L’homme et la mer, pièce 14 des fleurs du mal se trouve dans la partie du recueil intitulée spleen et idéal (spleen = dépression, ennui, mélancolie). Il exprime comme d’autres poèmes (l’Albatros, la Musique) la fascination de l’auteur pour la mer qu’il croit à notre image. Pour nous le faire sentir il a organisé le poème selon une structure en miroir où l’homme regarde son double comme un frère à la fois jumeau et ennemi.
I. Une structure en miroir
1)Symétries et divisions
- Le titre porte plusieurs sens : l’Homme et/est/hait la mer. La mer et l’homme sont à la fois reliés et séparés par ‘et’.
- Tout le poème s’organise autour de cette symétrie et les jeux de reflets sont perceptible dans les rîmes :
âme + mer = amer (mer saumâtre ou amertume humaine)
- La symétrie dans les vers : La mer est / ton miroir (mer) ; tu contemp / les ton âme (homme)
- Rîmes embrassées. Tantôt l’homme embrasse la mer, tantôt la mer embrasse l’homme.(Cf. rîmes féminines masculines (avec ou sans –e muet)).
2) Opposition et unité
Chiasme = inversion des attributs.
- La mer est masculine et féminine. On plonge en son sein comme une femme mais on la combat comme un homme.
- L’homme et la mer partagent des sentiments humains. Ils se rapprochent pour l’amour ou pour la lutte :
--> lame = vague ou couteau
--> Rumeur, abîmes = homme / plainte, richesses intimes = mer
Qui sont donc ici inversés
Ainsi les doubles se confondent. On entrevoit les aspirations contradictoires de l’homme ainsi que la lutte entre le spleen et l’idéal.
II. Frères jumeaux, frères ennemis
1) Les jumeaux
- Champ lexical de l’amour très présent dans les 2 premières strophes.
- Les ressemblances : l’homme comme la mer est libre, indomptable, sauvage; ils partagent les mêmes abîmes, les mêmes secrets, les mêmes richesses intimes, la même jalousie. Enfin ils ont le même goût pour le carnage et la mort.
2) Frères ennemis
- Champ lexical du combat et de la souffrance très présent dans les 2 dernières strophes.
- Le chiasme du dernier vers (Lutteurs éternels, frères implacables) alors qu’on attend frères éternels, lutteurs implacables. Cela souligne une nouvelle fois une lutte intérieure.
- La lutte éternelle est un fratricide qui oppose l’homme à lui même dans un présent éternel qui évoque la vérité de l’humanité.
- Le temps et l’espace sont infinis (siècles innombrables, éternels, abîmes) et renvoient donc à un espace intérieur abstrait.
Conclusion
L’immensité du temps et de l’espace renvoient donc à un temps infini et à un espace intérieur, mental et poétique.
L’eau est le miroir de l’homme, le reflet de son cœur, de son esprit et de son âme. Elle permet par le biais de la poésie de rendre compte de l’ambiguïté des sentiments humains et de leur violence.