L’étymologie du mot travail vient du latin « tripalium » qui désigner dans l’antiquité une « machine à trois pieux », destinée à immobilisé les chevaux afin de les ferrer ; autrement dit, par extension, un instrument de torture. Il peut se définir comme une dépense productive de forces pour obtenir un fruit. Par ailleurs, Le temps qu’il impose empêche de se consacré à des activités de loisir ou de temps libre. Le travail apparait donc souvent chargé d’une connotation négative. Il est donc intéressant de se questionner sur ce qui pousse les hommes à travailler, puisqu’il apparait aux yeux de la plupart des hommes comme pénible, contraignant et exigeant un effort douloureux.
Nous traiterons par conséquent la question suivante : « Pourquoi travaillons-nous ? ».
Dans une première partie, nous verrons que le travail, qui nous permet de survivre en satisfaisant nos besoins, apparait très souvent aux yeux des hommes, comme une nécessité pénible. Cependant, nous montrerons dans une seconde partie que le travail permet une humanisation ainsi qu’un développent de notre culture. Finalement, nous remarquerons dans une dernière partie les limites de cette humanisation et dans nos sociétés actuelles.
A première vue, comme nous l’avons dit dans l’introduction, le travail apparait très souvent comme une nécessité naturelle, qui permet d’accomplir nos besoins élémentaires. En effet, il nous procure un salaire qui va nous permettre de nous alimenter, de nous loger ainsi que de nous épanouir. Cependant, les hommes ne travaillent pas uniquement pour gagner un salaire, mais parfois pour produire. Ainsi, il existe des formes de travail anciennes qui ne sont pas rémunérées, comme l’esclavage ; à l’inverse, il existe des activités rémunérées qu’il est difficile d’appeler travail, comme la prostitution. Le travail est très souvent basé sur la transformation de la nature. En effet, les matières premières que la nature nous fournit sont impropres à la consommation et nécessitent d’être transformées, par le travail, avant d’être consommées et de satisfaire nos besoins. La division des industries effectuée par les analystes en 3 secteurs confirme cette idée de relation immédiate entre le travail et la nature. En effet, l’industrie sera dans le secteur « primaire », « secondaire », ou « tertiaire » selon le degré de contact avec la nature. Les industries primaires sont liées à l’extraction des ressources et à l’agriculture ; les industries secondaires comprennent la construction et les industries manufacturières. Enfin, le secteur tertiaire est le même que les industries de services. Nous voyons alors que le degré de contact avec la nature n’est pas le même dans ces différents secteur d’industries. Nous avons donc remarqué que sans le travail, nous ne pouvons pas satisfaire nos besoins, puisque les ressources présentes dans la nature sont souvent impropres à la consommation directe ; sans le travail, la survie est donc impossible. Le travail est donc un véritable moyen de survie dans notre société.
Par ailleurs, la Bible dit que le travail est la conséquence d’un châtiment, la conséquence du péché d’Adam et Eve chassés du paradis. Dans la Genèse, on peut également lire que, en raison du péché originel, Adam se voir condamné à travailler à fin de se nourrir : « Tu gagnera ton pain à la sueur de ton front ». Cela implique alors qu’il faut défricher, extraire, labourer pour pouvoir obtenir de la nourriture, qui satisfera notre faim. On peut ainsi dire que le travail est une sorte de lutte entre l’homme et le monde, c'est-à-dire entre l’homme et la nature, ce qui lui donne les traits d’une sorte de malédiction qui a toujours exister, et qui existera jusqu’à la fin des temps. Bien que la religion ne soit plus très présente dans notre société, le travail est encore marqué par l’idée religieuse de la culpabilité de l’homme et nous voyons le travail comme une sanction. Cependant, on n’a constaté que le travail, certes assez pénible, tout de même défini dans la bible comme un moyen de survivre.
Dans ce sens, le travail peut être comparé à l’activité animale : l’homme est contraint à travailler aux même titre que l’animal est obligé de chasser pour vivre, ou plutôt survivre.
