Avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ?

Corrigé entièrement rédigé d'un élève.

Dernière mise à jour : 15/09/2021 • Proposé par: kisscools (élève)

La loi ne nous fait pas une obligation de faire le bonheur des autres. Par contre, d'un point de vue morale, il est nécessaire d'envisager ce que nous devons au sens strict aux autres. Mais faire du bonheur le contenu d'un devoir moral présente un aspect paradoxal. On voit mal, en effet, comment cela pourrait être un devoir moral,car, si tel était le cas la question ne se poserait pas. Se demande-t-on s'il faut respecter autrui? Nous avons en général connaissance de nos devoirs même si nous ne les respectons pas toujours. Or, comme nous pouvons le constater l'idée d'une exigence morale consistant en faire le bonheur d'autrui ne nous apparaît pas comme évidente. Nous touchons en fait ici à une limite de notre pouvoir. Si l'on comprend le bonheur comme état de contentement subjectif lié à des facteurs circonstanciels (l'étymologie nous disant que le bonheur c'est la bonne chance), comment pourrait-il être de notre devoir de réaliser quelque chose qui ne dépend pas de nous ?

Il y a bien comme une contradiction entre le concept de devoir qui est une obligation universelle et le bonheur qui est un état particulier et tout à fait subjectif de l'individu. Que devons-nous au juste aux autres et réciproquement? Pourquoi le bonheur des autres aurait-il à nous intéresser si nous n'y pouvons rien, n'y sommes pour rien? Y sommes-nous d'ailleurs totalement indifférents?

Nous verrons donc dans un premier temps que le bonheur comme idéal de l'imagination semble a priori opposé à la possibilité d'en faire le contenu d'une morale. Puis, nous montrerons que le bonheur des autres suppose des conditions objectives dont certaines dépendent de nous. Enfin, nous verrons que s'il ne nous appartient pas de faire le bonheur des autres, il nous appartient cependant moralement d'y contribuer.

I. Le bonheur semble opposé à la possibilité d'en faire le contenu d'une morale

Si l'on comprend comme bonheur un état de contentement durable plutôt que ponctuel, on peut se demander si de fait cet état dans sa durabilité n'est pas un idéal de l'imagination. C'est la supposition que fera Kant dans La critique de la raison pratique. Ceci signifie au moins deux choses. La première pour Kant est que c'est un idéal tout à fait indéterminé. Chaque individu en fonction de sa position sociale, historique et personnelle nourrira un idéal différent de celui d'un autre. La seconde est que comme idéal, il ne peut définir le contenu d'une morale objective. On ne peut vouloir réali

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