Durant le XVIIᵉ siècle les écrivains mènent une réflexion sur les passions humaines surtout lorsque celles-ci sont en opposition avec la religion ou la morale. La princesse de Clèves est un roman de Madame de Lafayette paru en 1678. L’auteure est une femme de lettre qui s’illustre notamment par son appartenance aux courants précieux et classique, elle côtoie également la pensée janséniste. Cette œuvre est un roman d’analyse s’intéressant à Mlle de Chartres, épouse de M. de Clèves, jeune femme de grande vertu qui sera confrontée aux dangers de la Cour du roi Henri II. Tout au long du récit, elle est partagée entre son devoir d’épouse fidèle et des sentiments passionnels pour l’exceptionnel M. de Nemours.
L’extrait relate la mort du mari de l’héroïne qui se trouve malade de jalousie après avoir su que M. de Nemours a rendu visite à sa femme. Il croit alors qu’il sait que sa femme l’a trahi, mais en réalité il se trompe. Comment l’auteure confronte-t-elle la vertu et les dangers de la passion dans cet instant clé du roman ? Dans un premier temps nous nous interrogerons sur la place de la passion dans ce passage. Puis dans un second temps, nous nous demanderons comment la romancière souligne la vertu de Madame de Clèves dans ce moment tragique.
I. La mise en lumière d’une passion destructrice s’achevant par une destinée tragique.
a) En effet la mort tragique de Monsieur de Clèves est causée par la passion
• «[…] la passion qu’elle avait eue pour un autre qu’elle en était la cause […]» : « la passion » venant étymologiquement du grec « pathos » signifie souffrance
• Champ lexical de la maladie : « mort », « faiblesse », « médecins », « sans vie », « mourut » : l’auteure accentue le dramatique et la souffrance de Monsieur de Clèves.
• « […]si proche de la mort […] » adjectif spatial accompagné d’un adverbe d’intensité : expression tragique renforçant l’émotion du lecteur : Monsieur de Clèves ne parait plus avoir la force de résister.
• « […] la mort […] je ne veux rien voir de ce qui pourra me faire regretter la vie. » : verbe de volonté au présent « veux » ; négation « ne rien » ; verbe à l’infinitif « regretter » ; antithèse entre « la mort » et la « vie » : la passion l’a tellement aveuglé et affaibli qu’il ne veut même plus essayer de survivre se condamnant ainsi devant sa femme ce qui accentue la tristesse de cet ins