C’est alors qu’il convient de rappeler la racine commune, en grec, du mot travail (douleuo) et esclave ( doulos). Dans la Grèce antique, un rapprochement entre le travail et l’esclave a donc été élaboré. Cela est du au fait que les grecs n’ont jamais valorisé le travail, le travail non pas au sens intellectuelle, mais au sens manuel. Le travail est considérer comme une activité servile et n’est pas accompli par un homme « libre ». C’est pourquoi il est accompli par les esclaves. Nous pouvons également nous référer à la séparation en trois groupe, effectuée dans l’ancienne société française : ceux qui prient, ce qui combattent, ce qui travaillent ; seul le travail manuel étant bien évidement évoqué ; A nouveau, les travailleurs sont très méprisé. Par ailleurs, dans notre société, comme nous l’avons dit dans l’introduction, le travail manuel, est chargée d’une connotation négative. En effet, une bonne partie de la journée est consacrée au travail, ce qui implique que l’on consacre moins de temps au loisir. Ainsi, les réformes de 1997 sur la réduction du temps de travail à 35 heures par semaines montrent que l’homme cherche à limiter le travail. Le travail manuel est donc encore souvent dédaigné dans les sociétés occidentales.
Souvent basé sur la transformation de la nature, le travail est donc le moyen de survie par excellence, puisqu’il permet de satisfaire nos besoins, même si il apparait aux yeux des hommes, comme une activité pénible et contraignante, voir même très souvent comme une sanction.
Cependant, un fait que l’on constate souvent dans notre société peut nous laisser perplexe : Comment se fait-il que des personne ayant travaillées pendant presque toute leur vie ont éprouve énormément de difficulté à arrêté de travailler le jour de leur retraite ? Pourquoi les retraités continuent-ils parfois à travailler alors qu’ils n’y sont plus obligés ? Cette constatation nous ouvre la porte vers d’autres interrogations. Nous allons donc chercher dans une seconde partie si il n’y pas dans le travail des finalités plus complexes.
Nous allons commencer cette seconde partie par tenter de nous éloigner du rapprochement fait entre travail humain et travail animale. Comme nous l’avons vu dans la première partie, l’homme est un homo faber, c'est-à-dire un transformateur de la nature. Il fabrique lui-même ses outils qui lui permettront ensuite de pouvoir transformer la nature. Nous commençons donc à nous écarter de ce rapprochement. Cependant, il faut approfondir cette analyse. Les animaux ne travail pas ou du moins comme le souligne Marx dans « Le capital », les hommes ont une forme de travail bien différentes de celle des animaux : « Notre point de départ c’est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l’homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche » Selon Marx, les animaux ne travail pas puisque, contrairement aux hommes, ils ne réalisent pas dans leur esprit ce qu’ils réaliseront dans la matière : leur activité relève de l’instinct. De plus, George Bataille a écrit dans « L’érotisme » la phrase suivante : « l’homme est l’animal qui n’accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie ». En effet, contrairement à l’homme, l’animal remplit ses besoins grâce à la nature, sans jamais la transformer et ne désire pas. L’animal se contente uniquement d’utilisé les matières premières que l’on trouve dans la nature. Cependant, l’homme « nie la nature » et exprime un désir ; un désir qui se différencie du besoin. Le travail est donc bien ce qui nous différencie des animaux, ce qui nous extrait du règne animal.
Nous avons également remarqué qu’en travaillant, des nouveaux besoins sont apparus aux yeux des hommes, des besoins qui ne sont pas naturelles cette fois ; on les qualifie de besoins artificiels. Ces besoins artificiels deviennent néanmoins nécessaires à l’homme artificiel qu’il est devenu. En outre, Marx dit que « le travail des hommes produit leur monde matériel et spirituel, et par la suite leur mode de vie ». Il dit également que « l’être humain trouve son humanité dans le travail ». Ces deux citations sont dans l’optique de notre idée : le travail est bien un passage de la nature à la culture. Le travail est en quelque sorte la production de l’homme par lui-même. L’homme est un être qui travaille et qui est le produit de lui-même. L’humanité doit s’élever au dessus de la nature. Ainsi, par le travail et la technique, l’homme se cultive et invente sa propre nature, il se fait homme.
