Dans ce 9ème paragraphe des Première Méditations Métaphysiques , Descartes cherche un moyen de remettre en cause les vérités rationnelles qui jusqu'alors résistent au doute. Le doute va alors devenir hyperbolique, excessif car Descartes va tenter de remettre en doute ce qui s'impose à l'esprit comme vrai, c'est à dire ce qui se présente comme indéniable et indubitable. Seul un argument métaphysique est alors capable de remettre en cause des vérités rationnelles ce qui explique la mise en place par Descartes de l'argument du Dieu trompeur. Nous allons voir dans un premier tps, comment Descartes expose l'argument d'un Dieu trompeur qui lui permettrait de remettre en cause les évidences rationnelles, puis dans un 2nd tps nous allons voir de quelle manière l'argument de la souveraine bonté de Dieu vient contrer l'argument du Dieu trompeur.
Tout d'abord Descartes énonce qu'il possède une opinion de Dieu L2 "j'ai dans mon esprit une certaine opinion, qu'il y a un Dieu", c'est à dire qu'il ne possède de Dieu qu'une connaissance vraisemblable, composée, dont on ne peut déterminer le degré de vérité. Descartes va tout d'abord mettre en avant l'hypothèse d'un Dieu tout puissant, omnipotent c'est à dire "qui peut tout", qui sait tout et qui est la cause même de son existence "et par qui j'ai été créé et produit tel que je suis".
Un problème nouveau se pose à Descartes avec le"or"l4 qui apparaît. Descartes va alors exposer l'hypothèse d'un Dieu trompeur : qui ne cesse de vouloir faire qu'il se trompe. Descartes se pose en effet de nombreuses questions "qui me peut avoir assuré que ce Dieu n'ait point fait qu'il n'y ait aucune terre, aucun ciel, (...) et que néanmoins j'aie les sentiments de toutes ces choses et que tout cela ne me semble point exister autrement que je le vois?"(l4-9) Dieu étant omnipotent, il peut par conséquent faire ce qu'il veut des sentiments de Descartes : il peut faire qu'aucun ciel, aucun corps, aucun lieu, aucune figure, c'est à dire qu'aucune matière, qu'aucun objet sensible, n'existe et que pourtant Descartes soit certain que ces objets sensibles existent.
Descartes part d'une observation qu'il a faite l9"comme je juge quelque fois que les autres se méprennent, même dans les choses qu'ils pensent savoir avec le plus de certitude"( il fait ici référence au bâton rompu dans l'eau : ce n'est pas le toucher qui corrige l'illusion d'optique mais bien l'entendement contrairement à ce que croit avec certitude l'opinion ). La certitude n'est donc pas le critère seul de la vérité, puisqu'on peut être certain et être dans le faux. C'est à partir de ce constat que Descartes remet en cause toutes ces certitudes. Bien qu'il soit certain que deux et trois font 5, Dieu peut faire que Descartes se trompe en additionnant 2 et 3 ou encore en nombrant les côtés d'un carré, qui sont pourtant des évidences indubitables, rationnelles.
Enfin l'argument de la souveraine bonté de Dieu apparaît et avec lui l'abandon de l'argument du Dieu trompeur. En effet Dieu ne peut pas vouloir me tromper puisque se tromper est de l'ordre d'une imperfection or Dieu est parfait : il ne peut vouloir le mal. Descartes avait tout d'abord oublié cet argument de la toute bonté de Dieu : il n'avait alors qu'une connaissance composée, qu'une idée confuse de Dieu "qu'une opinion"comme il le dit lui-même au tout début du paragraphe. Cependant même si Dieu ne permettrait pas à Descartes qu'il se trompe toujours, il ne semble pas impossible que Dieu permette qu'il se trompe quelquefois : Descartes réfute tout de suite cette hypothèse "et néanmoins je ne puis douter qu'il ne le permette".
Descartes met en évidence l'hypothèse d'un Dieu trompeur, afin de pouvoir remettre en cause les vérités rationnelles. Cependant cette hypothèse est immédiatement contrée par l'argument de la souveraine bonté de Dieu : Dieu ne peut vouloir le mal, il est parfait et vouloir le mal relève d'une imperfection, d'une indignité. Les évidences rationnelles ne sont donc toujours pas réfutées à l'issu de ce 9ème paragraphe.