"Le Dormeur du val" d’ Arthur Rimbaud est un poème emblématique du 19e siècle illustrant à la fois l’engagement politique et poétique d’un jeune ardennais sur la guerre et la mort. À travers des images poignantes particulièrement évocatrices, l’adolescent dépeint la violence singulière des conflits armés.
Problématique
Comment Rimbaud utilise-t-il dans son poème les images poétiques et les contrastes pour exprimer la tragédie de la guerre et la fragilité de la vie humaine ?
Plan du texte
Mouvement 1: les images d’une nature paisible (l.1 à 2)
Mouvement 2: une mort soudaine (l.9 à 14)
I. Les images d’une nature paisible
Vers 1
Il s’agit du début du poème qui est une description idyllique et paradisiaque de la nature, évoquant un sentiment de calme et de tranquillité. On perçoit une harmonie sonore. Le « où » est une prolepse qui fait allusion au soldat .
Vers 2
Le terme « accrochant » au participe présent et l’adverbe « follement » expriment le chaos.
Vers 3
« Luit » est un rejet qui rend la nature personnifiée, avec le soleil sujet et la montagne également personnifiée par l'adjectif « fière ».
Vers 4
La métaphore du val (vallée) moussant crée une atmosphère lumineuse qui renforce une image d’une nature luxuriante. Les mots « luit » ou « rayons » appartiennent au champ lexical de la luminosité.
Vers 5
La « bouche ouverte » indique l’endormissement (qui va devenir la mort plus tard). L'expression « tête nue » lui donne une allure innocente .
Vers 6
Le soldat se trouve au milieu, car « baignant », de la nature, évoqué par le « cresson ». Cela indique que le soldat est entouré de végétation. L'adjectif « frais » évoque la froideur du corps noir, et donne une image poétique.
Vers 7
Le rejet qui place « Dort » au début du vers qui évoque la mort du soldat, sachant que le soleil est déjà une métaphore de la mort. « sous la nue » est un complément circonstanciel de lieu, qui évoque le ciel, donc la mort. Le contraste entre l’innocence et l’imminence de la mort est symbolisé par la nue (les nuages).
Vers 8
Le « lit » amène au cercueil du soldat. L'image du « lit vert » évoque la paix et tranquillité, mais aussi une atmosphère lugubre, de même que « pâle ».
II. Une mort soudaine
Vers 9
Le « glaïeul » est une fleur qu’on dépose lors des enterrements, ce qui évoque la mort.
Vers 10
Il y a une progression ici avec l'évocation de la maladie ainsi que du « somme », qui précèdent la mort. La comparaison avec l’enfant crée une atmosphère assez poignante d'un soldat qui semble accepter son sort (c’est une forme de prosopopée : figure de style visant à faire parler ou agir quelqu’un ou quelque chose qui n’en a pas la capacité) .
Vers 11
Avec « Nature » en début de vers, le poète s'adresse ici directement celle-ci. Elle est personnifiée avec le « n » majuscule. « Berce-le chaudement » est un appel à une nature qui est ici vue comme bienveillante, et qui a le pouvoir ici de prendre soin, et de réchauffer le corps « froid » du soldat.
Vers 12
L'un des cinq sens qu'est l'odorat est évoqué, avec « les parfums » de la nature recueillant le soldat. Mais ceux-ci « ne font pas frissonner sa narine » : il y a donc une absence de réaction du soldat, ce qui montre qu'il part avec une certaine légèreté.
Vers 13
« Il dort dans le soleil » : il est fait part ici du réchauffement du corps du soldat par la nature.
Vers 14
Ce vers constitue un choc pour le lecteur, puisqu'il y est révélé abruptement la mort du jeune homme. Les « deux trous rouges » font écho au « trou de verdure » du premier vers. Cela témoigne de la violence de la guerre avec cette annonce brutale, et l'évocation directe des impacts de balles.
Conclusion
Le "Dormeur du val" d'Arthur Rimbaud est un poème poignant qui exprime la tragédie de la guerre et la fragilité de la vie humaine à travers des images poétiques et des contrastes.
Ce poème nous invite à réfléchir sur la nature de la guerre et sur les conséquences dévastatrices qu’elle peut avoir sur la vue des individus. Il souligne également la capacité de la poésie à exprimer des émotions complexes, afin de susciter la réflexion chez le lecteur.