Après l'arrivée à Lisbonne de Candide et de Pangloss et le tremblement de terre, l'Inquisition condamne le disciple et le maître à un auto-da-fé pour quelque discours suspect, c'est sur cet extrait que nous allons nous pencher.
I. L'art du conteur : un texte narratif traditionnel
- Situation initiale (1er paragraphe) = imparfait présentation
Quand ? Après le tremblement de terre / • Où ? Lisbonne / • Qui ? "Les sages du pays", "l'université de Coïmbre" : les héros ne sont pas encore rentrés en scène : effet de surprise / • Quoi ? Un autodafé
- Péripéties (2e paragraphe) = passé-simple + articulation "en conséquence" on rentre dans l'action
variété dans les rythmes et la manière de raconter. Pauses descriptives : imparfait / prison / costumes
Contenu : Les supposés fautes des différents condamnés + Cérémonie
Chute en 1 seule phrase : Met en valeur l'inefficacité de l'action
- Situation finale (3e et 4e paragraphe) = Imparfait l'action s'immobilise
Pause par rapport à l'action : imparfait / contenu : style direct, de Candide faisant une rétrospective et un bilan de ce qu'il a subit.
II. Une ironie omniprésente
- 1er paragraphe
Les deux premières phrases sont redondantes (elles veulent dire la même chose) : phénomène d'insistance qui met en éveil sur le contenu de ces deux phrases.
• Antiphrase :"un bel autodafé" => ironie
• Périphrase par rapport à l'autodafé : "Le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu", "spectacle" => voyeurisme et "petit feu":antithèse = horreur
• "cérémonie" et "spectacle" sont mis sur le même plan : mélange le côté solennel et l'amusement pur. (Objectif : satisfaire le peuple et seulement cela)
- 2ème paragraphe
Absurdité des condamnations qui reposent toutes sur des apparences (parfois douteuses), on s'attarde sur des détails là où le lecteur attend plus une description de la psychologie des personnages.
Candide ne sait pas que le public connaît la signification symbolique des dessins
L'évocation de la prison à travers une périphrase élogieuse relève elle aussi de l'ironie.
"quoique ce ne soit pas la coutume" : commentaire ironique sur l'aspect innovant de cette nouvelle torture.
Le "en conséquence" analyse un lien de cause à effet qui n'a aucune raison d'exister. Ce n'est pas parce qu'on a décider d'un autodafé qu'on doit trouver des coupables : normalement c'est l'inverse.
Le connecteur temporel, "huit jours après", met en valeur une ellipse ; "Le même jour" : montre l'inefficacité de l'autodafé.
Dans ce passage, non seulement le narrateur raconte, mais en plus il prend une distance ironique qui nous oblige à voir ce passage comme un texte de dénonciation.
III. La dénonciation
A. Le fanatisme et l'intolérance
-> Arbitraire des arrestations qui sont basées sur des motifs qui sont purement et simplement des différences de culture et de religion.
-> Le dernier paragraphe nous ramène à l'horreur du châtiment qui a été un peu "gommé" dans le 2e paragraphe : accumulation : conséquences de l'horreur. Les derniers adjectifs : totalement ironiques quand ils présentent l'autodafé comme un acte religieux
B. La superstition
En quoi un autodafé peut empêcher la terre de trembler ? = pure superstition
C. L'optimisme (de Candide)
-> Dernier paragraphe : Le narrateur regarde de manière amusée les interrogation de Candide rapportées au style direct.
-> caractère emphatique des phrases soulignées par l'apostrophe en "Ô"
-> Répétition de la même structure dans les 3 phrases : ridicule et naïveté de Candide
Conclusion
On peut dire que l'intérêt de ce passage réside essentiellement sur deux points :
Voltaire est un maître dans l'art de la mise en scène et l'originalité constatée ici souligne que le mal métaphysique engendre des maux humains uniquement voulus par les hommes. Il est à noter également que l'on retrouve dans cet extrait l'ironie voltairienne qui nous est familière.