Bonaparte en déclarant «Une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole», affirme que la religion est une partie fondamentale et obligatoire de la société et sans elle, cette société n'aurait pas cours comme le vaisseau sans boussole. Il est très populaire d’opposer la raison et la religion, car les hommes ont le sentiment que la religion disparaît au fil du temps, avec de nouvelles connaissances acquises. La raison peut se définir comme la capacité de réfléchir de façon autonome, mais aussi comme la faculté de bien juger. Le terme religion est plus complexe, mais elle renvoie toujours à la fois, à des vérités qui ne sont pas démontrables, la religion est aussi une pratique sociale et culturelle où les hommes pratiquent des rituels pour vénérer leur entité. Cette question nous est présentée avec le verbe “peut” qui contient le sens de la possibilité, la raison a-t-elle des moyens pour remplacer la religion ? Une autre valeur pour ce verbe est celle de la légitimité. Mais la question qu’on se pose est celle de savoir "Est ce que la religion est remplaçable dans notre société ?". Les hommes ont cru en des dieux pendant 250 000 années. Si la religion est remplaçable, qui peut la remplacer ? Tant de siècles sont passés et rien n’a pu la remplacer, mais cela ne signifie pas qu’elle est impossible de le faire.
Dans un premier temps, on verra en quoi la religion est rendue compréhensible par la raison. On analysera ensuite l’importance de la religion dans la société, et pour quelle raison on peut la considérer comme irremplaçable et fondamentale.
I. La raison permet de comprendre la religion
La religion peut être considérée comme une illusion, elle sert à endormir le peuple. Selon Karl Marx, “la religion est l’opium du peuple” donc la religion et l’illusion sont comparées. L’opium est une drogue qui endort presque immédiatement celui qui le consomme, la personne droguée a des rêves bizarres et effrayants. On peut voir que selon Marx, l’opium est comme la religion qui a pour but d’endormir ou droguer le peuple, cela empêcherait de voir la réalité et les injustices sociales. Donc la religion a un pouvoir anesthésiant sur le peuple. La religion nous encourage à ne pas chercher le bonheur dans cette vie, ou dans notre réalité quotidienne, mais dans une autre réalité, qui ne peut être obtenue qu'après la mort. Par conséquent la religion incite à ne pas chercher le bonheur dans le présent, car il ne se trouve que dans le futur. Afin d'atteindre ce bonheur promis, l’homme doit respecter certaines valeurs et réaliser certaines actions : l'humilité, le pardon, la pauvreté, la non-violence, etc.. Dans le cas où ces valeurs ne soient pas justifiées, une punition doit être imposée. Selon Sextus Empiricus, “Les hommes ont inventé les dieux pour punir leurs mauvaises actions”. Ces actions font référence aux lois morales, sociales ou politiques. Retournant à Marx, on voit que ces valeurs sont totalement bénéfiques à la classe dirigeante (bourgeoise) et empêchent toute résistance à changer l'existant état de la société, même s'il est injuste. Bien que la religion inspire les dirigeants de la classe supérieure à faire la charité, il ne cherche pas à établir un ordre social différent.
L’illusion est un mécanisme de défense et de protection dans l’esprit humain. Elle occupe aussi une place intermédiaire entre l’erreur et le mensonge. Selon Sigmund Freud il y a deux moyens de contrôle par la société des pensées, des instincts sociaux de l’homme ainsi que des forces de la nature. La première méthode est celle des idées culturelles, comme l’art et la science, mais la plus importante est la religion. Celle-ci ne suffit pas à calmer les angoisses de l’homme face aux forces incontrôlables de la nature, mais elle donne crédibilité aux systèmes éthiques et moraux qui sont associés à la volonté de Dieu. Si on analyse les figures des différents dieux au fil du temps, on voit que l’homme est passé des dieux en forme d'animaux mythologiques, à la figure maternelle de la divinité pour arriver finalement au Dieu unique et suprême. Suivant cette évolution on conclut que le processus de recherche pour arriver à la suprême divinité est du fait de l'insécurité de l’homme par rapport aux facteurs individuels ou sociaux qui le menacent. Selon Freud les idées religieuses ne sont pas basées sur l’expérience ou des pensées. Ce sont des illusions, provoquées par les désirs les plus précieux et les plus vieux de l’humanité. Freud analyse la religion comme une forme de retour des émotions de l'adulte à celles de l'enfance. L'obéissance de l'homme à Dieu est comme l'obéissance d'un enfant à ses parents. Face aux épreuves de la vie, l'homme se sent impuissant, appelant à une image de père idéale, qui devrait lui apporter soutien et soins. Finalement, la raison juge les idées religieuses par ses erreurs et les remet en question.
