“Tristesse” est un poème romantique écrit par Alfred de Musset en 1840. Ce poème s'inspire de sa propre vie. Il est en effet devenu dépressif et alcoolique à cause de ses échecs amoureux. Les thèmes abordés dans ce poème sont la perte et la compréhension de la vérité.
Peut-on dire que le poème est vraiment triste ? Nous essaierons de répondre à notre question en développant les parties suivantes : la perte totale, la vérité qui joue un rôle ambivalent et enfin la dimension mystique du poème, qui marque une sorte d'apaisement.
I. La perte totale (v. 1 à 4)
Le poète a tout perdu: sa « force », sa « vie » (v.1), ses « amis », sa « gaîté » (v.2) et sa « fierté » (v.3). La conjonction de coordination ‘’et’’ montre l’effet d’accumulation et l’addition de la perte, l’un après l’autre. On peut noter ici qu'il ne s'agit pas de biens matériels mais de choses essentielles, qu'on ne peut pas remplacer facilement: la « force », la « gaîté » ou la « fierté » sont en effet des perceptions subjectives. On peut donc dire qu'il a bien tout perdu.
L'utilisation du passé composé « J'ai perdu », « j'ai connu », « j'ai cru » marque un bilan sur lequel l'auteur ne peut pas revenir, ce qui renforce l'aspect tragique de ces pertes. L'utilisation des déterminants de possession « ma », « mon », « mes » montre enfin que ce sont des choses d'importance pour l'auteur, auxquelles il était attaché.
Après avoir énoncé ses pertes, Alfred de Musset évoque la vérité, et opère alors un basculement dans le poème.
II. Une vérité amère mais salutaire (v. 5 à 11)
Les vers 5 à 11 abordent le thème de la vérité, mais un changement s'opère. Les vers 5 à 8 sont en en effet toujours au passé composé, mais le vers 9 marque une rupture, par le « Pourtant », mais également par l'emploi du passé simple.
Cette bascule marque la dualité de la vérité, tour à tour décrite comme une fausse « amie » qui « dégoûte » puis comme « éternelle », qui sans elle laisse nous fait « tout ignorer ». Le poète décrit ainsi la peine et en même temps la joie de la compréhension de la vérité après avoir tout perdu.
La seule solution qu’on peut trouver pour s’entendre avec la vérité, est de l’accepter telle qu'elle est. N'est-ce pas là le rôle des « amis », de nous rappeler la vérité en face ?
III. Dieu, le seul bien qui reste (v. 12 à 14)
Dans les trois derniers vers, Musset évoque Dieu, détenteur de l'unique vérité. On passe dans un temps pleinement présent, temps du constat immédiat « Dieu parle » et de l'action « il faut qu'on lui réponde ». Dieu est dès lors un libérateur, qui nous délivre de nos limitations, de nos pensées négatives et qui nous permet de voir les choses avec une nouvelle perspective.
D'ailleurs, alors que le poète semblait avoir tout perdu, un « bien » lui reste tout de même qui est d' « avoir quelques fois pleuré » (v.14). Alors nous pouvons dire que ces larmes ne sont pas dérivées du chagrin ou de la faiblesse parce que le poète le nomme « le seul bien ». D’avoir pleuré pour se retrouver et prendre conscience de la vérité est ainsi un sentiment beau et joyeux. La tristesse est un sentiment éphémère, mais la joie de trouver la vérité elle reste toujours.
Conclusion
A la fin, on peut conclure que les larmes de poète ne sont pas à cause du chagrin mais plutôt pour la conscience qu'il a trouvé dans sa vie. Il a expérimenté le sentiment de la perte mais en revanche il a construit sa relation avec le Dieu et il s'est trouvé lui-même.
Nous pouvons comprendre que le poète est vraiment triste à cause de ses pertes, mais dans le premier vers de deuxième quatrain, il nous montre qu’il a finalement connu la vérité. On peut dire qu’il a trouvé la vérité parce qu’il a perdu des choses éphémères qui étaient comme un mur entre lui et la vérité.