Introduction
Esope a été esclave puis a été affranchi. Il sait donc ce que c’est que d’être au bas de l’échelle sociale. Il a voyagé, une expérience qui a influencé ses fables. Ici, il ne fait pas une satire de la société grecque mais des hommes en général.
I. Les animaux, représentatifs de la société
Tout d’abord, aucun personnage n’est emblématique, car la fable est trop ancienne.
Le thème de l’arbre qui représente l’échelle sociale :
- la renarde se terre
- l’aigle vole haut
- la chèvre représente le clergé
Esope est plus proche de la renarde que de l’aigle. Les plus puissants lèsent les inférieurs.
Les personnages sont symboliques de la société : le bouc émissaire (la chèvre) sert à éviter la justice divine, par l’expiation des fautes (cf. la symbolique du bouc émissaire). Il n’y a aucune description pittoresque des animaux, pourtant caractéristique d’Esope. Il évoque les rapports et non pas ce qui les caractérise.
II. La justice humaine
Voler les viscères de ce bouc correspond à un crime, car l’animal est entièrement donné à Dieu. De plus, on lisait l’avenir dans les viscères du sacrifié. Voler les viscères correspond à voler le pronostic sur l’avenir : c’est un énorme crime.
Les rapports entre la responsabilité et la famille sont décrites avec le mot « vendettas »: on tue la descendance pour un meurtre commis par les ancêtres. Également la perpétuation de la vengeance d’une génération à l’autre : « les dévorer jusqu’au dernier » ceci est une mesure de précaution pour éviter toute descendance et donc toute vendetta.
La justice humaine est fondée sur la vengeance, la justice divine cible le coupable (cf : champ lexical de la vengeance). C’est une vengeance plutôt qu’une justice.
III. La justice divine
La rapidité: connecteurs logiques nombreux. La justice divine est rapide, les Dieux ne patientent pas. L'intervention divine ne se fait pas de façon directe, mais par intermédiaires : ici, c’est le vent (une «flamme brillante» en opposition avec «viscère» et «fêter»). Le vent s’arrête car il a ses raisons, c’est le souffle de Dieu. Le vent cible et punit celui qui est coupable, contrairement aux hommes.
Pour les humains, la malédiction consiste à prier pour que l’autre soit puni (l. 9-10-11) . Les Dieux sont toujours plus puissants que les hommes. Or les Dieux grecs sont susceptibles et donc ils punissent énormément. Les hommes sont soumis dès lors à une peur de la divinité, et se tiennent donc correctement. Esope exprime ici la morale de la peur: il n’y a pas d’échappatoire ni de rédemption pour les traîtres.. La victime est elle par contre totalement ignorée.
Esope exprime aussi le rapport entre l’amitié et les pactes. Il y a 2 degrés de traîtrise possibles : le degré personnel, mais aussi étatique avec la guerre. On peut voir ici une allusion à des traités ou à des pactes, avec une notion diplomatique.
Conclusion
Pour la conclusion, possibilité de faire un parallèle avec le texte de La Fontaine « Les obsèques de la Lionne » au niveau des techniques :
- La Fontaine fait la satire de la société, alors que ceci est absent chez Esope. Il n’y a pas de critique sociale.
- Esope ne fait pas de mises en situation, il n’y a pas de discours direct, l’aspect narratif est largement dominant