Peut-on comparer l'histoire de l'humanité à l'histoire d'un homme ?

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Dernière mise à jour : 10/11/2021 • Proposé par: cyberpotache (élève)

Il est fréquent que l'on fasse allusion à une "enfance de l'humanité" pour désigner les débuts de l'histoire humaine. Au-delà d'une simple et banale image, cette formule peut-elle générer une explication satisfaisante de l'évolution de l'humanité dans son ensemble ? Lorsque Kant assimile les Lumières à la maturité, sous-entend-il que toute l'histoire de l'humanité peut être comparée à l'histoire d'un homme ?

I. La comparaison est tentante

La comparaison n'est pas seulement possible. Elle a été soutenue - par exemple par Pascal. On devine ce qui, dans une telle image, peut rassurer: n'a-t-on pas le sentiment de parvenir à y maîtriser, par référence à un domaine que l'on croit comprendre (l'histoire d'un homme) un domaine dont l'ampleur a de quoi d'abord dérouler. Ainsi ramènerait-on, comme on le fait souvent, l'inconnu au connu, ou du moins au prétendu tel.

Car le second terme de la comparaison est étonnamment flou : il ne s'agit que de l'histoire d'un homme en général, et non d'une biographie particulière. Il ne suggère en conséquence qu'une vague périodisation : naissance, enfance, adolescence, maturité, vieillesse... On peut immédiatement remarquer que la naissance de l'humanité ne peut être, pour ce qui la concerne, comparée à celle d'un homme que de manière doublement approximative, puisque d'un côté on voit mal quels pourraient être ses "parents" (d'où le recours éventuel au principe de la création de l'humanité par Dieu), et que d'autre part la formule n'a de signification stricte que pour une pensée radicalement indifférente aux théories de l'évolution et à l'anthropologie préhistorique, qui affirment l'émergence progressive d'une humanité se distinguant peu à peu d'espèces antérieures ou voisines - ce qui n'a rien à voir avec la brièveté d'une "naissance".

Mais, à l'autre bout de l'histoire, on peut aussi remarquer que ce qui, dans l'histoire d'un homme, est prévisible comme vieillesse et mort, n'est guère envisagé par l'histoire de l'humanité. Lorsque Valéry affirme le caractère mortel des civilisations, ces dernières désignent non pas l'humanité dans son ensemble, mais certains de ses aspects ou certaines de ses réalisations. A quoi on peut ajouter que, même s'il semble possible - sinon "logique" - d'envisager une disparition de l'humanité dès lors qu'on en repère une émergence, ce qui distingue une telle disparition de la mort d'un homme, c'est au moins l'incapacité où l'on se trouve d'en situer l'échéance : la mort d'un homm

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