La fable a toujours été pour La Fontaine le meilleurs moyen de faire passer des idées et en général de critiques de la société. Ici, nous étudions le paysan du Danube qui est une dénonciation de l’annexion des romains. Cette fable est tirée du livre XI publié en 1679. Ainsi pour faire passer son message tout en évitant la censure, il place sa critique dans un cadre spatio-temporel différent, c’est à dire l’Antiquité.
Problématique : C’est une fable mais aussi un texte engagé qui annonce les idées des Lumières notamment le voyage de Bougainville de Diderot.
I. La Fable : mise en scène pathétique de la souffrance d’un peuple
a) Discours vivant
C’est un discours :
- marques de l’énonciation : le locuteur et son destinataire
- Temps verbaux : impératif, présent de l’énonciation « je supplie », « on ne veut plus »
- Types de phrases : v.39 à 45 multiplication des interrogatives, phrases exclamatives
C’est un discours vivant :
- Réseau lexical de la colère : « vengeance, sévère, colère, offensée… »
- Jeu de contrastes / antithèses : bonheur / malheur
- Structure du texte : texte qui dans sa forme renvoie à la situation de communication ; respect de la forme du discours du sénat : apostrophe, référence divine, énoncé de la thèse, conclusion très rapide = vraisemblable.
Le locuteur :
- violent et passionné : par sa révolte face à l’injustice
- lucide presque philosophe : Analyse de la puissance politique : « Peut-être à votre place ils auraient la puissance » c’est le pouvoir des romains lié à leur absence de moralité.
- Capable de critiquer Rome : Il critique le fonctionnement de la vie à Rome, regard critique et distancé.
Il est capable de prendre de la hauteur mais il souffre pour son peuple :
- v.50, v.66
b) Le registre pathétique
- Jeu de contrastes
- Souffrance exprimée à travers les champs lexicaux ; inégalité des rapports de force : innocence, simplicité, souffrance.
- Personnification v.33
- Allitération en r v.56
- Multiplication des questions rhétoriques qui expriment le désarroi, le doute des Germains.
c) Moyens poétiques
- diérèse v.48 « violence » : vers octosyllabe
- Rimes plates : v. 64, 65, 66
- Rimes croisées : « jours, misère, retour, sévère »
- Rimes embrassées : v.35, 36, 37, 38.
La Fontaine essaye d’éviter la monotonie.
- Alexandrins, décasyllabes, octosyllabes.
II. Dénonciation de l’impérialisme : violente polémique
a) Réfutation de la thèse
La Fable chez La Fontaine peut avoir une force subversive. Ici, contre l’impérialisme (Louis XIV), il dénonce la barbarie de l’oppresseur.
Thèse : « Rome est par nos forfaits, plus que par ses exploits, l’instrument de notre supplice »
- 1er argument : v.46 , argument d’autorité de sens religieux
- 2ème argument : argument de vérité de valeur morale bien / mal ( se référer aux champs lexicaux)
- 3ème argument : v.55 argument d’autorité, référence au jugement divin
La structure du texte est intéressante : au début, il constate (causes) ; à la fin : les conséquences malheureuses de cette occupation.
b) Disqualification de l’adversaire
Texte polémique : Discours s’adressant aux romains.
- romains : champ lexical péjoratif (avidité, violence)
- contraste romains / grecs
Rome est décrite comme barbare alors qu’elle est le symbole de la civilisation.
- Jeu d’antithèses : valeurs morales
- V.56 « grâces à vos exemples » : ironie
- But de texte : inverser les relations ; verbes « fuir » « opprimer » « décourager » expriment la barbarie romaine donc l’inhumanité des romains.
- Métonymie v .69
c) violence verbale
- verbes de rejet : « nous quittons », « nous fuyons », « nous laissons »
- anaphore v.33
- impératif v .63 et v.73
- parallélisme v.65
Conclusion
Ainsi, La Fontaine en vieillissant, prend plus de liberté dans la rédaction de ses fables et en particulier de celle-ci. Ici, il réussit bien à dénoncer l’impérialisme qui fut un thème d’actualité à cette époque-là (années 70, Louis XIV). Ouverture : discours de tahitien dans Supplément au voyage de Bougainville de Diderot.