Ceci est une scène d'exposition traditionnelle: un personnage face à son confident, ce qui est propice à donner les informations nécessaires à la compréhension. On nous parle ici de l'obsession d'Arnolphe. Il y fait une description de la femme idéale : stéréotypée, malléable, sans existence. Chrysalde, le confident, essaie de montrer les failles de son plan.
I. Une scène d'exposition traditionnelle
a) Agnès
• 104: « une laide » : pronom indéfini, il parle ici de la femme en général, pas d'Agnès précisément.
• 102: « savoir prier Dieu... »: réduite à un stéréotype, aux attributs les plus communs :
- avoir la foie « prier Dieu » = fidélité et soumission
- « m'aimer » = exister pour l'autre, donner mais ne pas recevoir
- « coudre et filer » = clichés, la femme est réduite aux tâches ménagères
Négation ici de la personnalité d'Agnès, qui doit être au service de son mari.
• 103-105: « j'aimerai mieux une laide... »: phrase comparative. Il privilégie la laideur et la sottise à la beauté et l'intelligence. Ceci est un paradoxe d'Arnolphe, son choix n'est pas normal.
• Rime « bête/honnête » de Chrysalde qui résume la définition idéale de la femme selon Arnolphe (elle est honnête parce qu'elle est bête)
• « innocence » : négatif, car dans le sens de ne pas nuire, ne pas tromper.
• Champ lexical de la bêtise, et de la nature: Arnolphe veut laisser Agnés dans son état primitif, de naissance et ne pas l'éduquer. Il vaut qu'elle soit bête, ignorante. Cela est contre-nature car différent d'une éducation normale où la personne évolue.
• 129-130: « doux et posé » : stéréotype de la petite fille sage et de la femme soumise.
• Rime 159-160 « admire/rire »: antithèse car on ne doit pas faire rire par le ridicule, ce qui est le cas pour Agnès (on se moque d'elle car elle est ignorante). Mélange des genres car origine comique, mais involontaire donc cela devient tragique et pathétique.
• Point de vue de Chrysalde: champ lexical de la bêtise associé à Arnolphe, ce qui montre qu'il a du bon sens et ne pense pas la même chose que son maître. Il contredit Arnolphe (rime « bête/honnête ») et fait une prophétie = parce qu'Agnès est bête, elle va devenir malhonnête. Ce qui est prouvé dans la suite de la pièce, où finalement, c'est Arnolphe qui est trompé.
b) Arnolphe
• 103: « marotte » = obsession: Il est obsessionnel, il veut avoir une femme stupide pour exercer son pouvoir.
• 122: « rien persuadé du tout » : négation hyperbolique qui montre qu'il est catégorique et fermé d'esprit, buté. Chrysalde confirme cet état en disant « je ne vous dit mot » (il est obligé de se taire).
• 123: « méthode »: champ lexical de la science attribué aux sentiments, ce qui est impossible.
Échec d'Arnolphe, car il a une approche scientifique et est trop confiant en l'amour. Il s'emprisonne lui-même.
• 124: « je veux suivre... » : pronom personnel de la première personne. Il est égocentrique. Le verbe vouloir (marque de la volonté) est associé à « je ». Présence massive du « je »: il contrôle tout.
• 125-126: champ lexical de la soumission, hyperboles « pleine dépendance » : pouvoir absolu sur Agnès. Il est un tyran.
• 131: charité qui dissimule la tyrannie: illusion, image éronnée de lui-même. Cela est donc comique.
Le personnage extravagant est avec une lubie incarnée en Agnès. Il est tragique et pathétique car il souffre et est désespéré. Il est un mélange des genres.
II. La mise ne place du thème de la pièce : méthode pédagogique d'Arnolphe
a) L'objectif d'Arnolphe, son projet
• 136-142: « ma politique » : pronoms personnels de la première personne : il centre tout sur lui
• Champ lexical de la domination: « ordonnant » : il a le pouvoir.
• 127: il veut prendre une fille pauvre (« plaine dépendance ») pour qu'elle ait une dette envers lui. Il veut dominer par l'argent.
• « femme stupide » : domination intellectuelle, il conserve Agnès dans sa nature première.
b) Méthode mise en place pour y arriver est contre-nature
• 148: « aussi simples qu'elle »: l'enfermer avec des valets bêtes, pour la priver de connaissances, ne pas lui donner d'éducation. Cela est contre-nature car artificiel.
• 130: antithèse « amour/4 ans » : on n'aime pas une fillette d'amour.
• 133: antithèse « plaisir/charge » : une mère ne peut pas être contente de se débarrasser de son enfant. C'est contre-nature.
• 137-138: antithèse « soin/idiote » : il veut se donner du mal pour la rendre idiote au lieu de la rendre intelligente. Là encore c'est contre-nature.
• 135-145: « loin de toute pratique », « à l'écart » : contre-nature d'enfermer quelqu'un. Il y a nécessité de socialisation dans une éducation normale.
• Résultat: 162-164 : Agnès aborde le sexe sans le savoir et est donc ridiculisée.
Conclusion
Scène d'exposition car elle présente les personnages, l'intrigue, les enjeux (méthode et échec de cette méthode). Elle intrigue de lecteur et créée une dynamique de lecture car le lecteur est curieux de voir Agnès. Cela développe son attention, il est captif. Dénonciation par Molière de l'autorité absolue du pater familias. Conception de l'éducation d'Arnolphe contre-nature car Agnès est dénaturée, pervertie et soumise. Mise en place d'une pièce d'apprentissage car annonce de l'évolution d'Agnès (=isolement et ignorance vont se retourner contre Arnolphe).