Apollinaire, Le Guetteur mélancolique - Ô mon coeur

Fiche d'analyse sur la forme comme sur le fond, classiques au premier abord mais témoins d'une certaine modernité.

Dernière mise à jour : 15/09/2021 • Proposé par: zetud (élève)

Texte étudié

Ô mon coeur j'ai connu la triste et belle joie
D'être trahi d'amour et de l'aimer encore
Ô mon coeur mon orgueil je sais je suis le roi
Le roi que n'aime point la belle aux cheveux d'or

Rien n'a dit ma douleur à la belle qui dort
Pour moi je me sens fort mais j'ai pitié de toi
Ô mon coeur étonné triste jusqu'à la mort
J'ai promené ma rage en les soirs blancs et froids

Je suis un roi qui n'est pas sûr d'avoir du pain
Sans pleurer j'ai vu fuir mes rêves en déroute
Mes rêves aux yeux doux au visage poupin

Pour consoler ma gloire un vent a dit Ecoute
Elève-toi toujours. Ils te montrent la route
Les squelettes de doigts terminant les sapins

Apollinaire, Le Guetteur mélancolique - Ô mon coeur

Apollinaire est un poète d'origine polonaise, partisan d'une poésie libre comme en témoignent ses Calligrammes. Le sonnet “Ô mon coeur” est un poème de jeunesse. Les poèmes de cette époque sont regroupés sous le titre de Stavelot. Ce nom désigne une petite ville hollandaise où Apollinaire a séjourné avec sa mère et son frère en 1899. Il a 19 ans et tandis que sa mère cherche à faire fortune au casino, les deux frères sont laissés à eux-mêmes. C'est à cette même époque qu'Apollinaire aurait fait la connaissance d'une jeune hollandaise Mareye.
Dans “Ô mon coeur” Apollinaire reprend la forme traditionnelle du sonnet et le thème classique de l'Amour malheureux mais il parvient à modernise ce sujet très stéréotypé. La question que l'on peut alors se poser est de savoir quels sont les sentiments exprimés par Apollinaire. Pour y répondre, nous verrons, dans un premier temps que ce sonnet lyrique est traversé par des références aux contes merveilleux. Ensuite, nous montrerons les aspects complexes et modernes de ce poème.

Le sonnet est constitué de deux quatrains et de deux tercets qui forment un sizain. Les vers sont alexandrains. Dans les quatrains, les rîmes sont croisées et identiques mais inversées : Apollinaire joue avec la règle du sonnet (OI, OR, OI, OR > OR, OI, OR, OI). Dans le sizain, les rîmes sont désorganisées : on retrouve un mélange des structures croisée et embrassée (C D C D D C). Nous pouvons remarquer que le sonnet est divisé en parties. La première évoque l'Amour malheureux dans les trois premières strophes. La deuxième partie est regroupée dans la strophe 4 où il y a une rupture avec l'intervention d'un nouveau personnage : le vent qui est personnnifié.
Le lyrisme est présent dans le poème grâce à l'abondance du pronom “je” ainsi que toute les marques de la première personne (adjectif possessif “mon”) qui saturent le texte. La première personne désigne le poète mais la situation d'énonciation est particulière car il parle à son coeur c'est à dire à lui-même. L'expression lyrique anaphorique “Ô mon coeur” est répétée trois fois (vers 1, 3 et 7), ce qui montre qu'Apollinaire interpelle son coeur et ses sentiments. On peut parler d'un dédoublement introspectif, le poète éprouve de la compassion pour son propre coeur (“j'ai pitié de toi” vers 6). L'Amour malheureux est le thème traditionnel du lyrisme. Le poème semble marqué par le souvenir obsédant d'un amour perdu (“j'ai connu la triste...” vers 1). Le chagrin d'amour est exprimé au v

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