La philosophie, que l'on peut définir comme étant une réflexion visant à proposer une interprétation de l'existence humaine, met souvent en avant la question du bonheur qui constitue une des préoccupations majeures du philosophe. Etat durable de plénitude et de satisfaction, il est considéré comme le but ultime de toutes nos actions. Mais c'est dans sa conception qu'il suscite la controverse. Si seul l'usage de la raison, c'est-à-dire la faculté de bien juger, peut permettre le bonheur pour certains, d'autres affirment au contraire que raison et bonheur sont incompatibles. Mais la condamnation des passions au nom de la raison est-elle souhaitable ? En d'autres termes, la raison est-elle garante du bonheur humain ?
Si la raison peut, dans une certaine mesure, conduire au bonheur, ce que nous verrons dans une première partie, nous constaterons qu'elle n'en est pas une garantie.
I. La raison peut, dans une certaine mesure, conduire au bonheur
Tout d'abord, voyons que la raison peut nous apporter le bonheur.
L'homme est naturellement corrompu par ses désirs, qui prédominent dans ses actes comme nous le rappelle d'ailleurs Hobbes dans son oeuvre majeure, Le Léviathan. Or, cette tyrannie exercée par nos désirs nous pousse dans une attente, une dépendance à l'égard des événements. Alors, comment être heureux si nous ne sommes pas libres mais que nous vivons constamment dans l'attente ? C'est là que la raison peut intervenir. La raison, par définition, est le pouvoir de distinguer le vrai du faux, notre capacité de raisonnement qui nous distingue de l'animal, et qui peut donc, surtout, nous permettre de prévoir. En en faisant le meilleur usage, je peux ainsi me détacher des désirs que j'éprouve : être raisonnable, c'est me consacrer uniquement à ce qui dépend de moi. Ainsi, user de sa raison permet de ne plus désirer, c'est-à-dire de ne manquer de rien. On a donc tout pour être heureux puisque l'on est libre. Telle est d'ailleurs la conception stoïcienne du bonheur : acquiescer à l'ordre du monde, s'accommoder de tout ce qui survient en dehors de nous. Dans Entretiens notamment, Epictète affirme par exemple : « Personne n'est maître de ce qui est important pour nous; et nous n'avons nul souci des choses dont les autres sont maîtres ».
Donc, la philosophie stoïcienne montre bien que la raison, véritable force d'âme du sage, est l'élément essentiel permettant de jouir pleinement du bonheur.
De plus, la raison joue un rôle prépon