Intérêt philosophique du sujet
Ce texte compare l'enfant et l'artiste tous deux dans l'action, l'un étant dans la récréation, l'autre dans la création. De cette comparaison, Bergson va tirer l'idée que le temps est invention ou il n'est rien du tout.
Si en apparence, on peut estimer qu'il y a un temps de maturation du travail aussi bien chez l'enfant que chez l'artiste, en réalité seul le temps de la création a une efficacité propre - Le premier n'étant que déploiement de ce qui existe déjà.
On analysera ici particulièrement l'idée du temps qui n'est pas réductible à une dimension subjective. Et le rôle de l'imagination, dans sa double acception : faculté reproductrice d'images et créatrice de formes.
I. Premier temps
De "Quand l'enfant s'amuse à..." à "...elle n'exige aucun temps.".
Bergson utilise l'exemple du jeu de l'enfant qui se récrée, afin de montrer que le temps n'est pas constitutif de la reconstruction. Reconstruire ce qui est déconstruit et qui donc a déjà été construit peut prendre plus ou moins de temps suivant l'habilité acquise, mais ce temps utilisé pour reconstruire est contingent du point de vue du résultat. Le temps n'est pas constitutif de la reconstruction elle-même puisque cette dernière préexiste à son actualisation avant d'avoir une reconstruction, on a une construction. L'idée finale préexiste à la construction elle-même.
Le temps de la reconstruction n'est pas constitutif de cette dernière. Dans la reconstruction le temps n'est pas créateur. Il n'est pas ce qui permet de faire advenir à l'être dans la mesure où cet être est en puissance avant même la reconstruction.
Objection: Pourquoi le temps de la reconstruction n'est il pas essentiel à cette dernière, dans la mesure ou il faut du temps pour reconstruire ? Le temps dont parle Bergson est-il le temps chronologique où le temps logique, le temps spatial du changement ou bien un temps plus subjectif, plus intellectuel, le temps d'une pensée. Pourquoi et comment Bergson peut-il poser que la reconstruction "n'exige aucun temps", peut même être instantanée dans la mesure où cela semble consommer du temps que de reconstruire.
II. Deuxième temps
De "C'est que le résultat en est donné..." à "...au point d'être instantané.".
Ce qui est instantané c'est l'image que l'on a de ce qui est à reconstruire. Ce que l'on a instantanément c'est l'idée imagée. Cela ne prend aucun temps pour la produire pui