Introduction
Ce texte de Bergson, philosophe français de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle, traite de la conscience et montre que l'intensité de la conscience varie en fonction de nos actions.
En effet la conscience, qui conduit à la conception d'un sujet à part entière, capable de réfléchir, de penser sur lui-même et sur le monde, se manifeste-t-elle toujours de la même manière ? Si la conscience est toujours présupposée dans toute pensée et dans toute action, nous n'avons pas toujours conscience que nous pensons, que nous agissons, de telle sorte que les prises de conscience réelles sont rares. Ne sommes-nous pas conduits à concevoir plusieurs types de conscience ou en tout cas plusieurs de ses modalités ? C'est à ces questions que l'auteur répond dans ce texte. D'une manière plus générale, la conception bergsonienne de la conscience permettra de nous demander s'il n'y a pas un lien essentiel entre la conscience qui décide de l'avenir et la liberté voire la force d'une personnalité. Nous verrons que ce texte révèle la philosophie de Bergson en général, notamment sa conception de l'individu et de la durée.
Trois parties se dégagent de ce texte : la première, qui va du début jusqu'à «la conscience que nous en avons diminue et disparaît» (1. 5), démontre la disparition de la conscience dans les actions automatiques. La deuxième, qui se termine par «notre avenir sera ce que nous l'aurons fait ? » (1. 7) indique à l'inverse que l'intensité de notre conscience est à son apogée lorsque nous devons choisir, décider de notre avenir. La dernière partie conclut sur les variations d'intensité de la conscience.
I. Explication du texte
A) Première partie
Bergson commence par une question : c'est un moyen rhétorique pour amener le lecteur à s'interroger lui-même. La réponse est une conclusion, avant la démonstration, qui sera donnée par l'intermédiaire d'un exemple. On conclut immédiatement de ces deux premières phrases que la spontanéité d'une action suppose la conscience tandis que l'action automatique implique sa disparition. Cependant le verbe cessé ne nous met pas en présence de deux types d'actions mais d'un passage continu, graduel entre ces deux actions.
Que signifie ce passage ? L'action est spontanée lorsqu'elle émane de nous-mêmes, lorsque nous en sommes l'auteur, la cause immédiate. L'action est automatique lorsqu'elle s'accomplit d'elle-même, lorsque l'auteur ne maîtrise ni la cause ni le d