Introduction
Le Barbier de Séville est une pièce de théâtre, écrite par Beaumarchais en 1775. C’est une pièce comique mais suffisamment critique pour avoir été interdite l’année précédente. Son héros, le barbier Figaro, va aider son ancien maître, le comte, à séduire la belle Rosine afin de la libérer de son Barbon Bartholo. Beaumarchais s’inspire de L’école des femmes en renouvelant la comédie et surtout en créant le personnage de Figaro qui, pour la première fois, apparaît dans la scène 2 de l’acte I. Notre scène présente la rencontre, par hasard, à Séville, du comte et de Figaro.
Cette scène d’exposition est particulièrement habile, dans sa présentation des personnages et de l’intrigue, particulièrement virulente dans sa façon de mettre en oeuvre une critique sociale. Particulièrement drôle en scène de comédie.
I. Une scène d'exposition
1) Les personnage et leurs rapports
Deux personnages sont en scène, le comte et Figaro, dont les marques de l’énonciation soulignent la distance sociale entre eux :
- Figaro vouvoie son ancien maître, le comte tutoie son valet. “te voilà”, “Votre excellence”.
- Figaro lui donne ces titres de noblesses, “excellence, monseigneur”, c’est un grand d’Espagne, c’est un comte. Le comte en retour le qualifie de “coquin, maraud”.
Nous assistons à une scène de retrouvailles ce qui justifie que Figaro raconte son passé pour répondre aux questions du comte et à celles du spectateur. Le comte est curieux du passé de Figaro. Celui-ci nous est raconté dans les détails. Figaro est valet du comte, puis garçon apothicaire, puis poète et chanteur, enfin dramaturge, victime de la cabale. Il redevient avec enthousiasme serviteur du comte: “c’est mon bon ange [...] puisque je suis assez heureux pour retrouver mon ancien maître”. On devine une grande complicité entre les deux personnages, une sympathie, une compréhension réciproque, ils se retrouvent au même niveau d’intelligence et de drôlerie.
2) L’intrigue
À peine Figaro est-il arrivé que le comte l’utilise: “Deux hommes qui jasent sont moins suspect qu’un seul”. L’intrigue est déjà amorcée. Le comte est secrètement à Séville, il est déguisé, il regarde sans cesse une “jalousie”. Il attend sa belle “j’ai cru que c’était elle”. On devine une aventure galante et compliquée. Non seulement, Beaumarchais présente un complexe portrait de ces personnages, nous donne des indices pour comprendre l’intrigue et il réussit à faire de cette scène d’exposition, en même temps, une scène de critique sociale, grâce à Figaro.
II. Une scène de critique sociale
1) Le monde des lettres et la justice
Figaro raconte son passé d’écrivain, il est comme le double de Beaumarchais. Il est aussi spirituel mais est “un auteur tombé”. Beaumarchais, tout comme Figaro a été victime de la cabale et aussi de la censure. Les deux sont dénoncés dans notre scène, les ennemis sont nommés “les moustiques, les cousins, les critiques, les maringouins, [...], les libraires, les censeurs”. Nous voyons la justice expéditive. Figaro a été emprisonné, il n’a que “vingt-quatre heures pour maudire ces juges”. Enfin, “la république des lettres était celle des loups”, les écrivains se dénoncent entre eux. Mais la critique la plus virulente concerne la hiérarchie sociale.
2) Les nobles ont tout pouvoirs sur les autres
Le comte lui donne un emploie, le ministre lui retire, le tout arbitrairement. Sans cesse à-travers les marques de l’énonciation, la distance sociale entre Figaro et le comte est soulignée. L’un peu insulter et frapper impunément son valet, celui-ci ne peut se défendre. Ce qui explique les insolences presque révolutionnaires de Figaro. “Votre excellence, connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valets”. La supériorité du valet le rend digne d’être un maître. “Persuadé qu’un grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal”. Le comique dans cette scène renforce et soutient la critique sociale. Il l’allège aussi et la critique devient spirituelle.
III. Une scène de comédie
Tous les procédés comiques renforcent la satire de la société.
1) L’ironie
Comme pour Voltaire, l’ironie de nos personnages est une âme qui blesse en faisant rire.
“Voilà les bontés familières, dont vous m’avez toujours honoré”. Le comte vient d’insulter Figaro et il le menace de coups, Figaro par antiphrase qualifie insultes et coups de bonté dont il se trouverait honoré. L’ironie lui permet de critiquer le comportement du comte, de se mettre au-dessus de lui et d’échapper à l’humiliation.
2) Les jeux de mots
La parodie...
3) Le comique de situation
Pendant que Figaro raconte sa vie le comte ne l’écoute pratiquement pas, il attend et ne pense qu’à Rosine...
4) Le comique de caractère
Figaro se moque du comte et se montre insolent et le comte, “grand seigneur” l’accepte et se moque de Figaro en retour.
“Je me presse de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer”. C’est la devise de Figaro, devenu célèbre. Toute la tirade montre que Figaro la met en pratique, en particulier, “riant de ma misère”. Le passé de Figaro est une succession d’échecs mais il se montre supérieur aux événements. Il choisit consciemment de rire de lui-même au lieu de s’apitoyer sur son sort. Sa philosophie est optimiste, volontaire et gaie.
Conclusion
Beaumarchais, dans le Barbier utilise la scène 2 de l’acte I pour introduire sa pièce et en particulier ce personnage étonnant de Figaro, personnage à l’image de son créateur homme de lettre, d’affaire, voyageur, intelligent, drôle, ironique, vif, redresseur de tord, luttant pour la liberté et la justice tout en restant spirituel en divertissant le public. Dès cette 2 scène la leçon de Figaro peut servir à tous; leçon de gaîté, de courage et d’optimisme.