La question de la liberté peut se poser de differentes façons. Certains philosophes se penchent sur l'existence de celle ci alors que d'autres s'interrogent sur son origine. Nous pouvons nous demander à notre tour quelle est la signification de celle-ci. Plus précisément, la liberté peut-elle se définir comme l'obéissance à la raison? La liberté est un terme qui s'applique à beaucoup de choses. On définit généralement "être libre" comme étant le fait de faire "ce que l'on veut". Lorsque l'on parle d'obéissance, on parle également de soumission à une volonté extérieure.C'est en cela que l'on peut penser ne pas être libre en la présence d'obéissance. Quant à la raison, elle correspond à la faculté de réfléchir, au mode de penser propre à l'homme. On peut donc penser être libre en accomplissant la volonté de son propre raisonnement. Cependant la volonté, bien qu'étant libre d'origine, lorsqu'elle suit la raison n'a plus le choix. Le problème est donc de savoir quels sont les critéres de la liberté. A quel moment est on libre? A quel moment ne l'est-on plus ? La question est alors de savoir si, malgrés la dictature de la raison, un individu peut atteindre la liberté. Comment être libre en obeissant à la raison? Nous verrons tout d'abord que la liberté ne se définit pas en premier lieu comme compatible avec l'obéissance. Puis que le fait d'obeir ne nie pas toujours la liberté. Enfin nous constaterons qu'une volonté raisonnable ne peut être libre.
Pourquoi peut-on penser qu'une liberté ne peut être soumise et contrainte? Quels sont les arguments qui nous poussent à cette affirmation ?
Dans un premier temps, la liberté est l'état d'une personne qui agit sans être contrainte. Une action qui est contrainte n'est, par opposition, pas libre. Donc, si on fait preuve d'obeissance, que ce soit l'obéissance à un réglement, à un ordre, lorsqu'on obéit à une puissance supérieure, aux parents, à un professeur, à la loi d'un Etat, cela veut dire que l'on est pas libre. C'est a dire que lorsque l'on obeit à la volonté de quelqu'un d'autre ou de quelque chose d'autre, on obéit donc pas à soi-même. Ainsi par liberté on entend être à l'origine du choix. C'est la capacité de choix et le fait d'être à l'origine du choix qui permett à un individu d'être libre ou non.
Quand bien même un individus aurait le choix entre plusieurs propositions et qu'il ne serait poussé par aucune raison logique à choisir l'une ou l'autre de ces possibilités, il finirait toujours par émettre une decision. On appelle cela la liberté d'indifférence. La définiton qui est donnée de liberté d'indifférence, est l'état dans lequel se trouve la volonté lorsqu'elle a le choix entre deux actions et n'est poussée par aucun facteur déterminant vers l'un ou l'autre. On peut encore associer la liberté d'indifférence avec la notion d'acte gratuit qui est un acte voulu et decidé mais qui n'a aucune raison. Ici, l'homme est libre. Il est conscient de vouloir quelque chose mais n'use pas de sa raison pour agir. C'est la volonté, capacité de décision, qui choisit par exemple une carte plutot qu'une autre lorsqu'on nous propose d'en tirer une ou bien de prendre les toilettes de droite ou de gauche si les deux sont disponibles. La raison n'a donc pas toujours une implication nécessaire dans la prise de décision.
De plus, la notion du "libre arbitre" n'exige par la participation de la raison pour faire un choix. En effet, elle correspond au pouvoir d'un individu de choisir entre des motifs qui le sollicitent sans être déterminé par aucun d'entre eux. En d'autres termes, elle décrit la propriété qu’aurait la volonté humaine de se déterminer librement. Elle signifie également que la volonté se déterminera de maniére arbitraire, sans raison nécéssaire. C'est d'ailleurs ce qu'Aristote démontre dans son oeuvre de l’Éthique à Nicomaque. Il faut cependant préciser que les grecs ne connaissaient pas encore la notion du libre arbitre. Ils étudiaient alors la notion d'acte volontaire. Aristote définit donc le volontaire comme étant un acte spontané et dont on a une intention (lorsque l'on sait ce que l'on fait). Ces études ont été fondamentales dans l'élaboration du concept du libre arbitre. Ainsi on constate bien que le libre arbitre est une puissance de la volonté et non de la raison: c'est lorsque la volonté est dans la libre disposition d'elle-même et ne dépend de rien d'autre. "Vouloir" correspond au fait de décider librement et donc d'être libre sans être soumis. Le libre arbitre répond à la volonté quand elle éprouve un désir, elle sollicite la raison qui l'aide à délibérer sur les moyens d'y parvenir, mais c'est elle qui choisit le moyen qui lui semble le plus approprorié. Prenons l'exemple du choix des vetements (si tant est que cet individu ne soit pas soumis à la décision d'un autre). Admettons qu'il neige, une personne peut très bien vouloir mettre un tee-shirt. Intérroger sa raison lui fera prendre conscience qu'elle pourrait prendre froid, mais finalement la volonté peut conclure qu'il semble préférable de porter ce tee-shirt. On voit ici qu'un être doté de libre arbitre ne subit pas le déterminisme, qui est la théorie selon laquelle tout ce qui arrive est l'effet nécessaire de causes. L'individu déterminé aurait porté un manteau chaud car il neige.
