Ce roman a été écrit au 17e siècle mais la scène se passe au 16e siècle à la cour d'Henry II. C'est un des premiers romans psychologiques : cela nous montre l'histoire de Mlle de Chartres, qui a rencontré le Prince de Clèves qui tombe éperdument amoureux d'elle mais cette dernière ne l'aime pas. Ils se sont épousés.
Elle va faire la rencontre du Duc de Nemours, très belle homme et Don Juan. Tout le monde est sûr que Mme de Clèves va tomber sous le charme du duc mais ayant eu une éducation très sévère et étant épouse, elle s'abstiendra. Cette scène, situé au Louvres, célèbre les fiançailles de la fille du roi Claude de France avec un prince de Lorraine. M. de Nemours et Mme de Clèves vont tomber amoureux.
On étudiera successivement le coup de foudre des 2 personnages : d'abord, la princesse puis le duc et pour terminer le cadre (la cour).
I. Le coup de foudre de Mme de Clèves
a) L'attente
Mme de Clèves a été préparé à cette rencontre puisque tout le monde lui a déjà parlé du duc.
l.1 : elle « avait ouï parler de ce prince à tout le monde ».
On lui en parle de façon élogieuse. Deux superlatifs sont utilisés :
l.2 : « ce qu'il y avait de mieux fait et de plus agréable »
Mme la Dauphine, en particulier, lui en parle avec insistance
l.3 : « lui avait dépeint d'une sorte, et lui en avait parlé tant de fois »
La dauphine est aussi amoureuse du duc.
Mme de Clèves attend donc cette rencontre, elle a de la curiosité et même de l'impatience pour ce belle homme. Son esprit a déjà travaillé pour la rencontre.
b) Les préparatifs
Elle met beaucoup de temps à se préparer :
l.5 : « elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer »
Elle le fait bien sûr pour la cour, l'occasion mais on peut penser aussi qu'elle le fait parce qu'elle va rencontrer un homme : c'est inconsciemment qu'elle s'est préparé ainsi.
l.7 : « l'on admira sa beauté et sa parure »
c) La rencontre au bal
La fête commence et il va se faire attendre : il se fait désirer. Cette attente accroît l'impatience de la princesse.
Tout de suite, elle reconnaît M. de Nemours.
l.12 : elle « vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que M. de Nemours »
Malgré tous les préparatifs, elle éprouve quand même de l'admiration pour lui.
l.14-15 : « qu'il était difficile de n'être pas surpris de le voir quand on ne l'avait jamais vu »
Lui est très soigné également.
l.16 : « l'air brillant qui était dans sa personne »
Elle commence donc à l'admirer pour sa beauté physique puis elle fait preuve d'admiration intellectuelle : la finesse de la répartie.
M. de Nemours veut éviter que Mme de Clèves réponde, en répondant à sa place. Elle éprouve aussi de la confusion. La Dauphine insiste et Mme de Clèves est embarrassé.
l.32 : « je vous assure, Mme, reprit Mme de Clèves, qui paraissait un peu embarrassée »
II. Le coup de foudre de M. de Nemours
a) Surprise et admiration
On ne nous parle pas de l'attente de M. de Nemours. Il est sur le point de se marier avec Elisabeth d'Angleterre. Lui aussi est surpris devant la beauté de Mme de Clèves. C'est une surprise normale.
l.17 : « il était aussi difficile de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement »
Malgré son expérience de séducteur car il a l'habitude de rencontrer de jolis femmes, il est frappé par la beauté de Mme de Clèves.
l.20 : « il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration »
M. de Nemours ne voit pas autre chose que Mme de Clèves
l.39 : « mais, de tout le soir, il ne put admirer que Mme de Clèves »
b) La galanterie et la délicatesse
Il va éviter de lui répondre.
l.28 : « Mme de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis »
Il fait preuve de modestie, d'humilité et de galanterie.
Il est très fin, il sait le piège que l'on tend à Mme de Clèves. Il est plein de tact et est subtile.
c) La symétrie avec Mme de Clèves
Mme de La Fayette insiste bien sur le parallèle sur les 2 personnages.
Tous les deux ont pris grand soin de leur toilette : c'est en grande partie dû à la circonstance. Ils sont beaux et de grande noblesse ; ils appartiennent au même milieu, celui de la cour.
Ils éprouvent la même réaction quand ils sont confrontés l'un à l'autre.
La danse est un facteur d'harmonie supplémentaire.
Mme de La Fayette insiste sur une différence de comportement : on le voit arriver précipitamment, plus tard que les autres et bruyamment.
l.13 : « qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait ».
Quand on les interroge, c'est lui qui prend l'initiative de répondre.
Mme de Clèves est plus pudique, plus réservé. La femme est plus réservé que l'homme.
III. Le rôle de la cour
L'entourage a une importance déterminante dans cette rencontre.
a) Un cadre exceptionnel
Nous sommes à la cour du roi et le jour des fiancées de la fille du roi : c'est une situation brillante, un cadre et une circonstance exceptionnel.
On a des personnages célèbres : on a Mary Stuart, la Baronne, le roi, le reine, Catherine de Médicis, M. de Nemours et le duc de Guise.
C'est un véritable roman historique.
Les hommes et les femmes sont habillés de façon éclatante.
l.38 : « cette princesse était d'une parfaite beauté » : la beauté de la dauphine
Le cadre est très raffiné. Ce qui va favoriser la rencontre, c'est la danse car on change de cavalier et on danse sans se connaître. L'ambiance est féerique.
Tout de suite, on a une réaction d'admiration de l'entourage face au couple.
l.22 : « il s'éleva dans la salle un murmure de louanges »
b) Rôle du roi, de la Reine et de la Dauphine
La Dauphine est déjà intervenu avec Mme de Clèves à propos de M. de Nemours. Le roi lui donne l'ordre de danser avec le duc.
l.11 : « il lui cria de prendre celui qui arrivait »
l.22-27 : on va voir l'étonnement de l'entourage constatant qu'ils dansent ensemble sans se connaître.
La volonté de les mettre dans l'embarras est le rôle de l'entourage.
l.26 : « leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient et s'ils ne s'en doutaient point »
Le piège est alors tendu.
l.25 : « sans leur donner le loisir de parler à personne ».
l'ambiance est feutrée et embarrassante. Le comportement de madame la Dauphine est malicieux puisqu'elle veut obliger Mme de Clèves à répondre.
l.31 : « je cois qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien ».
l.33 : « vous devinez fort bien »
Elle insiste donc à 2 reprises pour faire avouer à Mme de Clèves qu'elle l'a reconnu.
Elle va donner le sens du refus de parler de Mme de Clèves.
Il y a un jeu de rivalité, de commérage, de perversité. C'est un jeu pour eux de voir ça. Elle est belle, mariée et gênée. Vont-ils réussir à les unir ?
Conclusion
Ce texte est très célèbre car il révèle une grande finesse psychologique. C'est un double coup de foudre qui met en lumière l'esprit qui régnait à la cour. L'auteur fait preuve d'une grande lucidité, de recherche et de simplicité à la fois. Ce coup de foudre fait écho à un autre coup de foudre : celui que le prince de Clèves à éprouver pour Mlle de Chartres quand il la rencontrait dans une bijouterie mais cette amour est à sens unique.