II. Mais la religion reste fondamentale, en comblant les limites de la raison
La raison tient ses promesses, mais elle ne satisfait pas le besoin de croire et savoir, en plus qu’elle est impuissante à nous fournir des réponses à des questions existentielles. La religion, elle, peut le faire et c’est cela qui maintient la société en calme.
Dans le cas de l'existence d’une possibilité qui fonde la religion sur la raison, en obligeant à ses adeptes à croire seulement ce que leur raison leur présente comme vrai, la religion serait confondue avec la philosophie ou la sagesse, car elle exige le saut de la foi, que selon Blaise Pascal “C’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison” donc c’est croire l'incroyable même au-delà et contre toute raison. La religion nous donne l’opportunité à croire, en admettre une chose incertaine, qui n'est pas capable de se justifier par des raisons, (les dieux, la foi) comme vraie, c’est-à-dire que l’homme ne réfute ni son jugement ni sa relation entre idées et réalités. Par conséquent la raison seulement suit à ce qu’elle présente comme vrai à partir des validités et de forme de démonstration.
La religion statique est une assurance contre l'imprévisibilité. Selon Henri Bergson il y a deux types de religion: la statique et la dynamique. La finalité de la religion statique est la société par son rapport entre religion et celle-ci. La religion statique assure l’homme contre l'imprévisibilité, car elle influence l’espoir à contrôler sur le réel, face à une difficulté l’homme prie pour qu’une figure divine l’aide, c’est le cas des prières quand quelqu’un est malade, la prière alimente l'espérance de positivisme qui lutte contre l’imprévisible. La religion dans cette forme statique est aussi une assurance contre la dissolution de l’ordre social, dans la société humaine c’est l’intelligence qui assure l’efficacité d’action, mais en payant un prix d’égoïsme. L'intelligence par nature est incapable de s’adapter à la vie sociale, car elle est une opération individuelle. Selon Bergson les distinctions que l’homme de l’actualité opère sont récentes, la raison est qu’au début de l’humanité tout était religion, son obligation est d’imposer traditions, règles sociales, etc.
La raison est incapable de nous fournir certaines réponses aux questions métaphysiques, car elle suit ce qu’elle présente comme vrai à partir des validités et de forme de démonstration. Cela sont les hypothèses réalisés par la science qui parfois s’oppose aux croyances religieuses. Pour les fidèles, les réponses aux questions métaphysiques (création de l’univers, après de la mort) sont déjà dans les textes sacrés. Les hypothèses scientifiques sont fondées sur des recherches collectives à partir des faits, mais comme son nom l’indique “hypothèse” n’est pas quelque chose certaine, elle est une proposition. C'est la raison pour laquelle elles sont réfutables aux yeux humains. Par contre les croyances religieuses sont des dogmes, issues de pouvoir absolu qui impliquent Dieu. Par conséquent, la religion les a fait irréfutables, et la seule réponse correcte à ses questions existentielles posées par les hommes depuis le début de son histoire.
Conclusion
En conclusion, la religion peut être considérée comme une drogue, son but est d’aveugler le peuple pour éviter l’exposition des inégalités sociales qui sont totalement bénéfiques à la classe dirigeante et empêchent toute résistance à changer l'état existant de la société. C’est une illusion générée par les désirs les plus anciens de l’histoire. Par contre une société sans religion serait confondue avec la philosophie. La religion permet d’avoir une réponse aux questions métaphysiques qui servent à calmer le peuple et à contrôler l’espoir.