Dans les années 1694 et suivantes, lorsque Fénelon, précepteur du petit-fils du monarque, écrit les Aventures de Télémaque, le pouvoir du roi Louis XIV est affaibli par les rumeurs sur le souverain, les guerres, les crises financières et sociétales. Le jeune duc de Bourgogne, dont Fénelon est le précepteur, incarne alors l’espoir de la monarchie. Ce texte est extrait des premiers livres des Aventures de Télémaque. Le personnage de Télémaque, fils d’Ulysse, y raconte son voyage pour retrouver son père, alors qu’il est accompagné de Minerve, sous les traits de Mentor.
Dans cet extrait, Mentor prononce un discours de réflexion morale sur le rôle du roi. Nous pourrons alors nous demander comment Fénelon transmet une réflexion contemporaine sur le rôle du roi à travers les personnages contrastés de Mentor et Télémaque.
Nous allons, dans un premier temps, analyser le discours sur le rôle du roi de Mentor, inspiré par sa vision d’une Egypte utopique. Dans un second temps, nous analyserons le caractère contrasté des deux personnages, Télémaque et Mentor.
I. Analyse du portrait de Mentor sur la politique
a) Une réflexion morale et politique sur le roi
Tout d’abord, le personnage de Mentor propose un discours de réflexion morale et politique sur le rôle du roi. « Heureux – disait Mentor – le peuple qui est conduit par un sage roi ! » (ligne 22). Cette phrase est prononcée dans l’optique d’une réflexion morale et politique sur le rôle du roi. Le personnage de Mentor explique ici que le roi est la cause du bonheur ou malheur de son peuple. Son comportement va grandement influer celui de son peuple, qu’il soit bon ou mauvais. Il montre, avec le champ lexical du bonheur, « heureux » (l. 10 et 11), « l’abondance » (l. 11), « aime » (l. 11), « bonheur » (l. 11) et « joie » (l. 12 et 15), que c’est grâce au roi que le peuple peut connaître le bonheur, et inversement. A contrario, Mentor explique que les rois malveillants sont malheureux et méprisés par leur peuple avec l’anaphore en « Ils », suivie d’un champ lexical du mépris : « Ils sont craints » (l.18), « ils sont haïs, détestés » (l. 19), « ils ont encore plus à craindre [...] » (l. 19-20).
Nous pouvons interpréter ce raisonnement comme une opinion que l’auteur va transmettre à travers son personnage afin de faire réfléchir les lecteurs sur le contexte de la France à ce moment-là. Cela nous invite aus