Mais en considérant que la raison est partie intégrante de l'individu, en admettant le fait que chaque homme posséde une raison, en la suivant ne fait-t-il pas preuve de liberté?
Selon quels critères peut-on affirmer que l'obéissance à la raison est compatible avec la notion de la liberté?
Tout d'abord, un indivudu qui obéit à sa propre raison peut être considéré comme libre. On peut affirmer cela car la raison correspond à la faculté de penser d'un individu. En d'autres termes, c'est sa manière de raisonner, de produire des idées et de les enchainer logiquement. La raison est donc propre à un individu. Elle permet de fixer le vrai du faux, le bon du mal, ainsi que des critéres qui nous sont propres tels que des critéres d'esthétisme, de bonheur, etc. La raison permet également de mettre des moyens en oeuvre pour accéder à une fin. La raison est une faculté qui est universelle aux hommes, elle vaut pour tous les individus, en tout lieu, en tout temps. Mais elle est propre à chacun, c'est à dire que chaque être dispose d'une raison qui lui est propre. Ainsi les valeurs émises par la raison sont subjectives (bien que certains philosophes tel que Kant ont tenté de démontrer que la raison tend vers une norme, que l'on peut établir une génèse de la raison). La subjectivité de la raison correspond au fait qu'elle produit des jugements de valeurs qui lui sont propres. Donc la raison permet d'être libre si on s'y soumet, car elle est propre à chaque individu.
De plus, une autre définition de la liberté peut suivre le fait qu'un homme obéissant à sa raison est libre. En effet, la liberté se définit également comme l'état de celui qui agit à la "lumiére de la raison". La raison étant une faculté qui est propre à soi-même, sigulière (bien qu'universelle à l'homme), permet à un individu de choisir ce qui lui semble bon. Si on agit en fonction de notre raison, nous sommes libres car nous sommes à l'origine de nos choix. Cette liberté correspond à la liberté d'autonomie. Être autonome, c'est avoir la faculté d'agir par soi-même, en se donant ses propres lois. C'est une liberté intérieure. Elle agit en fonction de sa propre raison. L'individu s'oblige alors à suivre sa raison, mais librement.
Enfin selon Kant, pour être libre, il faut raisonner; ou plus exactement, quand on fait ce que nous dicte notre raison, nous sommes libres. Pour Kant la liberté est directement liée à la morale. Ainsi, c'est lorsque le choix moral nous révèle que notre raison n'est pas conditionnée que l'on est libre. Egalement, pour Kant, seule la volonté bonne, ou moralement correcte, est jugée de volonté libre. La présence de "l'auto-obligation", qui garde cependant la liberté intacte, est également présente chez Rousseau dans Du contrat social. L'impératif de Kant se présente sous la forme d'un commandement de la raison. La manière d'atteindre la liberté est de suivre la raison, car selon lui l'homme n'est pas un "pur esprit" étant donné qu'il posséde un corps et une sensibilité. C'est alors la raison qui ordonne à la partie sensible. Kant associe plutôt la liberté à la responsable. Il faut donc maîtriser la transformation de ce qui nous entoure dans le but de se libérer, d'être libre grâce à la raison.
Mais si pour avoir le choix, il faut raisonner, si pour être libre il faut pouvoir décider par rapport aux lois et régles que l'on se donne, la volonté n'est-elle pas soumise nécessairement à la raison? N'est-elle pas contrainte à la raison?
Pourquoi peut-on affirmer que la raison ne permet pas une volonté libre ? Quels arguments confortent cette idée?
D'abord, selon la théorie de Descartes la volonté est par nature libre. Cependant, si celle-ci suit la décision de la raison, la volonté n'a plus le choix. Elle obéit à la raison et elle n'est plus libre.
En effet, le choix le plus logique est celui de la raison. C'est celui que la raison a jugée comme étant bon et juste. La volonté, en l'accomplissant, n'applique pas un choix qui est le sien. L'homme subit alors la raison. Il se croit libre mais il est en fait déterminé. Il est poussé par le choix de la raison. Il faudrait alors pour être libre que la volonté ne suive aucune raison.
La liberté peut-elle se définir comme l'obéissance à la raison? Je suis libre lorsque je suis ma raison. Ma propre raison dicte à ma volonté d'accomplir l'action qu'elle trouve la plus juste, qu'elle a jugée comme bonne. A première vue, la volonté n'est donc pas libre. Cependant, ma raison est capable d'émettre un jugement qui m'est propre, étant donné que ma raison m'est propre et singuliére. Je suis donc libre, en obéissant à ma raison car celle-ci se base sur des principes qui sont les miens. La raison, si elle n'a pas d'expérience ou si l'individu n'a pas reçu une éducation, ne peut pas juger d'emblée que quelque chose est bon ou mauvais par exemple (un enfant ne sait pas dès sa naissance que si il saute de sa fenêtre il va tomber). L'éducation et l'expérience seraient-elles alors une nécéssité à la liberté ?