Schopenhauer est un philosophe allemand du XIXème siècle surtout connu pour ses théories pessimistes sur la vie. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est rangé sous l'étiquette des philosophes pessimistes. On connaît donc plus sa conception de l'existence comme un pendule qui oscille entre la douleur et l'ennui que son idée de la morale. S'il est vrai que Schopenhauer prône la négation de la volonté, à la base de vie humaine, la morale est une des étapes vers le nirvana et la béatitude du sage. Le livre quatrième de son ouvrage principal Le monde comme volonté et comme représentation est d'ailleurs consacré à la morale. La réflexion sur la morale de la part de Schopenhauer peut pourtant étonner. Il affirme en effet que chacun cherche à satisfaire en priorité ses besoins et chaque être vivant tend à s'affirmer aux dépends des autres. Comment alors empêcher les hommes de se faire du mal et d'être injustes vis-à-vis des autres ? Le philosophe s'interroge dans ce texte sur les différences entre la morale et la justice, considérée comme une institution de l'état. Il s'agit de savoir de quoi doit s'occuper l'état. La justice comme institution a pour charge dans une société, de faire que les rapports entre les individus soient pacifiques et ne nuisent pas à la bonne marche de l'état et de la société. Elle produit ainsi des lois qui n'ont pas une valeur absolue mais prescrivent des règles d'actions en vue de la vie en commun qu'il faut respecter sous peine de sanction. Quelle différence entre la morale et la justice étatique ? La morale doit-elle s'occuper de la conséquence des actes ou de l'intention ? Comment permettre aux hommes de devenir moraux ?
I. La morale et la science législative n'ont pas le même objet
- Schopenhauer construit son texte sur une opposition très nette. La première phrase en est la preuve. Elle est construite sur une subordonnée introduite en « si , qui donne l'objet de la morale, à quoi la deuxième partie s'oppose en affirmant que « la théorie de l'état » est à l'inverse. Il est difficile de découper des parties nettes dans le texte : Schopenhauer mélange les deux domaines. Il s'emploie à définir les objets de la morale et de la justice étatique.
- La première différence que Schopenhauer introduit réside dans la préoccupation de l'agent d'une injustice. L'état, nous dit-il, ne se soucie que de la victime d'un crime, de la personne lésée. S'il n'avait en effet personne qui souffre d'un acte injuste, l'Etat n'aurait null