Introduction
Ce chapitre synthétise plusieurs grands sujets stendhaliens: l'isolement de Julien Sorel, son mépris des riches et le culte de Napoléon. A travers une brève perception de la nature, le lecteur assiste à l'élévation psychologique du héros pour qui la réussite est avant tout une revanche sociale.
Julien est désormais engagé comme précepteur des enfants de M. de Rênal. Quelques semaines ont passé et un jour Julien réalise qu'il vient de gagner une double victoire sur M. de Rênal : il a réussi à dissimuler un portrait de Napoléon dans sa chambre alors qu'il vit chez M. de Rênal, un royaliste ; il a réussi à obtenir une augmentation de salaire assez facilement, en exerçant un chantage sur Monsieur de Rênal. Pour faire le bilan de cette journée victorieuse, il prétexte un retour à Verrières pour aller marcher tout seul dans la nature.
"Pas une ligne pour le joli, pour le pittoresque, pour l'amusement. Toujours quelque chose, toujours de l’intérêt.»
Paul Léautaud, Journal Littéraire,
La structure : La structure du texte (élévation physique, montée de la montagne, regard sur les choses matérielles, nouvelle élévation psychologique en compagnie de l'épervier) est symétrique à celle du roman (élévation sociale et ambition, réussite sociale, sérénité retrouvée dans le lieu symbolique qu'est la prison).
Ce commentaire est axé sur : l’ascension du Julien Sorel (physique et psychologique) d’un côté et sur sa domination psychologique de l’autre.
I. L’élévation physique, associée aux idées de solitude héroïque et de mépris des riches
a) L’isolement
L’idée de solitude héroïque se concrétise surtout dans le syntagme « séparé de tous les hommes ». Tout concourt à dégager une information dominante: Julien Sorel est différent de son milieu. Il est seul dans le monde.
Le thème d'isolement est souvent associé à la présentation d'un lieu élevé. Ici il se trouve debout sur un roc immense. C'est à cinq ou six pieds du sol à cheval sur l'une des pièces de toiture dans la scierie de son père qu'on découvre Julien pour la première fois, lisant le Mémorial de Sainte-Hélène. C'est encore lors de son voyage chez son ami Fouqué, dans une grotte en haut d'une montagne que Julien éprouve le bonheur: "Julien resta dans cette grotte plus heureux qu'il ne l'avait était de la vie, agité par ses rêveries et par son bonheur de liberté." Enfin c'est dans cette grotte qu'il demande d'être en