L’homme est le seul être vivant qui a une conscience pour éprouver, désirer, vouloir, et se rendre compte de son ignorance dans ses domaines. La conscience apparaît comme la condition nécessaire et préalable de toute recherche de sens et de vérité. La connaissance de soi semble être une évidence au premier abord car elle est la donnée la plus immédiate qui soit. Ainsi quand je dis : « J’ai chaud », je prends conscience qu’il fait chaud. Mais parfois certains de nos actes, par leur incohérence nous étonnent nous-même. Il est dons légitime de se demander si je suis le mieux placé pour savoir qui je suis ? Si je suis ce que j’ai conscience d’être ? Le terme « le mieux placé » implique plusieurs personnes. Nous verrons donc tout d’abord que c’est nous même qui sommes le mieux placé pour nous connaître, et ensuite nous verrons que ce n’est qu’autrui qui est capable de savoir qui l’on est vraiment.
Tout d’abord, n peut penser comme Merleau-Ponty, que autrui ne me perçoit que comme un comportement. Il perçoit par exemple mon deuil, ma colère ou bien ma joie, dans ma conduite, sur mon visage. Les autre en tant que conscience ont aussi un point de vue, mais limité car ils n’ont pas accès a notre être intérieur mais à ce que nous laissons paraître de manière consciente ou non car nous leur apparaissons dans notre regard, notre comportement, nos paroles.
Ensuite, tout comme Kant, on peut considérer le « Je » comme conscience de soi. Le « Je », sujet, désigne la conscience de soi, principe actif qui totalise, qu synthétise nos diverses représentations. Malgré les changements qui peuvent survenir, nous restons une même et seule personne par l’unité de la conscience de soi, spectatrice d’elle-même.
De plus Hegel nous propose de manière de prendre conscience de soi, et donc de se connaître. La première manière est l’introspection, pour nous connaître nous cherchons à nous représenter à nous même en observant nos pensées, nos sentiments. Cette prise de conscience théorique s’opère par la réflexion, mais elle est subjective. La seconde manière s’opère par la pratique, par une activité formatrice ou transformatrice, la conscience se reconnaît dans son œuvre qui est comme un miroir d’elle-même. On découvre qui l’on est, on se reconnaît en observant ce que l’on fait.
Enfin, grâce à notre conscience on sait que l’on existe. Le cogito de Descartes, « Je pense donc j suis », illustre cette idée. Descartes pose la conscience au fondement de toute connaissance possible. C’est l’idéalisme subjectif, où le sujet pensant est au fondement de toute représentation ou connaissance. Descartes instaure également le dualisme, c’est à dire, la différence radical de la pensée, l’esprit et la matière, le corps. Pour lui la pensée est plus aisée à connaître que le corps, car elle peur se saisir directement. « Par le non de pensée j’entends tout ce qui est en nous de tel sorte que nous en soyons immédiatement conscient »Decartes
On peut considérer que l’homme ne se connaît pas assez pour savoir qui il est vraiment. D’ailleurs Socrate remarqua une inscription sur le temple de Delphes, « Connais-toi toi même ». Cette devise delphique, désormais attribuée de Socrate, n’est pas un encouragement à une connaissance psychologique de soi mais un rappel à l’ordre. Le « connais-toi » socratique est une recherche de l’universel dans le but d’atteindre une règle de sagesse. Pour lui, se connaître soi-même est synonyme de sagesse. Or nous avons un sentiment invincible de nous mêmes que nous mettons rarement en doute. La connaissance de soi semble impossible étant donné que nous sommes en constante évolution dans le temps et nous ne pouvons pas avoir de jugement objectif sur la connaissance de soi.
De plus Spinoza nous dit que quand l’homme a une volonté ce n’est pas la conscience qui parle, mais c’est un désir du corps, donc c’est le corps qui parle et là, l’homme agit inconsciemment, sans réfléchir, il tombe au premier niveau d’existence où les choses ne sont pas capables de penser, donc dans une situation comme celle là, l’homme va manquer d’esprit et il s’identifie plus donc. C’est autrui qui va devoir le ramener à la réalité en lui montrant ce qu’il est réellement.
Ensuite, n’est ce pas une illusion que de croire que nous nous connaissons ? L’illusion est au cœur d’un problème humain car elle peut être source d’erreurs. Il se peut que nous ne nous voyons pas tel que nous sommes, mais tel que l’on voudrait être. Nous prenons parfois nos désirs, les images qui nous combleraient nos désirs, pour la réalité. Ne disons nous pas souvent à nous même et à autrui, qu’il ne faut pas prendre nos désirs pour la réalité ?
Pour Sartre toute connaissance de soi passe par la reconnaissance des autres. Ainsi, quand on est seul, on adhère à nos gestes, on les vit sans distances. On ne se sent pas vulgaire tout seul, alors qu’en présence d’autrui, nous nous sentons objectivé, parfois figé dans des attitudes peu délicates. Pour lui nous avons besoin d’autrui pour prendre pleinement conscience de soi, « Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même »Sartre. Autrui n’est pas seulement celui qui nous fige et nous aliène par son regard et son jugement, mais il nous permet d’obtenir une vérité sur nous même. Seul, on ne peut pas se forger une représentation objective de ses qualités, ce sont les autres qui seront le révélateur qui nous fera découvrir ce que je suis de leur point de vue extérieur. Nous avons besoin des autres pour savoir que nous existons et pour nous connaître dans toutes les structures de nos êtres.
Entre notre point de vue sur nous même et celui d’autrui, lequel est le meilleur ? Se connaître soi-même pose plusieurs problèmes. La connaissance de soi est donc difficile à atteindre du fait des relations entre la conscience et l’inconscience. Néanmoins elle est possible, car nul homme ne doit y renoncer. Il en va de son humanité. C’est pourquoi il faut un juste milieu, ne pas être trop rapproché, ni trop éloigné, pour avoir une bonne connaissance de nous mêmes. Il en est de même pour les autres. Ils doivent trouver une bonne distance pour nous connaître. Le mieux n’est jamais le parfait mais ne dessine-t-il pas la tâche vis a vis de nous même qui est d’apprendre à se connaître ?