Introduction
Bartholo enrage que Figaro ait pu approcher Rosine et qu’il ait mis à mal toute sa maisonnée en saignant Marceline, en administrant un narcotique à L’Eveillé et un sternutatoire à La Jeunesse. Le spectateur a assisté à une scène très tendu entre Bartholo et Rosine. La nécessité d’une détente se fait sentir. Bartholo convoque ses deux valets. L’Eveillé est arrivé le premier, tout ensommeillé, bâillant à se décorcher la mâchoire. Voici La Jeunesse qui s’approche en éternuant.
C’est un épisode très fréquent dans les comédies que celui où un maître querelle ses valets (Arnolphe avec Alain et Georgette dans L’Ecole des femmes ; Harpagon avec La Merluche et Brindavoine dans L’Avare). On retrouve dans ce passage des traits traditionnels de la comédie, notamment les types de comique, souvent grotesque parfois plus subtil. Mais un aspect nouveau apparaît : sous cette bouffonnerie percent la satire sociale et les revendications du XVIIIème siècle.
I - Un intermède comique
a) Le comique de farce : le grotesque
- « L’Eveillé » est un « sot » qui « baille » sans arrêt, et « La Jeunesse » est un « vieillard » : sobriquet (surnom familier par dérision, moquerie) antiphrastique → le comique de la farce est déjà sensible dès l’apparition des deux valets.
- « baille », « pleure comme un sot », « éternue plusieurs fois » : didascalies → le comique de geste vient appuyer cette entrée grotesque et créé la caricature des personnages.
- « y a-t-il… y a-t-il de la justice ? », « plus de cinquante… cinquante fois… » : les mots se trouvent hachés par les bâillements et les éternuements
« misérables », « faquins », « maraud » : substantifs péjoratifs, Bartholo injurie ses valets.
Il qualifie l’Eveillé de « rusé » : antiphrase ironique.
→ le comique de mots est parfois très gros.
- « Un service terrible, et toujours un train d’enfer » : phrase nominale (sans verbe)
« Moi, je m’entends ! » : phrase incorrect
« pardi » : interjection familière → créé un style provincial.
→ le parler des valets, syntaxiquement (structure des phrases) et lexicalement (vocabulaire) populaire, fait aussi sourire.
- « pauvre homme de bien » : Bartholo imite L’Eveillé en reprenant son expression.
« et t’chi et t’cha » : il imite les éternuements de la jeunesse → Quand Bartholo « contrefait » (imiter en déformant, reproduire de façon ridicule) ses deux valets, son imitation parodique produit des ef