Ce roman, écrit en 1830 par Stendhal, compte deux parties : la première retrace le parcours provincial de Sorel, son entrée chez les Rênal, et la montée de ses ambitions au séminaire, et la seconde la vie du héros à Paris comme secrétaire de M. de La Mole et son déchirement entre ambitions et sentiments. Dans Le Rouge et le Noir, Julien Sorel fait l'objet d'une véritable étude psychologique. Ambition, amour, passé, tout est analysé. Le lecteur suit avec un intérêt croissant les méandres de sa pensée, qui conditionnent ses actions. Mathilde de la Mole et Madame de Rênal ne sont pas en reste. Leur amour pour Julien, égal l'un à l'autre, sont mis en perspective. Tout le monde est mis à nu sous la plume de Stendhal.
Cette lettre montre la force de la passion et l'intensité des sentiments que Julien inspire à Mme de Rênal.
I. Une lettre adressée aux jurés du tribunal de Besançon par Mme de Rênal
Cette lettre relève de l'initiative personnelle de son auteur, qui a ainsi trouvé le moyen de plaider la clémence des jurés sans se rendre physiquement au tribunal. La présence de la locutrice est très forte, tout comme celle de ses interlocuteurs qu'elle prend constamment à témoin, interpelle, intègre dans son discours (relever les pronoms personnels et les marques de l'énonciation).
Elle joue avec les pronoms personnels, commence avec la première personne du singulier puis termine avec la première personne du pluriel : elle parle au nom de toute sa famille, pour élargir encore l'impact de son plaidoyer : ses enfants, élevés par Julien, appuient ses arguments.
On assiste donc à une amplification de la présence de l'auteur. Les destinataires sont constamment interpellés et ne peuvent s'y soustraire puisqu'il s'agit d'une lettre, dont l'auteur n'est physiquement pas présente pour y répondre. Mme de Rênal veut créer une relation avec les jurés (citer les lignes où ils apparaissent), fait appel à leurs sentiments et à leur humanité, et leur fait même du chantage à la fin en se déclarant prête à sortir, même blessée, pour plaider en personne si cette lettre ne suffit pas à les convaincre. Elle déclare qu'il en va de sa vie. Sa demande est pressante, elle emploie l'impératif.
II. Des arguments portés par une émotion palpable
La finalité de la lettre est annoncée dès les premières lignes : amadouer les jurés afin qu'ils épargnent Julien, condamné pour l'avoir blessée. Mme de Rênal met en parallèle sa situation et celle de Julien,