Cette question peut au premier abord paraitre choquante dans la mesure où elle insinue l’idée selon laquelle la société serait capable de vivre sans règles imposées par une autorité gouvernante supérieure. Or le mot même de « société » est tout à fait dépendant de celui d’ « Etat ». En effet, sans autorité extérieure légitime, une société ne peut exister, de même dans le sens inverse : un Etat n’a d’existence et de sens qu’avec la présence d’une société, d’un peuple à diriger ou du moins à conseiller. Cette interrogation reviendrait à poser cette question : la société peut-elle être sans Etat, est-il possible qu’elle puisse s’émanciper de l’autorité qui la gouverne et qui lui donne même son existence ? On peut affirmer que non en ce sens que la disparition de l’Etat entrainerait celle de la société : cette dernière serait remplacée par l’anarchie, un monde de non-règle qui reviendrait à remettre en place la situation des premiers hommes : celle de la loi du plus fort. L’Homme sans aucune règle ni loi se laisserait aller à ses pulsions, prenant exemple sur ses semblables. Mais l’existence d’une société est-elle forcément dépendante d’une autorité supérieure fixant les règles ? On peut effectivement penser qu’une fois émancipée, la société pourrait subsister et se comporter tel qu’elle le fait depuis des centaines et des centaines d’années, c'est-à-dire vivre de manière paisible avec ses semblables. De plus, la disparition de l’Etat entrainerait un regain de la volonté générale de vivre de manière harmonieuse : désormais sans autorité suprême qui lui dicte ce qu’il doit faire, l’Homme suivrait à la fois son intérêt particulier et la volonté générale. Il serait ainsi son propre gouverneur et égal à tout autre Homme.
I. Une société sans Etat ne peut subsister
Une société sans Etat : qui n’y a jamais pensé, au moins de façon frivole ? L’idée de disparition de l’Etat revient en effet souvent chez l’Homme, le jugeant soit injuste, soit trop stricte ou encore totalement illégitime. Si l’on peut effectivement penser une société sans Etat, il est impossible pour l’Homme de la concevoir et de la créer. Si l’on se retourne vers le passé, on peut ainsi se rendre compte que les plus grandes réussites de l’Histoire se sont faîtes avec la présence d’un Etat : l’Empire Romain en est l’un des exemples les plus flagrants. A l’opposé, on peut s’apercevoir que les modèles anarchistes n’ont jamais laissé grande trace positive dans l’Histoire. Le mot même de sociét