Russell, Problèmes de philosophie: Valeur de la philosophie

Une copie entièrement restranscrite d'un élève. Note obtenue: 15/20.

Dernière mise à jour : 16/03/2021 • Proposé par: pini (élève)

Texte étudié

La valeur de la philosophie doit être cherchée pour une bonne part dans son incertitude même. Celui qui n'a aucune teinture de philosophie traverse l'existence, emprisonné dans les préjugés qui lui viennent du sens commun, des croyances habituelles à son temps et à son pays, et des convictions qui se sont développées en lui sans la coopération ni le consentement de sa raison. Pour un tel individu, le monde est sujet à paraître précis, fini, évident; les objets habituels ne lui posent aucune question et les possibilités non familières sont dédaigneusement rejetées. Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous trouvons que même dans les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne conduisent à des problèmes auxquels nous ne pouvons donner que des réponses très incomplètes. La philosophie, bien qu'elle ne soit pas en mesure de nous dire avec certitude quelle est la vraie réponse aux doutes qu'elle élève, peut néanmoins suggérer diverse possibilités qui élargissent le champ de nos pensées et les délivrent de la tyrannie de la coutume. Tout en diminuant notre certitude à l'égard de ce que sont les choses, elle augmente beaucoup notre connaissance à l'égard de ce qu'elles peuvent être; elle repousse le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n'ont jamais pénétré dans la région du doute libérateur et garde vivace notre sens de l'étonnement en nous montrant les choses familières sous un aspect non familier.

Russell, Problèmes de philosophie

La philosophie nous est présentée par de nombreux philosophes comme une science. Chez Descartes, elle est même considérée comme la base de toutes les sciences, la discipline la plus ultime. Aussi ce texte de Russell nous dit que « la valeur de la philosophie doit être cherchée pour une bonne raison dans son incertitude même », le fait qu’elle ne puisse pas nous donner des réponses exactes et définitives comme c’est le cas des mathématiques. Cette affirmation pourrait être considérée comme contradictoire avec l’idée que la philosophie soit une science elle même, du fait qu’une discipline, qui se veut rationelle, puisse tirer sa valeur du fait qu’elle est incertaine. Comment comprendre donc ce paradoxe, sous la plume de quelqu’un qui est pourtant lui-même considéré comme un grand philosophe et logicien ? C’est qu’il ne s’agit pas ici d’une critique mais plutôt d’une réflexion qui vise à expliquer la spécificité du discours philosophique. On proposera une explication linéaire du texte en le décomposant en trois principaux moments.
On verra dans un premier temps comment Russell caractérise la vie d’un individu qui vit sans philosophie, et comment sa vision du monde est raccourcie à ses propres convictions.
Dans un second temps, on s’attaquera à la façon dont l’auteur caractérise en quoi consiste la valeur unique de la philosophie.
Finalement, dans une troisième partie, on analysera quels sont les bénéfices que Russell montre qu’on peut tirer en exerçant une vie philosophique active, c’est à dire ce qu’elle apporte à l’être humain.

Le texte de Russell nous présente au début quelles sont les conséquences pour un individu de vivre sans l’apport de la philosophie. L’auteur nous dit que vivre sans philosophie, c’est vivre avec notre sens commun, nos croyances issues de notre temps et notre pays, et nos convictions personnelles.
Platon et Aristote, pères de la philosophie, nous disent que toute pensée philosophique commence par l’étonnement. Du fait qu’on s’intérroge sur la chose la plus banale même, on fait donc de la philosophie. Donc Russell veut nous dire que vivre sans s’étonner, sans se questionner à propos de ce qui nous entoure, équivaut à croire tout ce qui nous vient du sens commun, idées qu’il qualifie de « préjugés » et que selon lui nous « emprissonent » comme si nous étions des victimes, mais aussi aux « croyances habituelles à son temps et à son pays ».
Russell veut ainsi nous faire voire qu’il ne faut pas croire aux choses sans s’y de

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