L’autodérision de Figaro
L’ironie jalonne ce monologue : « il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits », « parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! » : ce ton convient parfaitement à aux torts qu’a causé la vie à Figaro en retour de ses nombreuses espérances.
L’autodérision mariée à son humour sont ses armes pour combattre ses échecs : « las d’attrister des bêtes malades […] me fusse-je mis une pierre au cou ! » Antithèse entre les études et les efforts réalisés, et le métier obtenu, ce qui entraine son découragement. L'autodérision est de ce fait saine et bienfaitrice : A chaque échec, Figaro rebondit… pour s’enfoncer encore plus, mais son ton d’autodérision lui permet de ne pas succomber à la dépression.
II. Une critique de la société
a) L’inégalité
Cette inégalité transparaît avant tout dans la naissance. On a la comparaison du destin de Figaro et de celui du comte, et la dévalorisation humoristique de la naissance : « vous qui vous êtes donnés la peine de naître », qui entraîne passivité, hiérarchie sociale préétablie et des positions fixées à l’avance. Le Comte est qualifié d’homme « assez ordinaire » alors que la considération générale fait que « parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie » : nouvelle antithèse. Figaro généralise sa situation. Le comte est généralisé aux « puissants ».
Figaro a dû déployer plus d’énergie qu’on a mis à gouverner toutes les Espagnes pendant cent ans pour survivre alors que le comte s’est juste donné la peine de naître. L’humour est l’arme de Figaro. Il est constamment mis en échec : il appartient à la foule obscure. Naître est la tâche du comte, exécuter celle de Figaro.
b) La censure
Une censure aveugle et dénuée de bon sens : Figaro, pour avoir écrit un traité d’économie (pensée traduction de véritables sentiments), va en prison. Figaro se moque des arguments avancés par la censure.
Une censure qui entretient les inégalités. A l’époque, tout ce qui concerne la pensée est l’objet du contrôle de l’état : régime de type totalitaire. La pièce du Mariage de Figaro, censurée durant quatre ans, représente, en plus du monologue de Figaro, le contrôle excessif de l’art et de la pensée, de la liberté d’expression.
Se suicider serait même préférable à faire du théâtre « me fussé-je mis une pierre au cou » car on ne peut ainsi plaire à tout le monde et on s’expose ainsi aux mécontentements « ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant ».
Conclusion
Un des plus longs monologue français, qui narre la confrontation de l’expérience d’une vie avec les réalités d’une société. Malgré toutes ses difficultés, l’autodérision et l’amertume conduisent Figaro à reprendre courage et à ne pas désespérer.
À noter : Le monologue dans la pièce marque le moment de crise…