Introduction
Il est difficile de savoir entre le désir et la liberté ce qui est premier ou nécessaire à l’existence humaine tant les deux sont des données fondamentales pour comprendre l’homme. Selon Spinoza, l'homme est défini non par la raison mais par le désir : « Le désir est l'essence même de l'homme. » Quant à la liberté, elle n'est qu'une illusion issue d'une fausse conception de l'acte volontaire : c'est l'ignorance des causes qui nous déterminent qui engendre cette méconnaissance. Comment concilier le désir et la liberté qui est lucidité, réalisme ? Comment dépasser ces antagonismes ?
I. Comment concilier le désir et la liberté qui est lucidité, réalisme ?
Selon l’Ethique de Spinoza : l'homme n'est pas un être de connaissance, mais un être de désir. Spinoza l'affirme à plusieurs reprises: « L'essence de l'homme est le désir. » Le fondement (et le sens) de ce désir est à la fois naturel et actif : c’est l’effort pour persévérer dans l’être. Spinoza renverse encore une fois l'ordre des termes : ce n'est pas pour connaître que l'homme désire (comme chez Platon) ; c'est pour étendre son désir que l'homme s'efforce d'imaginer ou de connaître. Le désir n'est pas pour Spinoza le domaine inférieur de la sensibilité, qui serait source du mal et de l'esclavage et qu'il conviendrait de réprimer par la raison et la morale. Cette perspective platonicienne et kantienne est à placer à l’opposé du spinozisme. Ici, au contraire, le désir est le mouvement existentiel du corps et de l'esprit ; c'est un mouvement unique. Les passions et les sentiments, ou plutôt les affects ne sont rien d'autre que la conscience des transformations du corps, l'idée des affections du corps. Mais comme le pouvoir qu'il manifeste peut aller en s'accroissant ou en diminuant, l'homme peut vivre la joie ou au contraire la tristesse, bien qu'il poursuive essentiellement toujours la réalisation et la perpétuation de son désir, c'est-à-dire la joie. De ces deux « passions » fondamentales découleront tous les affects humains : amour, générosité, courage, ou bien, au contraire, envie, haine, jalousie, ambition. C'est ici que peut enfin se situer le problème de la liberté. L'esclavage, la servitude comme dit Spinoza, n'est pas le fait du désir, mais de la passion. Or la passion n'est pas définie par le corps et la sensibilité, mais par le fait qu’elle se base sur des règles reçues de l’extérieur et par l'illusion ; un affect est une passion s'il im