La question est tournée de manière à sous entendre que la recherche de la vérité est souvent intéressée, entreprise pour autre chose qu'elle même. Il était donc possible de mettre en avant dans un premier temps les buts, les intérêts matériels ou individuels qui sous-tendent la recherche de la vérité.
Le sujet ouvrait un large champ puisque la recherche de la vérité peut s'effectuer sur un terrain scientifique, personnel mais aussi sur le terrain relationnel( mensonge entre personnes).
Il fallait faire attention ici au verbe utilisé : le verbe « pouvoir ». Ce dernier a plusieurs sens qui orientaient la réflexion. Le premier sens de pouvoir est celui de la capacité ou la possibilité de faire ou d'être quelque chose. Le deuxième est un sens résolument tourné vers la moral : « avoir la permission moralement de faire ou d'être quelque chose ». Bien sûr ici, le premier sens du verbe était à privilégier, mais le sens moral pouvait vous servir, notamment dans une troisième partie ou dans la conclusion.
Risque : le sujet n'invitait pas d'emblée à répondre à la question « la recherche de la vérité doit-elle être désintéressée? » Cette question pouvait être abordée en troisième partie mais ce n'était pas la problématique principale/
Plans possibles : Ici nous avons commencé par développer que la recherche de la vérité est souvent orientée par des intérêts. Mais il était possible de dire 1) La recherche de la vérité est désintéressée 2) Mais elle est trop souvent régie pas des intérêts pratiques, économiques,.... 3) Cela nuit à la vérité
Introduction
La vérité est une valeur honorée dans nos sociétés. Depuis que nous sommes enfants, la communauté nous répète qu'il faut dire la vérité. Mais pourquoi la vérité est-elle toujours demandée et recherchée? Le terme de vérité est un terme difficile à appréhender, son sens fluctuant dans l'histoire de la philosophie.( Il vous fallait montrer ici que vous saviez que la vérité peut être définie de plusieurs manières mais vous appuyer sur un 1er sens pour débuter votre réflexion). Elle désigne l'adéquation entre une représentation et son objet. Ainsi, si je dis que la porte est rouge alors qu'elle est bleue, je ne dis pas la vérité puisque ma pensée et mes propos ne correspondent pas à l'objet, à la réalité. Dire que la vérité est recherchée, cela signifie qu'elle ne s'offre pas à nous d'emblée et que cela demande des efforts. Pourquoi les philosophes, savants entreprennent ces efforts, souvent décrits comme douloureux ? Le terme « désintéressé » désigne une absence d'intérêt personnel, intérêt matériel. Est-il possible de travailler, de faire des efforts pour trouver la vérité par amour de la vérité seulement ou retirons-nous des avantages de cette recherche ?
Il semble dans un premier temps la vérité soit recherchée en vue de maîtriser le monde, d'en retirer des bénéfices techniques ou psychologiques. Néanmoins, certaines disciplines de recherche n'ont pas d'application technique, ne sont pas concernés par l'argent. Les philosophes par exemple recherchent souvent la vérité sans demander de contrepartie.
I - La recherche de la vérité se fait pour répondre à des besoins
La vérité et la connaissance nous assure un pouvoir sur les choses
La vérité, dans le domaine scientifique, est souvent entreprise en vue d'intérêt pratique. Descartes voyait comme but à la science dans Le discours de la méthode, de rendre l'homme « comme maître et possesseur de la nature », dans l'espoir notamment de préserver la santé de l'homme.
Aujourd'hui, les recherches sont fortement liées à des intérêts économiques : une découverte génétique ou médicale peut entraîner des nouveaux médicaments, des nouveaux traitements,...
Possibilité de citer la définition de la vérité comme ce qui est utile : L'utilitarisme de John Stuart Mill
La vérité rassure
a) Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, l'inconnu fait peur. Evoluer dans un monde que nous ne connaissons pas inquiète et trouble l'âme humaine. Rechercher la vérité, c'est donc essayer de se rassurer.
« Ramener quelque chose d'inconnu à quelque chose de connu, cela soulage, rassure, satisfait, et procure en outre un sentiment de puissance. Avec l'inconnu, c'est le danger, l'inquiètude. »
b) Rechercher la vérité dans nos rapports avec les autres, c'est chercher à ne pas être trompé, à ne pas être volé. La société interdit le mensonge quand il nuit aux autres. Nous recherchons la vérité pour notre propre intérêt personnel.
La recherche de la vérité porte toujours l'espère d'une gloire personnelle
Le savant recherche une gloire par sa recherche mais aussi par sa découverte. Ainsi, Schopenhauer dans les préfaces de ses ouvrages s'adressent-ils à la postérité, sûr que son mérite et son talent vont appeler à honorer son oeuvre.
II - La recherche de la vérité n'apporte pas toujours d'avantages personnels et répond à une curiosité naturelle
L'histoire de la philosophie contredit cette notion d'intéressement
Beaucoup de penseurs dans l'histoire se sont voués à la recherche de la vérité, sans recherche d'avantages. L'exemple le plus frappant bien sûr est celui du père de la philosophie : Socrate. Il n'avait pas d'argent, n'essayer pas de se faire payer, essayer de faire prendre conscience aux citoyens d'Athène que leurs opinions n'étaient pas la vérité. Sa fin tragique( sa condamnation à mort) montre à quel point la recherche de la vérité, au-delà des opinions et des apparences, était pour lui plus importante que sa propre vie et ses propres intérêts.
