Dans quelles conditions peut-on désobéir aux lois de l'Etat ?

Je suis en Terminale S. Plan en trois parties :
I. L'Etat a t-il une légitimité absolue ?,
II. Notre morale a t-elle tous les droits ?,
III. Peut-on concilier une vie de droit et de conscience ?.
Copie entièrement retranscrite. Note obtenue : 12/20.

Dernière mise à jour : 16/03/2021 • Proposé par: Cynthioun1996 (élève)

Le droit est ce qui limite nos libertés afin que l'on ne se tue pas les uns les autres. En effet comme le démontre Hobbes, une société où règne l'état de nature, ne serait pas vivable car les hommes seraient en permanence en conflit les uns avec les autres : "Dans l'état de nature l'homme est comme un loup pour l'homme", Du Citoyen.
La loi est donc notre fil conducteur car elle nous permet, nous interdit, nous "contrôle" et nous formate. La justice étant son représentant "physique" puisque c'est grâce à elle que l'on peut être sanctionner en cas de non respect.
"Pouvoir" désobéir est donc possible mais avoir le "droit" de désobéir est un contre sens à la propre définition de désobéir. Parfois notre propre conscience nous mène à juger les lois, à nous en faire notre propre opinion et c'est elle-même qui nous porte à la désobéissance. Cependant ce jugement est subjectif, non universel, et si tout le monde suivait sa propre pensée, ce serait contraire au droit, qui lui-même limite nos libertés. Ce serait alors un monde où tout le monde fait comme il l'entend.

Notre propre conscience (ou morale) peut-elle prendre le dessus sur les lois imposées par l'Etat ? L'Etat a t'il une légitimité absolue ? Notre morale a-t'elle tous les droits ? Peut-on concilier une vie de droit et de conscience ?


L'Etat est indispensable à la vie en communauté car s'il n'existait pas, les hommes vivraient dans leur état de nature et ce serait l'anarchie. La question est : sommes-nous obligés d'obéir aux lois de l'Etat ? Oui, car c'est la principe même de la condition de l'homme en société ! C'est le prix pour une vie sereine et une harmonie entre les personnes.
Pour Hobbes, la seule façon de fonder l'obéissance des lois est de faire admettre à la population, que l'Etat (la société) est le fruit d'une association humaine.
En effet, dans son Léviathan, Hobbes va nous montrer que l'Etat va devoir trouver une force supérieure à celle de la mort pour "tenir" les hommes. L'Etat représente le pouvoir POUR le peuple et non pas PAR lui. Le peuple va donc être amener à se rassembler et s'unir (alors qu'il n'est naturellement pas sociable) !
L'Etat va donc constituer simultanément l'unité du représenté (soit le peuple) et du représentant.
Mais comment assurer assurer la passage de la multitude en conflit à l'unité ?
C'est pour cela que va être créer le pacte de soumission qui va rassembler les hommes et où ils vont livrer leur droit de nature à une même personne : "J'autorise cet homme ou cette assemblée d'hommes et je lui abandonne mon droit de ma gouverner moi-même", Léviathan. Le souverain va alors concentrer tous les pouvoirs et une puissance incommensurable.
De même, la loi est juste car elle est instaurée par le souverain et parce que le souverain est reconnue comme le seul homme pouvant instaurer des lois. Donc la loi est juste (mais pas forcément légal) et réciproquement ce qui est juste est édicté par la loi. Souvent on ne réfléchit pas à la légitimité des lois car par définition la loi est juste alors que lorsque l'on nous suggère quelque chose, ou lorsqu'on nous donne un conseil, on réfléchis toujours s'il est bon pour nous de le faire.
Si l'on obéit aux lois positives c'est parce que si on ne le fait pas, une sanction sera prise contre nous et c'est de l'ordre du droit. En revanche si on obéit à une loi parce qu'elle nous semble légitime , c'est un cas de conscience et c'est donc de l'ordre de la morale.
Le droit est un facteur qui nous "oblige" à obéir à la loi alors que la morale nous pousse à réfléchir sur cette loi et juger de sa légitimité.

Nous avons accès à deux sortes de droit : le droit naturel et le droit positif. Ces deux droits se distinguent par le fait que le droit positif est variable au cours du temps et en fonction du lieu : c'est un droit fixé par un souverain (un Etat). Par exemple les droits en France ne sont pas les mêmes qu'en Angleterre ; de même nous n'avons pas les même droits qu'il y a mille ans.
Or le droit de nature est intemporels et universel. Par exemple, le fait de vouloir se garder en vie est un droit de nature car tous les hommes en sont pourvus, peu importe d'où et de quelle époque ils viennent : "Le droit de nature est la liberté à chacun d'user de son pouvoir propre pour la préservation de sa propre vie", Léviathan. Il a la même origine que le désir de puissance : préserver sa vie. Mais il n'est pas compatible à l'idée d'Etat car il privilégie l'égoïsme et la préservation de SA propre vie : "le droit de nature est un droit que les hommes ont sur toute chose et même les uns sur le corps des autres. C'est pourquoi, aussi longtemps que dure ce droit naturel de tout homme sur toute chose, nul aussi fort ou sage soit-il, ne peut être assuré de parvenir au terme du temps de vie que la nature accorde ordinairement aux hommes ", Hobbes.
C'est donc grâce au droit naturel que l'on peut juger le droit positif.

Si une loi est immorale, doit-on encore appeler cela une loi ? Car le but de la loi ainsi que du droit, est de créer une société où tous les hommes vivent ensemble dans le respect des libertés de chacun. Donc, est-il pertinent d'appeler "loi" un énoncé qui limiterait les libertés d'une communauté : par exemple, lorsque Hitler a mis en place les lois de Nuremberg qui ont eu pour conséquences d’accentuer l'exclusion de la communauté juive.
Dans ce cas le peuple a un droit de résistance car il exerce son droit de nature et se protège de la "loi" qui porte atteinte à son intégrité. Ici on peut qualifier le souverain de rebelle car il agit en son propre intérêt et ne représente plus la multiplicité : "Le rebelle n'est pas celui qui se révolte contre le souverain mais celui qui par la manière dont il use son pouvoir pousse les hommes à se révolter". Ce fut également le cas dans un événement plus récent qui est le printemps arabe : le rebelle est le président car il agit à sa guise et pour sa propre personne, alors que les personnes dans la rue ne demande que le respect des lois.
Cependant chez Hobbes, pour qu'il y ait droit de résistance, il faut que la vie de plusieurs soit en danger.
Il est donc peut-être important de se référer à la morale pour juger des lois, on pourrait même dire que c'est un devoir.
De plus, le droit et la loi sont présents pour assurer la liberté des hommes, donc par définition, on ne peut créer des lois pour restreindre les droits d'une population.
Il est donc évident que l'on ne peut isoler le droit de la morale car ce serait faire reposer le droit sur la force, or on vient de voir que ce n'était pas une solution.

Le devoir étant de l'ordre de la morale, supposant la liberté des hommes, on ne peut pas dire que nous sommes dans l'obligation d'obéir aux lois de l'Etat car si c'était le cas on ne pourrait plus appeler cela une loi car il s'agirait d'un effet de la force. Pour conclure on a le droit de désobéir aux lois à la condition que celles-ci ne nous symbolisent pas moralement ou quand elles sont injustes.