Le Horla est une nouvelle réaliste naturaliste. Cette œuvre relate une période de la vie de Maupassant. Cet écrivain, bien imprégné dans son siècle le XIXe, va nous embarquer dans un récit fantastique ancré dans un espace réel. À travers la richesse de son vocabulaire et à sa démarche empirique, on va être témoin de la genèse de la folie du narrateur, voire la démence de l’auteur lui-même.
Alors, en quoi ce passage décrit-il une nouvelle phase de l’évolution de cette démence ? Et quels sont les procédés déployés dans la narration et que traduisent-ils ?
I. Une narration rationnelle
Étant profondément perturbé par la scène de la veille, le 6 août (scène de la rose et le début des doutes sur son état mental), le passage du 7 août s’ouvre sur un narrateur serein et résigné. La narration dans le Horla traduit l’état d’âme du narrateur « J’ai dormi tranquille » par l’emploi du « je », et le verbe au passé composé ; l’énonciation ici renforce le choix de la focalisation interne.
« Il a bu l’eau de ma carafe », il c’est le personnage invisible de l’œuvre ; qui a remplacé le « on ». Le narrateur dans l’ouverture de ce passage est dans l’acceptation qu’un être invisible le côtoie « ,mais n’a point troublé mon sommeil ». La négation et le verbe au passé composé montrent qu’il a baissé les bras dans cette bataille qu’il s’est livrée lui-même et ainsi déclare la paix. Le narrateur est une personne très raisonnée et toujours dans l’introspection: « Je me demande si je suis fou ». Un postulat avec une phrase déclarative où il n’a pas employé le point d’interrogation. Il va procéder, comme à l’accoutumée, à la démarche scientifique et par la suite aux explications afin de convaincre ou influencer un potentiel lecteur : « En me promenant, tantôt au grand soleil, le long de la rivière, des doutes me sont venus sur ma raison, non point des doutes vagues comme j’en avais jusqu’ici, mais des doutes précis absolus ». On remarque qu’il est dans la démarche scientifique, même dans les doutes. Les doutes ne sont généralement ni précis ni absolus. L’utilisation d’un oxymore montre une contradiction.
Maupassant, un fidèle des séances thérapeutiques du professeur Charcot, va sortir de son état pour nous parler de ce qu’il a vu, et disserter à travers une narration pragmatique digne d’un écrivain érudit, héritier du siècle des Lumières et influencé par le courant positiviste : il n’y rien q