La vérité définit comme recherche des choses dans leur essence amène à se détacher du monde sensible
La philosohie de Schopenhauer, par exemple, prône une recherche de la vérité qui mène le philosophe à se détourner complètement de la vie sociale, sensible, réelle. Celui qui cherche à voir comment les choses sont réellement est un contemplateur qui se détache de son corps jusqu'à en mourir. L'ouvrage de Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation, s'achève en effet sur un détachement absolu du contemplateur à la volonté de vie.
Dans un certain sens, Schopenhauer s'inspire de l'épisode de la caverne de Platon,( Livre VII de la République). Celui qui cherche la vérité, en sortant de la caverne, s'expose à la raillerie des autres personnes et n'est plus capable de s'adapter à la vie quotidienne.
Absence dans la recherche d'intérêt immédiatement
De plus, il est possible de mettre en avant le doute qui plane dans la recherche : beaucoup de savants cherchent à comprendre comment sont les choses, à les voir dans la vérité sans savoir si cela leur apportera une gloire, une application technique.
La recherche de la vérité ne découle pas forcément sur une découverte. L'intérêt ne peut donc pas être l'unique cause de cette recherche, sinon beaucoup de domaines tel que la philosophie, ou l'archéologie ne seraient pas étudiés.
La curiosité, un instinct naturelle à l'homme
Pour Aristote, c'est l'étonnement qui pousse l'homme à chercher la vérité. D'ailleurs la recherche de la vérité, qui s'incarne pour lui dans la philosophie, a débuté alors que les premiers besoin vitaux de l'homme ont été comblés.
« il est clair qu'ils poursuivaient la science en vue de connaître et non pour une fin utilitaire. Ce qui s'est passé en réalité en fournit la preuve : presque tous les arts qui s'appliquent aux nécessités, et ceux qui s'intéressent au bien-être et à l'agrément de la vie, étaient déjà connus, quand on commença à rechercher une discipline de ce genre. » in Métaphysique
III - La recherche de la vérité comporte un intérêt humain mais doit se méfier des intérêts purement économiques et matériels
La recherche de la vérité est accompagnée d'un certain plaisir
On ne peut pas prétrendre qu'il n'y aucun intérêt pour le chercheur. S'il cherche à comprendre les choses telles qu'elles sont, cela suppose qu'il y prenne un certain plaisir ou qu'il attache de l'importance à certaines questions. La recherche de la vérité suppose un amour de la vérité et donc un intérêt porté à celle-ci
Nietzsche : « Le désintéressement n'a point de valeur ni au ciel, ni sur terre ; les grands problèmes exigent tous le grand amour. » in Le gai savoir, §345
Hegel est ici possible : « rien de grand ne s'est accompli sans passion »
Mais cela n'enlève aucune valeur à la recherche de la vérité
L'intéressement excessif nuit à la recherche de la vérité
a) Souligner l'importance d'un détachement de la recherche aux intérêts. L'intérêt économique fait mourir les domaines de recherche où il n'y a pas d'utilité pratique.
De plus, chercher la vérité et ne pas se satisfaire des opinions nécessité de s'opposer aux autres, de ne pas se conformer aux idées les plus répandues. Il est plus facile d'avoir tort avec tout le monde que de déternir la vérité tout seul. Le mensonge et la tromperie sont souvent plus avantageux que la recherche de la vérité.
b) Si nous ne visons que l'utilité d'une chose, nous n'avons pas l'esprit libre pour voir les autres aspects que recèlent cette chose.
Nécessité de réfléchir sur les méthodes de recherche
Une recherche de la vérité doit donc s'accompagner d'une réflexion critique, ce que la philosophie permet de faire.
Si il y a toujours des passions qui sous-tendent la recherche de la vérité, il est néanmoins nécessaire de les maîtriser et d'en prendre conscience.
Cf Bachelard, il est nécessaire de « psychanalyser » la science, c'est-à-dire à connaître et à se méfier des désirs, des rêveries inconscientes qui sous-tendent la recherche. A trop vouloir trouver telle vérité qui s'accorde à nos désirs et à nos intérêts, nous finissons par modifier le réel pour découvrir le résultat souhaité.
Conclusion
Il apparaît dans un premier temps que la recherche de la vérité est fortement liée à la poursuite d'intérêts techniques, pratiques ou personnels. Néanmoins, cela ne signifie pas qu'il soit impossible d'essayer de voir les choses telles qu'elles sont, sans s'arrêter aux apparances ou opinions, sans en retirer un intérêt quelconque. De nombreux exemples montrent que les savants, philosophes ont cherché à aller au-delà des idées préconcues alors que cela nuisait à leur situation personnelle. Nous pouvons même dire que rechercher la vérité uniquement par intérêt nuit à cette recherche. Les hommes sont certes poussés à agir par leurs passions mais il est moralement souhaitable de connaître et de maîtriser ces passions. Pour cela, les réflexions notamment bioéthiques ou de la philosophie des sciences sont importantes de nos jours.