Attila József, Le Miroir de l'autre - « Ce n'est pas moi qui crie »

L'analyse linéaire pour l'oral du bac de français.

Dernière mise à jour : 01/07/2024 • Proposé par: kidzo gt (élève)

Texte étudié

Ce n’est pas moi qui crie, c’est la terre qui gronde.
Attention, attention, le diable est devenu fou!
Blottis-toi au creux des sources,
colle-toi contre la vitre,
cache-toi derrière les feux des diamants,
sous des pierres, parmi des insectes,
oh, cache-toi dans le pain à peine sorti du four,
Ô toi, mon pauvre,
pénètre dans la terre avec l’averse fraîche
C’est en vain que tu plonges ta face en toi-même,
tu ne peux la laver que baignée en une autre.
Sois la mince nervure d’une herbe,
et tu seras plus grand que l’axe de ce monde.

Ô machines, oiseaux, frondaisons, étoiles,
notre mère stérile, en suppliant, réclame des enfants.
Ainsi, ô toi, mon pauvre,
que ce soit terrible ou bien merveilleux,
Ce n’est pas moi qui crie, c’est la terre qui gronde.

Attila József, Le Miroir de l'autre - « Ce n'est pas moi qui crie »

Attila József, un poète hongrois célèbre pour ses œuvres profondément introspectives et socialement engagées, est l'auteur du poème "Ce n’est pas moi qui crie".

Connu pour son style poétique qui mêle émotions personnelles et préoccupations collectives, József utilise ici sa plume pour transmettre un message puissant sur la détresse de la nature et la nécessité d'une reconnexion avec elle. Ce poème se caractérise par son utilisation habile de figures de style pour exprimer des thèmes environnementaux et existentialistes.

Problématique

Comment Attila József exprime-t-il la détresse de la terre et l'urgence de la reconnexion avec la nature dans ce poème ?

I. Les deux premiers vers : une alerte globale

Le poème s'ouvre sur une antithèse forte : ce n'est pas le poète qui exprime sa douleur, mais la terre elle-même. La personnification de la terre, qui « gronde », crée une image sonore puissante de la nature en colère.

L'usage de la répétition « attention, attention » renforce l'urgence de l'alerte, tandis que l'allégorie du « diable devenu fou » symbolise une force maléfique et incontrôlable, suggérant un chaos environnemental.

II. Les vers 3 à 8 : des conseils de protection

Ces vers proposent diverses formes de refuge face à la menace. Les métaphores « au creux des sources » et « contre la vitre » évoquent des endroits de pureté et de transparence.

L'accumulation d'images naturelles et rassurantes, comme les « feux des diamants », « les pierres », et « les insectes », souligne la proximité et la sécurité que l'on peut trouver dans la nature. Le « pain à peine sorti du four » est une métaphore chaleureuse et humaine, représentant le confort et la subsistance.

III. Les vers 9 à 13 : un appel à l'humilité et à l'interconnexion

Le poète s'adresse à « mon pauvre », un terme affectueux et empathique, signifiant peut-être toute l'humanité. L'invitation à pénétrer « dans la terre avec l’averse fraîche » utilise une métaphore d'immersion pour illustrer la connexion intime avec la nature.

L'idée que « tu ne peux la laver que baignée en une autre » renforce le thème de l'interdépendance humaine et environnementale. La comparaison « Sois la mince nervure d’une herbe » souligne l'humilité et la simplicité, qui peuvent mener à une grandeur spirituelle surpassant « l’axe de ce monde ».

IV. Les vers 14 à 17 : la stérilité de la mère terre et l'appel à la procréation

La terre, décrite comme une « mère stérile », utilise une métaphore pour évoquer la crise écologique et la stérilité causée par l'activité humaine. L'accumulation « machines, oiseaux, frondaisons, étoiles » crée une synecdoque englobant tous les éléments du monde naturel et artificiel, appelés à reconnaître la situation désespérée.

Le contraste entre « terrible ou bien merveilleux » souligne la dualité de la condition humaine face à cette crise écologique.

V. Le dernier vers : la répétition pour une conclusion solennelle

En répétant le premier vers, le poème boucle sur une note solennelle et incantatoire, renforçant l'idée que le cri est universel et que l'alarme lancée est constante et inévitable.

Conclusion

"Ce n’est pas moi qui crie" est un poème qui utilise une variété de figures de style, telles que la personnification, l'antithèse, la métaphore et l'accumulation, pour exprimer l'urgence écologique et la nécessité d'une reconnexion profonde avec la nature.

Attila József, à travers ce poème, sert d'intermédiaire entre la terre en détresse et l'humanité, appelant à une prise de conscience collective et à un changement radical de comportement.