A celui qui tente de s’approcher d’une vérité interdite ou considérée comme dangereuse, on prédit qu’il va se brûler les ailes comme l’a fait Icare. La vérité est souvent comparée à un idéal dont la proximité serait dangereuse pour l’homme. Et celui qui se met en quête du vrai semble mettre en péril, par cette démarche, bien des choses assurées, sa vie, son bonheur, son confort, ses certitudes. On peut donc se demander si la recherche de la vérité consiste à prendre un risque. Car si le chercheur entreprend cette quête de la vérité, c'est justement parce que ce qu’il risque de perdre ne lui semble plus valoir grand-chose, à ses yeux seule la connaissance de la vérité peut redonner sens à tout. En sorte que le risque, précisément et paradoxalement, s’abolit comme risque lorsqu’on l’affronte et qu’on se met effectivement en chemin vers la vérité.
Nous verrons dans un premier temps quels types de risque prend toute personne qui décide de chercher une vérité inconnue ou interdite. Mais il apparaîtra que le risque n’est pris que parce que cette vérité prend une valeur supérieure à tout, en sorte que les biens, la vie etc., ne sont risqués que parce qu’ils n’ont plus de valeur à nos yeux, on peut donc dire qu’en quelque sorte ils ne sont plus risqués. Nous montrerons enfin que la recherche de la vérité nous conduit à prendre en effet un risque suprême car elle nous demande un engagement total, qui exige que nous dépassions le moment de la peur pour entrer vraiment dans le chemin vers le vrai, où plus aucun risque ne subsiste.
I. La recherche de la vérité est un risque face au pouvoir
Si un homme veut chercher la vérité, c’est qu’il ne l’a pas en sa possession, ou du moins n’en a pas l’impression. Chercher la vérité, c’est se mettre en quête, aller vers de l’inconnu, en sorte qu’il nous est impossible, par principe même, de savoir avec certitude si notre quête va réussir, et même, si ce qu’on trouvera, si on le trouve, répondra à nos attentes. Car finalement, je peux me mettre en quête d’un trésor en sachant ce qu’est la richesse, mais puisque la vérité me semble encore inconnue, je ne peux pas savoir ce que sera sa possession, s’il m’est jamais donné d’en jouir.
C'est pourquoi la recherche de la vérité semble constituer une démarche risquée, je mets dans la balance quelque chose de certain, ce que je tiens entre les mains, pour quelque chose d’incertain - c’est le fait de toute quête, mais ce point semble plus aigu lorsque la vérité est l’o