Introduction
L’apparence est désignée comme l’aspect extérieur d’une chose, la façon dont elle se manifeste à nous. La distinction entre apparence et réalité suppose que l’homme soit parvenu à la science et ait déterminé le statut de ce qui appartient aux impressions : il y a ce que l’ont perçoit et ce qui est ; or ce qui est d’abord dans le sens ou dans les idées : je ne conclus à la réalité de quelque chose que parce que j’en ai d’abord eu l’impression. Il y a ici un problème : si la réalité est en premier lieu donnée par la perception, comment peut-on distinguer réalité et apparence et comment passer de l’un à l’autre ? Et si la réalité était en faite une apparence persistance et cohérente… Les apparences peuvent elles tromper comme elles peuvent manifester ce qui est, semble t-il ? Est-ce l’apparence qui nous trompe et les apparences sont-elles toujours trompeuses ?
La référence à l’apparence est bien souvent péjorative, aussi bien dans l’usage ordinaire que dans l’emploi philosophique du terme. Les apparences ne donneraient à voir des choses ou des êtres qu’une sorte de surface peu conforme à ce qu’ils sont au fond, ou en « réalité ». Le caractère facilement trompeur de l’apparence nous éloigne de la vérité (ex : illusions d’optique).
On peut de plus faire appel à Platon : Il imagine des prisonniers enchainés au fond d’une caverne sombre ; cette caverne symbolise le monde sensible, celui dans lequel nous vivons ; les prisonniers, c’est nous. Platon " montre " que les sons répercutés par les murs de la caverne seraient pris pour les voix des ombres. Ces prisonniers prennent donc pour le réel ce qui n’est que le reflet d’une image. Ils sont dans l’illusion totale. C’est pourquoi le monde sensible est appelé " le monde des apparences " : c’est le domaine de l’illusion. Nous croyons connaître, veut nous dire Platon, le monde tel qu’il est vraiment, mais en fait, nous n’avons accès qu’à son apparence. On peut donc conclure de cette allégorie que d’après certains le savoir véritable disqualifie la perception (et donc il discrédite le pouvoir de l’apparence dans la quête de vérité) ; il évoque aussi le fait que le monde « sensible » dans lequel nous vivons est ainsi peuplé de copies infidèles aux véritables réalités : les idées, le monde « intelligible ».
A son tour Descartes affirmera que pour parvenir à la vérité et pour atteindre l’essence des choses, il convient de se fier à sa raison, seule capable de connaitre ce qui constitue la vraie nature des choses.
Enfin, on peut se demander si la perception elle même peut être erronée, en effet admettons par exemple que l’on plonge la main dans un bain d’eau tiède, si auparavant on a plongé cette dernière dans un récipient gelé alors le liquide tiède nous paraitra chaud et inversement : il n’y a pas d’exactitude possible dans l’appréciation. La perception n’est ni vraie ni fausse elle est ce qu’elle ait et ne vaut rien en matière de vérité.
Il y a donc bel et bien une illusion des apparences : on confond les images avec les choses qu’elles représentent ; et on confond les sensations avec ce que l’on croit percevoir.
Néanmoins cette première partie peut apparaître comme erronée dans la mesure où nous ne corrigeons les sens qu’au moyen des sens eux même : autrement dit ce ne sont pas vraiment les apparences livrées par les sens qui sont trompeuses mais plutôt le crédit que nous accordons à ces apparences, c'est-à-dire l’interprétation de la réalité que nous faisons en donnant un sens mauvais à ce que nous sentons.
(On peut ici encore citer le mythe de la caverne, des objets, les captifs ne voient que l’ombre projetée par le feu sur le fond de la caverne. De même, ils n’entendent que les échos des paroles qu’échangent les porteurs. Habitués depuis leur naissance à contempler ces vaines images, à écouter ces sons confus dont ils ignorent l’origine, ils vivent dans un monde de fantômes qu’ils prennent pour des réalités.)
Les prisonniers se ne méprennent donc non pas des apparences mais ils échouent dans l’interprétation qu’ils en font.
La question n’est donc plus de savoir jusqu’à quel point il faut se méfier des apparences : trompeuses ou non, l’expérience que nous en avons constitue de fait notre première voie d’accès à ce que sont les choses. D’après certains philosophes, c’est parce que toute conscience vise le monde tel qui lui apparait que l’expérience est possible et pet conduire le sujet à la connaissance des structure constitutives du monde objectif.
On peut maintenant se demander si les apparences ne peuvent tout de même pas nous permette d’accéder à une certaine forme de vérité. On peut en effet penser que l’apparence fait aussi partie d’une vérité, on ne peut continuellement sacrifier les apparences pour ne garder que la nature de la chose.
En effet l’apparence est aussi une des manifestations de la réalité, Le seul moyen dont je dispose pour me faire une idée de ce qui m'entoure, c'est de regarder, d'écouter, de sentir (avec la main), de humer (avec le nez) et de goûter (avec la bouche). Bien sûr, ce faisant, je peux me tromper mais il m’arrive d’en tirer des conclusions que la raison et que la démonstration soutienne.
Ma raison ne m'apprend rien sur les choses: elle ne me renseigne sur la validité de l'information que je crois détenir grâce aux messages sensoriels.
L’apparence est donc bel et bien un moyen de parvenir à la vérité ; une vérité certes bien différente de celle apporté par le raisonnement et les idées mais une vérité tout de même indéniable.
Conclusion
L’apparence ne reflète ni ne trahit aucun vrai, aucune essence; elle ne renvoie à rien d'autre qu'à elle-même. Ce qui, loin d'exclure du réel, en rapproche au contraire de manière décisive. En rendant sa valeur à l'apparence, le scepticisme ne nous livre pas au dénuement face aux choses. Il nous donne au contraire accès à celles-ci à l'écart des jugements affirmatifs ou négatifs qui nous forcent si souvent à distinguer, là où l'apparence ne distingue pas, à nier ce que l'apparence exhibe, à prétendre ce que l'apparence tait. La vérité se trouve alors avant le prédicat, là où l'apparence se donne à nous.