Le thème de la science fut sujet à de nombreuses controverses parmi les philosophes, et ce depuis sa naissance. Le savoir scientifique est-il ou non un vecteur de la vérité ? Cette question semble au cœur du débat. Alain, lui, adopte une position favorable à la science tout en démontrant par une démarche pédagogique que les vérités qu’elle transmet ne se donne pas à voir simplement, mais qu’elles relèvent d’un effort intellectuel. La thèse que soutient donc Alain est que les hypothèses scientifiques nous font prendre conscience de la vérité des choses en s’éloignant des apparences, mais que celles-ci étant le fruit de travails de l’esprit, rien ne pourra jamais prouver la véracité d’un énoncé scientifique. On étudiera donc dans un premier temps les lignes 1 à 4 ( jusqu’à « apparences »), ce qui permettra de s’interroger sur la valeur des perceptions. Dans le deuxième temps, on s’intéressera à l’exemple développé que nous propose Alain afin d’illustrer son affirmation de départ ( ligne 4 à 10, jusqu’à « fort gros » ), ce qui nous amène enfin à une réflexion sur les vérités scientifiques, permise au terme de l’argumentation.
Alain annonce tout d’abord qu »il faut toujours remonter de l’apparence à la chose ». On note dans cette expression que le philosophe établit une hiérarchie entre les apparences, c'est-à-dire ce que l’on perçoit, et ce qui est véritablement ; il préconise que chacun fasse un mouvement ascendant vers la chose. Selon Alain, il est nécessaire de s’éloigner des apparences. En effet, tout ce que nos sens nous donnent à voir, entendre, sentir, sont des apparences, par opposition à l’essence de ce qui nous entoure, à l’ « être », et ce quelle que soit la manière dont on perçoit les choses puisqu’il « n’y a point de lunette ni d’observatoire d’où l’on voit autre chose que des apparences ». Cela signifie que, que je regarde une fourmi sur le sol de ma hauteur habituelle, ou que je l’observe au microscope, certes ma perception de la fourmi n’aura pas la même précision, mais celle-ci ne pourra me fournir que l’apparence, que les qualités de la fourmi en question.
Alain nous donne ensuite la clef au problème qu’il vient de poser, la possibilité de l’ébranlement de l’essence même des choses : ce serait « la perception droite, ou si l’on veut, la science ». Selon Alain, seule la science est susceptible d’offrir autre chose que des apparences, autre chose qu’une multiplicité d’existences. C’est d’ailleurs en ce sens qu’on comprend l’opposition e