Introduction
Ronsard s'est inspiré de l'épopée de Virgile, l'Enéïde, épopée qui raconte l'histoire de la fondation de Rome. Les poètes de la Renaissance ont été très influencés par la littérature antique, qui leur a servi de modèle.
Comme l'Odyssée ou l'Iliade, la Franciade devait comporter 24 chants. Mais la Franciade sera inachevée et sera publiée en 1572. Il adapte ici une légende médiévale, qui fait d'un Troyen, Charles martel, un Francien
Une magicienne lui prédit l'histoire future de son peuple , et de la Bataille de Poitiers (732), qui est un des épisodes fondateurs de cette histoire.
L'arrivée de Charles Martel entraîne une scène grandiose, où l'on voit les Sarrasins se lancer dans un assaut furieux. Celui-ci est figuré à l'aide d'une double comparaison : une comparaison avec la ravine, ensuite avec le rocher dévalant une pente. A partir du v.25, le rocher subit un coup d'arrêt.
Objectif de lecture : Montrer comment Ronsard a su à partir d'une action somme toute assez limitée, utiliser des comparaisons pour amplifier le mouvement de l'ennemi. Il en donne aussi une vision épique très impressionnante. On étudiera en premier lieu, l'apparition extraordinaire de Charles Martel, ensuite les mouvements exceptionnels de la nature dans les comparaisons, puis le coup d'arrêt, infligé aux Sarrasins.
I. L'apparition extraordinaire de Charles Martel
- Charles Martel est comparé à un "grand Dieu" (v.3). C'est une divinisation du personnage donc rayonnement divin.
- Le terme "hauteur davantage" (v.2) donne une idée de grandeur au sens moral.
- De plus une armure entoure son corps, ce qui donne une impression d'invulnérabilité.
Il est équipé "d'armes flamboyantes"(v.6) ce qui renforce l'idée d'invulnérabilité.
Il sème l'épouvante :
* Il joue de la musique pour avertir sa présence (v.6-8)
* Il fait une entrée théâtrale, ce qui entraîne un effet de gigantisme
* On a l'impression que Charles Martel représente l'armée à lui tout seul, ce qui entraîne son apparition encore plus spectaculaire, ce qui renvoie encore une fois à l'idée de Dieu et de merveilleux.
Les Sarrasins courent en hurlant vers l'armée de Charles Martel, ce qui retranscrit une peur intense (v.9; "emplira de hurlées"), ce qui entraîne aussi une impression de désorganisation du côté des Sarrasins, alors que l'armée de Charlemagne "maîtrisant la plaine" (v.13) est comme un rempart (v.30)
Même la musique a une force (v.7; "rompant le ciel voisin")
L'armée des Francs et en priorité Charlemagne sont mis en valeur dans toutes les phrases du début
II. Les mouvements exceptionnels de la nature dans les comparaisons
Les comparaisons sont introduites par l'adverbe "ainsi"
La description des Sarrasins est dévalorisante
L'apparition de Charlemagne entraîne l'assaut des Sarrasins qui sont associés à des éléments de la Nature
On peut observer que le chois des termes des 2 comparaisons sont identiques ainsi que la disposition. Cela est fait afin de faciliter la lecture. Ces répétitions et cette construction vigoureuse est là pour faciliter le lecteur à s'y retrouver. Elle donne repère pour la lecture (ex v.11 et v.20; utilisation des 2 points)
On remarque une très faible présence de complément circonstanciel qui traduit une action très animée.
On peut remarquer le côté grandiose et impressionnant pour une description et pour les éléments déchaînés de la nature.
La 2ème comparaison est plus importante - Sur le nombre de vers
- Sur le nombre d'étapes
- Insistance sur la destruction
Malgré l'ampleur de sa chute, le rocher est arrêté par le rempart de l'armée des Francs, on peut remarquer que la description de cet arrêt est aussi épique
III. Le coup d'arrêt infligé aux Sarrasins
Pause très forte à la césure v.27. En général, le décasyllabe est censuré en 4//6. C'est la cas du v.27,28,29. La pause (qui se trouve après la 4ème syllabe) est accentuée par la ponctuation (et virgules). Ces fortes pauses reflètent évidemment l'arrêt brutal du rocher
Personnification du rocher "il veut", "il se courrouce". Le rocher paraît animé d'une volonté. Malgré l'arrêt de sa course, il continue à exercer sa force.
Les assonances en [ou] et les allitération en [R] et [P] dans les vers 28 à 30 sont fort nombreuses. Elles traduisent l'intensité et l'uniformité de l'action.
La poussée du rocher provoque parallèlement une résistance encore plus forte : le redoublement de l'action v.30 avec "pousse et repousse" le montre. Le parallélisme des deux actions est souligné par la répétition de l'adverbe "plus". La force démesurée du rocher affronte un force encore plus démesurée.
Conclusion
Ronsard a ainsi utilisé les procédés d'écriture de la tonalité épique. Il fait de Charles Martel un 1/2 dieu grâce à des termes amplificateurs. Les 2 comparaisons accentuent davantage le côté visuel et sonore du poème. Elles se caractérisaient surtout dans les répétitions de termes et de sonorités. Le mouvement du rocher de cette manière acquiert une dimension exceptionnelle. Ces comparaisons très amples permettent au poète de déployer toute son imagination