Molière est un des plus grands dramaturges comiques du XVIIème siècle. En 1673 sa troupe joue Le Malade imaginaire au Théâtre du Palais Royal, c’est une comédie-ballet. Molière y critique la médecine et en fait une satire, à travers ses personnages comiques.
Argan le personnage principal est un hypocondriaque et il cherche à marier sa fille Angélique au fils d’un médecin pour couvrir ses frais. Mais Angélique est amoureuse de Cléante qui l’aime en retour, et Toinette, la servante va les aider à détourner les idées d’Argan.
Le texte
L’extrait choisi est l’Acte I Scène I, la scène d’exposition, qui est en fait un monologue d’Argan, le personnage principal.
La problématique
Comment la scène d’exposition permet à Molière de présenter à travers Argan le thème principal de la pièce : la médecine?
Les mouvements du texte
I. Examen des factures de l’apothicaire
II. Angoisse de la solitude d’Argan
I. Examen des factures de l’apothicaire
a) Un monologue autour du thème de l'argent
Argan est seul dans sa chambre, il crée un dialogue imaginaire entre lui, son médecin et son apothicaire. Il fait les comptes de ses frais médicaux du mois et il y prend plaisir: une idée originale pour un monologue. Argan y discute les prix, en refuse le paiement et négocie en proposant à quatre reprises un rabais.
L’argent prend une place importante, il y consacre des phrases entières qui ne consistent que de nombres. Argan négocie aussi de lui-même les prix. Argan parle également de vocabulaire médical: Il évalue sa maladie en la comparant aux prix proposés et en négociant ses derniers pour ne pas tout payer.
b) Un passage comique
C’est un épisode comique. Ce mouvement montre un personnage narcissique, atteint d'une folie douce hypocondriaque et despote à la fois, car tous doivent se soumettre à son désir obsessionnel. C'est un personnage aux revirements surprenants dans son comportement, ce qui lui confère un autre aspect comique, par la surprise qu'il produit.
En répétant le vocabulaire médical qu’il entend notamment des médecins, on remarque une partie de la critique que c’est incompréhensible, il ne fait que répéter les mots des médecins en accumulation. Les traitements sont définis par des adjectifs qualificatifs qui se veulent savants alors qu’ils n’ont pas toujours de sens.
c) La médecine, un prétexte
Pas une seule fois dans le monologue on ne cite la maladie, le monologue ne consiste que des additions de factures. Argan continue seul à calculer le total de ses différentes factures; il explique la raison de ses médicaments et il négocie toujours le prix en montrant s’il est ravi ou pas à travers le dialogue imaginaire entre lui et son apothicaire, qui n’est donc même pas présent.
Au total il y a 8 potions et 4 lavements. Le paradoxe tient au fait que cela l’inquiète au lieu de lui faire plaisir : « si je ne me porte pas si bien ce mois-ci, que l’autre ». Il s'agit d'une satire de la médecine : l’exagération des traitements met en ridicule la médecine, ainsi que le malade.
II. Angoisse de la solitude d’Argan
a) Un personnage autoritaire
Le client est roi, comme le malade est roi. Argan se veut sujet de la médecine, et use intempestivement sa clochette pour appeler sa servante, sans aucune patience. Cette mécanique, doublé de l'énonciation à voix haute du son de la clochette « drelin », confèrent un caractère comique et extravagant à la fin de l'extrait.
C'est bien ce qu'on a pu voir dans cet extrait: un Argan capricieux et autoritaire, qui passe du plaisir fou à l'angoisse paranoïaque d'hypocondriaque.
b) Un personnage impuissant
Le malade imaginaire est démasqué, aux yeux du spectateur, grâce à la double énonciation. L'écriture de l'extrait, en prose, accentue l'effet d'accumulation, du flot de paroles et de calculs ainsi que la nervosité du personnage.
« Ils me laisseront ici mourir »: l'hyperbole démontre la peur de la mort et de la solitude. Il s’enrage quand personne ne répond à sa sonnerie et il commence à crier ce qui fait un effet comique.
Conclusion
C’est ainsi à travers l’hypocondrie d’Argan, que Molière dévoile le thème principal de la pièce, à savoir la satire de la médecine. Cette scène d’exposition permet, grâce au monologue, de mettre en scène le personnage principal et son caractère obsédé par les soins et l'argent, mais aussi au fond sa grande naïveté et son impuissance.