Intérêt philosophique du sujet
Ce texte permet d'éviter la position classique quant à l'existence ou pas d'un langage (et d'une) pensée animale. Il déplace les données du problème (exemple, Descartes, Discours de la méthode V ou Lettre au marquis de Newcastle). L'enjeu est de comprendre et d'accompagner le caractère ouvert du signe humain, par différence avec le caractère clos du signe animal.
La pierre de touche entre les deux signes est le caractère de "transposition" du signe humain. Cette idée d'un signe transportable recoupe strictement le concept grec de métaphore qui veut dire déplacement, transport. En terme de résultats, le caractère arbitraire du signe proprement humain scelle la supériorité de l'homme sur l'animal.
Contresens à éviter
- Ne pas s'engager dans une apologie héroïque du langage animal.
- Ne pas symétriquement passer la copie à éreinter un pseudo langage animal. Là n'est pas la question.
I. La différence de langage entre humains et animaux tient à leur situation
Le texte fait reposer la différence de nature entre langage humain et langage animal sur leur propre différence de situation: une fois l'espèce des fourmis constituée, elles n'auront à communiquer qu'au sujet d'actions ou d'opérations toujours les mêmes.
La différence dans le cas de l'homme est qu'il crée lui-même une infinité d'actions et de situations "la fabrication et l'action sont de forme variable", et que d'autre part l'enfant humain doit lui-même inventer sa position dans le monde symbolique humain: "Chaque individu doit apprendre son rôle, n'y étant pas prédestiné par sa structure". Le monde humain se caractérise donc par son coté indéterminé, variable à l'infini: c'est un monde culturel dans lequel choses, situations, valeurs, rôles sociaux ne sont pas définis une fois pour toutes mais sont constamment réinterprétés.
Au contraire le monde animal se caractérise par sa fixité et son absence de variation (cf. Pascal préface du Traité du vide). C'est à cette différence de nature que Bergson rapporte la différence de langage: l'animal n'a pas de distance à l'égard de son monde, qui n'est fait que d'"objets" ou d'"opérations" toujours les mêmes. C'est ainsi que Bergson explique la place dans le monde animal de la notion de signification. "Le signe est adhérent à la chose signifiée". Le signe chez les fourmis renvoie immédiatement à une chose ou à une action. L'ani