Agir c’est savoir ce que l’on fait, c’est viser un objectif, au moyen d’une intention et se maîtriser en corrigeant son action. Il semble alors que la conscience soit la seule instance à pouvoir intervenir ; contrôler chacun de ses agissements et de ses gestes. Agir est par conséquent réaliser une action de manière volontaire. En suivant ce raisonnement, il semble donc que l’inconscient n’ait aucune place dans l’action puisqu’agir suppose un « je » conscient de ce qu’il fait. Toutefois les neuroscientifiques ont réalisé des études qui démontrent que seulement environ 5% de nos capacités cognitives sont conscientes ; telles que nos décisions, nos émotions, nos actions, comportements. Par conséquent, les 95% restants sont générés dans l’inconscient. Il apparaît donc qu’il est possible d’agir inconsciemment, c’est-à-dire de réaliser des actions que l’on n’explique pas, probablement venant d’idées refoulées, que l’on a fait taire, que l’on essaye de minimiser ou encore que l’on cache.
En réalité, tout cela continue de travailler activement, à vivre en nous voire parfois à s’exprimer malgré nous. Ainsi en quoi une action peut-elle être réalisable indépendamment de la volonté de l’homme ? Dans une première partie, nous verrons que l’action ne peut se réaliser indépendamment de la conscience pour ensuite mettre en lumière les failles de cette évidence d’action consciente qui laisse place à des actions qui échappent à l’esprit humain. Enfin nous nous questionnerons sur l’évolution psychologique que peut entraîner cette découverte ainsi que la responsabilité du sujet face à cette action contrôlée par l’inconnu.
I. L’action ne peut se réaliser indépendamment de la conscience
Lorsque je dis « j’ai agi », le « je » est actif et il me désigne en tant que sujet donc serait ce qui guide mon action. L'homme est un sujet pensant et conscient, capable d’agir. C'est pourquoi Descartes, au 18e siècle, affirme la thèse du libre arbitre, c'est-à-dire la faculté qu’aurait l'être humain à se déterminer librement, de penser et d'agir seul. Pour lui la vie psychique se résume tout entière à la conscience et ce qui définit l’être humain c’est avant tout sa pensée. En effet, selon Descartes, on ne peut pas totalement se fier à nos sens, mais la seule chose dont on puisse être absolument certain, c’est que l’on pense. Lorsque je rêve, ce que je vis n’est pas réel, mais le fait que je rêve est une réalité. Ainsi, selon lui, le moi est la conscience ; puisque l’homme