Epictète, Entretiens: L'homme libre (2)

Réponses entièrement rédigée aux questions suivantes :
1- Dégagez la thèse du texte et expliquez l’ordre des idées.
2- Epictète illustre ses propos avec l’exemple du nom de Dion : expliquez-en la signification, et proposez d’autres exemples.
3- Explicitez et discutez la conception de la liberté qui apparait dans la dernière phrase du texte.

Dernière mise à jour : 16/03/2021 • Proposé par: francoism (élève)

Texte étudié

Puisque l'homme libre est celui à qui tout arrive comme il le désire, me dit un fou, je veux aussi que tout arrive comme il me plaît. Eh, mon ami, la folie et la liberté ne se trouvent jamais ensemble. La liberté est une chose non seulement très belle mais très raisonnable et il n'y a rien de plus absurde ni de plus déraisonnable que de former des désirs téméraires et de vouloir que les choses arrivent comme nous les avons pensées. Quand j'ai le nom de Dion à écrire, il faut que je l'écrive non pas comme je veux mais comme il est, sans y changer une seule lettre. Il en est de même dans tous les arts et dans toutes les sciences. Et tu veux que sur la plus grande et la plus importante de toutes les choses, je veux dire la liberté, on voie régner le caprice et la fantaisie ? Non, mon ami : la liberté consiste à vouloir que les choses arrivent non comme il te plaît, mais comme elles arrivent.

Epictète, Entretiens

[tp]1- Dégagez la thèse du texte et expliquez l’ordre des idées[/tp]

Epictète, dans ce passage, propose une définition de la liberté humaine : l’homme libre est selon lui celui qui fait preuve de raison et adapte sa volonté à l’ordre des choses. Cette définition est explicitement opposée à celle du « fou », qui assimile la liberté à la réalisation de ses désirs les plus capricieux, qui veut donc que la réalité s’adapte à tous ses désirs. On peut donc considérer que l’idée centrale de cet extrait apparaît dans la dernière ligne : « la liberté consiste à vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent. ». La formulation volontairement paradoxale de cette thèse vise à dissocier la liberté du caprice individuel, et marque la force de la critique d’Epictète à l’endroit de cette vision assez répandue de la liberté.

La présentation de cette thèse suit une logique binaire, dualiste, où Epictète oppose la « vraie » définition de la liberté à une définition commune, mais illusoire, qu’il qualifie de « folie ». Cette conception illusoire apparaît dès la première phrase du texte, à travers les propos qu’Epictète attribue au fou : le fou associe la liberté à la réalisation de ses désirs, ou de son plaisir. Cela correspond à l’assimilation courante que nous faisons de la liberté à la sensation de plaisir provoquée par la réalisation des désirs : Epictète ne fait donc que qualifier de « fous » la plupart des gens … Vient ensuite le propos du sage, qui dissocie radicalement liberté et folie. Epictète s’en explique en associant au contraire la raison à la liberté : la liberté est « raisonnable », autrement dit fondée sur la raison, faculté de contrôle de soi et de connaissance du réel ; or il est parfaitement « déraisonnable » d’attendre que les choses arrivent comme nous le souhaitons : ce sont des « désirs téméraires », c’est-à-dire au fond qui ne tiennent pas compte de la réalité. Pour donner plus de force à son propos, Epictète l’illustre ensuite en prenant l’exemple d’un nom que j’aurais à écrire, comme celui de « Dion » : je ne peux pas l’écrire comme je veux, il faut bien que je me conforme à la réalité de la langue. Epictète généralise ensuite son exemple aux « arts » (sans doute s’agit-il ici du sens ancien d’arts, c’est-à-dire des techniques) et aux sciences : dans ces domaines, il est évident que pour agir librement, je dois tenir compte des lois de la nature. Ceci permet à E

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