On a également remarqué que le travail permet à l’homme d’améliorer ses capacités personnelles. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il faut tout de même fournir un minimum d’effort avant de voir évolué ses capacités. Cela est principalement du à un élargissement de la définition du mot travail dans les sociétés modernes. Auparavant, le mot travail désignait uniquement les activités manuelles ; il désigne désormais par extension les activités intellectuelles. Par conséquent, le travail donne donc également la possibilité aux hommes de se transformer en développant leur intelligence ainsi que leur esprit. C’est donc par le travail que l’homme acquière une caractéristique très spécialement humaine : la conscience.
Par ailleurs, on constate que dans notre société, la vie des hommes est complètement organisée autour du travail. En effet, notre existence quotidienne est construite et basée sur le travail. La division classique et traditionnelle d’une journée le montre bien. Dans une journée, on rencontre en premier lieu le travail, puis le repos, et finalement le loisir. On remarque alors que le repos et le loisir sont entièrement dépendants et soumis à la présence du travail ; c’est après avoir travaillé que le besoin de se reposé survient, mais également après avoir travaillé que l’on a alors la possibilité et les moyens de jouir d’un loisir quel qu’il soit. Le travail, qui rythme notre vie quotidienne, est donc un pilier important qui soutient le cadre social de notre société. Le travail permet de crée des liens entre nous et notre société. Ainsi, le travail tend donc instituer un rapprochement entre les hommes, à crée des relations solides et fiables entre eux à fin qu’aucun ne tombe dans la marginalisation. Le travail joue donc le rôle d’un véritable ciment pour notre société. En quelques sortes, on peut donc ajouter que nous travaillons donc parce que les autres travaillent ; nous travaillons pour acquérir un statut dans la société, occuper une place, être reconnu socialement, en deux mots, nous forger une identité. Nous travaillons donc pour devenir quelqu’un, c'est-à-dire nous humaniser.
Dans cette partie, nous avons donc vu qu’en abordant la question d’un autre angle, que le travail n’est pas seulement une nécessité contraignante et pénible, ayant pour but de permettre la survie des hommes sur Terre en assurant nos besoin. Effectivement, nous avons ici vu que le travail permet un développement de la culture chez les hommes, mais également une évolution de l’humanisation dans notre société. L’homme se réalise en travaillant. Cette idée rejoint la thèse de Hegel avancée dans « Introduction à la lecture » : l’homme lui-même est le résultat de son propre travail, car, en travaillant, il transforme la nature et, par là, se transforme lui-même.
Cependant, il semble que certains faits nous poussent à relativiser ces constats plutôt optimistes. On pourrait alors se demander dans une troisième et dernière partie si le travail n’a pas tendance à perde son sens humain depuis quelques temps.
Dès la révolution industrielle, la dignité apportée à l’homme par le travail est très discutable, si l’on s’intéresse aux conditions de travail très difficiles des ouvriers ou des mineurs. C’est ce qui poussent des écrivains à s’engager à fin de condamné ses conditions de travaille très inhumaines, comme Zola, dans Germinal, qui décrit un mineur ayant passé 50 ans à travailler dans les mines, et extrêmement affaibli physiquement et moralement par toutes ces année de travail.
Au début du 20ème siècle, un ingénieur américain nommé Frederick Winslow Taylor met en place une méthode de travail qui porte alors son nom : le taylorisme. Avant tout analyse, Il faut remarquer que Taylor lui-même ne la concevait nécessaire que dans un contexte très particulier, celui des États-Unis du début du siècle, pays dans lequel la main-d'œuvre est alors très peu qualifiée (car issue de la deuxième grande vague d'immigration qu'a connue le pays). Cette méthode repose sur l’Organisation Scientifique du Travail (OST) dont l’objectif premier est d’accroitre la productivité dans les usines. Pour Taylor, une double division du travail est nécessaire si l'on veut accroître cette dernière : une division verticale des tâches fondée sur la séparation entre la conception et l'exécution (la direction se charge de tous les éléments de la connaissance et les ouvriers se contentent d'appliquer ses consignes), une division horizontale des tâches reposant sur la parcellisation des activités et la spécialisation des ouvriers attachés à leur poste fixe et à une opération élémentaire (travail à la chaine). Des techniques comme le chronométrage, visant à contrôler les temps d'exécution des ouvriers permettent d'améliorer encore les potentialités du système et de diminuer les erreurs qui peuvent survenir. De nombreuses critiques ont été adressées à cette organisation du travail certes très efficace, mais dévalorisante et éprouvante pour les ouvriers que l'on ne cherche à motiver que par une politique de rémunération.
