On pense habituellement que les lois civiles qui interdisent sont des limitations de notre liberté. Cependant, toutes les lois civiles sont-elles des interdictions ? Et certaines lois civiles ne protègent-elles pas notre liberté ? Par ailleurs, toutes les lois sont-elles imposées et subies ? En particulier, les lois morales ne permettent-elles pas aussi une liberté collective ? Enfin, les lois que l'on choisit soi-même ne sont-elles pas des conditions indispensables pour affirmer notre propre liberté ?
I. Les lois civiles ne s'opposent pas à toutes nos libertés
Les lois civiles sont des textes généraux qui organisent les rapports entre les membres d'une société. Elles constituent le droit positif, qui se présente, pour chacun, comme un ensemble d'interdictions et d'obligations.
a) La liberté civile contre la liberté naturelle
Les individus qui respectent le droit positif obtiennent une liberté civile, par laquelle les droits et les devoirs de chacun sont reconnus, Cette liberté civile est d'abord une limitation puisque chacun abandonne sa « liberté naturelle », afin de disposer d'une liberté encadrée par des lois civiles. Les lois civiles qui interdisent formulent des défenses pour chaque membre de la société. Elles évitent les abus et les excès de chacun, et sont aussi élaborées d'abord afin de permettre l'ordre public et la paix sociale. Selon Hobbes, dans la société civile, « chacun peut jouir en toute sécurité d'un droit limité ». Les lois civiles qui obligent, en imposant des devoirs à chaque citoyen, permettent à tous de profiter d'une liberté définie.
b) La constitution d'un Etat permise par la loi
Elles nous empêchent certes de faire ce que l'on veut, mais elles permettent aussi la constitution d'un Etat. Ces obligations civiles sont ainsi les conditions d'une construction d'un espace public, et elles sont gouvernées par un intérêt collectif. En obéissant aux lois, chacun se soumet à la volonté générale et n'obéit à personne en particulier. Et, chacun étant membre de cette collectivité, en obéissant à ces lois, chacun obéit aussi à soi-même. En respectant les lois civiles qui interdisent ou qui obligent, chacun n'est plus motivé par son seul intérêt particulier ou égoïste et participe à l'intérêt général. Si ces lois limitent la liberté individuelle, c'est pour rendre possible une liberté collective.
c) Les lois consacrent aussi des libertés
Enfin, certaines lois sont aussi des autorisations. Elles énoncent des droits pour chaque citoyen, comme la liberté d'expression ou le droit de vote. Ces droits sont instaurés par la législation de chaque pays et sont toujours limités : par exemple, la liberté d'expression n'est ainsi jamais infinie, mais elle est conditionnée par le respect de la vie privée ou par certaines déontologies professionnelles, tel que le secret médical pour les professionnels de la santé. La liberté d'expression tient compte également de certaines règles morales, comme les règles de politesse.
II. Les lois morales permettent d'affirmer notre liberté individuelle
a) La transmission des valeurs et des normes
Les lois morales, d'origine rationnelle, sont aussi des formules générales qui se présentent la plupart du temps sous la forme d'interdits ou d'obligations. Elles apparaissent d'abord comme des contraintes pour l'enfant : imposées par ses parents, elles le forcent à faire les choses d'une certaine manière, ou à faire certaines choses qui vont contre son seul plaisir. En contraignant l'enfant, les parents lui transmettent cependant aussi des repères et des valeurs familiales qui sont, plus généralement, d'origine sociale. Les parents transmettent ainsi à l'enfant des normes et des valeurs qu'ils ont reçus de leurs propres parents.
b) L'insertion sociale
Les lois morales permettent aussi l'éducation de l'enfant et son insertion sociale. Leur rôle est donc de fournir des règles de vie à l'enfant et de l'aider à structurer son comportement en collectivité. L'éducation est ainsi la formation de l'individu par l'acquisition de règles. Si les lois morales nous empêchent, c'est en nous autorisant pas à faire les choses n'importe comment, mais en nous proposant une manière « correcte » de nous conduire en société, L'acquisition des normes et des valeurs collectives permet à l'enfant de partager des règles avec les autres membres de la société.
c) La liberté morale
Enfin, l'autonomie, qui est la capacité de se donner à soi-même ses propres lois, permet aussi à l'individu d'être à l'origine de celles-ci. En se donnant ses propres lois, l'individu s'impose une discipline et fait preuve de liberté. Si l’individu s'oblige, il obéit ainsi qu'à lui-même et il affirme à travers son comportement, sa propre personnalité. Chacun choisissant ses propres lois, celles-ci ne sont plus des contraintes. Ces lois morales ne viennent pas en effet de l'extérieur et elles ne s'opposent pas à la liberté de chacun. Bien plus, les lois morales sont les conditions et le principe pour l'affirmation d'une liberté morale.
Conclusion
En conclusion, il faut donc souligner que les lois sont les conditions d'une liberté morale. En obéissant aux lois, les individus n'obéissent qu'à eux-mêmes. D'une part, les lois morales sont les garanties d'un respect par tous des libertés de chacun. D'autre part, c'est en se donnant à soi-même ses propres lois que l'individu devient vraiment libre.