Introduction
« Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse en même temps valoir comme principe d’une législation universelle » : selon Kant, notre moralité doit être en accord avec un ensemble de règles de conduite établies en fonction d’une évaluation, devant être considérée comme universellement valable, du Bien et du Mal. Agir moralement, c’est prendre des décisions qui paraissent universalisables. Cependant, dans un souci d’universalisation de nos actes (« est-ce que le monde approuverait mon choix ? »), on peut être amené à agir en accord avec sa raison et sa conscience, mais contre ses envies. La question qu’on se pose est donc : la moralité, est-ce se contraindre soi-même ? Pour les uns, une morale orientée vers le seul bien-être et la liberté semble insuffisante, doit-elle donc être contraignante par essence ? Ou est-elle propre à chaque individu, faisant partie de principes qui résultent donc non contraignant ?
La moralité consiste à se contraindre soi-même
- si on considère que l’absence de règles de conduite assure la liberté, alors la moralité nous restreint, car il y a des règles de conduite partout.
- l’exigence morale se présente à la conscience sous forme de devoir, d’obligation. On se sent tenu de faire notre devoir, même s’il va à l’encontre de notre intérêt, à nos passions ou à notre nature. Mais si la conscience se reconnaît soumise à un principe extérieur et supérieur à elle-même, d’où vient ce principe ? D’une « conscience collective », selon le terme d’Emile Durkheim, dont notre propre conscience n’est qu’un écho : le devoir moral est collectif, puisque généralement, il s’impose à tous les membres d’un groupe. Il en résulte contraignant, car il émane de la société et pèse sur l’individu.
- l’individu peut ne pas être au clair avec sa conscience, considérer qu’il a fait un choix qui va à l’encontre d’une conduite morale. Cependant, si ce choix est fait en toute connaissance de cause, c’est que l’individu a décidé de ne pas se contraindre. Cela faisant, il passe outre une moralité qui, vraisemblablement, ne semble pas être sienne mais qu’il considère cependant. C’est une conscience morale résultant de l’éducation : l’enseignement de certaines valeurs morales, comme « ne pas mentir », est imposée dès le plus jeune âge comme un devoir moral universel. En montrant le besoin de passer outre cette éducation, l’individu fait apparaître le fait que cette « moralité éducative » le contraint.
- l’exigen