Au cours des étapes de l'évolution de l'homme, le stade de l'Homo habilis se caractérise par son habileté à pouvoir utiliser des outils qu'il a lui-même créés afin de pouvoir agir sur son environnement et y évoluer. Il a ainsi appris entre autres, à maîtriser le feu et à se doter des moyens pour l'exploiter, grâce à une représentation mentale de l'action, c'est-à-dire lorsqu'il a commencé à raisonner pour établir une relation de cause à effet en vue de la réalisation d'une fin, le feu.
Au moment où il a alors commencé à raisonner, l'homme a ainsi commencé à constituer sa propre humanité. En effet, par l'élaboration de techniques telle que la maîtrise du feu, il s'est progressivement émancipé de la soumission à la nature, si bien qu'il n'est pas la nature, comme les animaux, mais dans la nature. Une telle prise de recul lui a ainsi permis de réaliser l'existence du monde extérieur réel en prenant conscience qu'il était dans ce monde qu'il s'efforce de comprendre et de connaître à travers la science. Cet effort continu au fil de l'évolution de l'homme et des siècles tendra à rapprocher l'homme du statut de "maître et possesseur de la nature" comme l'a mis en évidence Descartes.
En effet, selon lui, le progrès des techniques et de la science doit chercher la maîtrise du réel parce que l'homme s'oriente vers un bien, attitude scientiste qui assure une légitimité totale au progrès technique. Pourtant, quatre siècles plus tard, les techniques actuelles ont acquis une puissance qui les a rendues capables de détruire toute forme de vie. On semble bien loin de l'idéal de Descartes, la tendance apparaît au contraire inversée. D'où résulte cet état de fait ? Quels rapports entre la science et la technique suggèrent le problème de la légitimité ? Si lorsque la technique vise la science, on peut la légitimer, la relation inverse pose un problème à ce niveau là qu'il convient de résoudre.
I. En quoi peut-on légitimer la technique si elle dépend la science ?
Le sujet amène à s'interroger sur la nature des rapports entre science et technique, et notamment sur la conformité de cette nature par rapport au droit. Si l'on peut définir la science comme l'activité ayant pour but de connaître le réel, et ce en recherchant les lois qui régissent les rapports entre les objets qu'elle considère, elle nécessite donc des moyens : la technique. En effet, la technique rassemble les procédés définis, c'est-à-dire qui ne sont pas soumis au hasard, et transmissibles,