Nous sommes en présence d’un paradoxe : l’activité de penser, qui inclut toute activité intellectuelle et qui est propre à l’homme en ceci qu’elle nous différencie de l’animal qui lui vit uniquement par instinct, serait opposé au concept de bonheur c'est-à-dire de plaisir durable. Il s’agit ici de savoir s’il est nécessaire de s’empêcher de penser pour parvenir à être heureux. Il peut paraître évident que penser en toute circonstance peut nuire au bonheur en empêchant son accomplissement par l’exercice continu de la pensée. Cependant il semble difficile et même impossible de vivre sans penser ce qui conduirait à vivre comme des « imbéciles heureux » et à renoncer en quelque sorte à notre humanité. Faut-il dans ces conditions s’abstenir de penser pour être heureux ? Cette contrainte soulève bien des interrogations : Pourquoi penser empêcherait le bonheur ? Quelles seraient les conséquences de l’absence de pensées ? Ne peut-on pas malgré tout concilier le bonheur et l’exercice de la pensée ?
I. Penser empêcherait le bonheur
S’il faut s’abstenir de penser pour être heureux cela sous-entend qu’il n’y a pas de bonheur intelligent et que pour atteindre le bonheur il faut demeurer dans l’ignorance et l’inconscience. Mais pourquoi être dans un tel état conduirait au bonheur ?
La première réponse qui me vient à l’esprit est que penser sans cesse peut empêcher d’atteindre le bonheur car la pensée inclut la concentration et la réflexion et ainsi empêche la distraction et peu compromettre à plus long terme le bonheur. Ainsi comment parvenir à être heureux après la mort d’un proche si en pensant sans arrêt à ce décès nous ne pouvons divertir la pensée et avons toujours en tête ce fait. Mais se distraire l’esprit pour espérer atteindre le bonheur est-ce la bonne solution ? Ne serait-ce pas se berner soi-même, ce qui au final aura un effet néfaste sur la personne ? Si nous prenons le même exemple du décès, une personne préférant ne pas penser et se distraire l’esprit pour ne pas souffrir de la mort du proche ne fera pas son deuil et au final sera vraisemblablement très malheureuse à cause de ce refus d’accepter la réalité, il existe en effet de nombreux cas d’individus ayant refusé d’accepter la mort préférant penser à autre chose et qui des années après n’ont toujours pas admis la mort de la personne.
Ensuite il m’apparaît un autre aspect qui est que penser mène à la connaissance de la vérité ce qui peut en effet nuire à la quête du bonheur.