De plus, on a remarqué des conséquences sur l’homme montrent que le travail à la chaine est aliénant, dans tous les sens du terme. La première est que l’homme ne peut pas s’épanouir dans son travail. L’impression finale ressentie une fois l’objet fabriqué sera différentes chez un ouvrier travaillant à la chaine et chez un artisan. Un ouvrier travaillant à la chaine ne peut pas se reconnaitre dans son travail. Cela vient entre autre du fait qu’il n’a pas fait l’objet, mais seulement un bout de l’objet. L’homme est devenu un simple rouage. De plus, comme nous l’avons précisé tout à l’heure, les ouvriers sont seulement motivé par une politique de rémunération menée par les patrons. Les ouvriers deviennent dès lors une sorte de marchandise pour les patrons, parfois même pour eux même. En effet, les patrons les considèrent comme une marchandise, mais parfois eux-mêmes se considèrent comme une marchandise.
Cette forme nouvelle de travail est donc totalement aliénante pour l’homme. On peut donc alors dire que la forme moderne de travail déshumanise l’homme. On peut appuyer cette idée grâce à une citation de Rousseau (Contrat Social, I, 4): si la liberté est ce qui au plus haut point caractérise l’homme, et le différencie de l’animal, alors, il faut dire que la forme moderne du travail est totalement déshumanisante, qu’elle déshumanise l’homme plutôt qu’elle ne l’humanise. C’est alors que Marx définit le système capitaliste comme étant le système d’exploitation de l’homme par l’homme. Ainsi, Marx condamne le capitalisme car il enlève aux hommes la possibilité de se socialiser du fait de l’aliénation du travail, mais aussi du fait de l’appropriation des moyens de production par la classe bourgeoise.
Un film américain réalisé par Charlie Chaplin sorti en 1936 fait une critique de la société industrielle capitaliste en plein essor à l’époque en mettant en scène un ouvrier nommé Charlot. Sorti du travail, Charlot conserve les réflexes que lui impose le rythme des machines, au point qu'il ne peut s'empêcher de déboulonner les boutons de robe des dames. Le travail à la chaîne est rendu encore plus inhumain par le rythme effréné, et sans cesse accéléré, que dicte un patron soucieux de rentabilité, confortablement installé dans un fauteuil, et dont la seule fonction consiste à surveiller de façon quasi policière ou pénitentiaire le travail des ouvriers.
Dans cette partie, on a donc constaté que les nouvelles formes de travail apparu depuis la Révolution Industrielle sont la cause d’une véritable déshumanisation des hommes. Le travail ne permet pas donc toujours une humanisation et une sociabilisassions de l’homme.
Le travail, basé sur le principe de transformation de la nature, est un moyen de survie, puisqu’il permet de satisfaire nos besoins, même si il apparait aux yeux des hommes, comme une sanction ou activité pénible et contraignante. Néanmoins, le travail, bien plus qu’un moyen de survie, nous permet de nous humaniser notamment en nous extrayant du règne animal, en créant un tissu social entre les hommes, en nous développant notre conscience et notre intelligence. Cela peut alors expliquer que certains retraités continuent de travailler bien qu’ils n’y sont plus obligés. Cependant, les nouvelles formes de travail apparus depuis la Révolution industrielle nous montre belle est bien une limite de l’humanisation, puisque les hommes sont souvent aliénés par le travail. Par ailleurs, on a atteint un stade ou non seulement les patrons considèrent les hommes comme une marchandise, mais aussi les ouvriers eux-mêmes se considèrent ainsi ce qui est très accablant.