« Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ? » De ce sujet s’échappent plusieurs questions. La réalité est-elle une limite au désir ? Est-il raisonnable de désirer en surpassant cette réalité ? Ces deux questions seront développées dans les différentes parties du développement pour nous aider à répondre à la question principale du sujet.
I. La réalité ne peut pas délimiter le désir
La réalité est-elle une limite au désir ? Cette question nous ramène à s’interroger directement sur la nature du désir dans la réalité. En effet le désir chez l’homme est toujours un objet recherché, un but qu’une personne s’accorde à accomplir. Lorsque notre désir est assouvi, celui-ci se reporte immédiatement vers un autre objet, un autre but. Prenons l’exemple d’un individu qui a repéré un produit dans une publicité, ou une pâtisserie dans une boulangerie, il se laisse bercer par la publicité qui fait l’éloge de son produit ou par la présentation de cette délicieuse pâtisserie dans une vitrine ; cet individu ne sera satisfait de son désir que s’il arrive à posséder le produit, ou dévorer cette pâtisserie. Seulement, une fois ce désir satisfait, il va automatiquement se reporter sur une autre pâtisserie ou sur une autre envie totalement différente. Le désir une fois satisfait va glisser en attente d’être satisfait à nouveau. Ce désir qui devient satisfait était donc un besoin d’un homme à accomplir une envie. En effet dans la réalité, le désir peut donc se résumer en un besoin, puisqu’il est réalisable. Ce besoin est un besoin naturel comme le besoin d’étancher une soif, ou de manger pour se couper la faim, il n’est satisfait que lorsqu’on a bu un verre d’eau ou pris un repas. Si l’on avait voulu s’étancher la soif en buvant un verre d’une autre boisson que ce soit une boisson sucrée ou autre, cela aurait fait appel à un autre désir, un autre besoin ; le fait de prendre plaisir à boire ou à se rassasier peut être également considéré comme un besoin. C’est bien connu depuis l’apparition de l’homme, ceux-ci mangeaient de la viande froide, mais dès qu’ils eurent découvert le feu ils préférèrent la manger cuite. C’était un désir de mieux manger, d’apprécier la nourriture différemment.
Il y a donc une différenciation à faire entre les désirs présents dans la réalité tels que les désirs ou besoins naturels qui sont de manger, boire, etc., et les désirs dus à la préférence, ce désir procure du plaisir qui est également un besoin chez l’homme. En effet le plaisir est une notion indispensable à la vie.
Nous avons donc vu que lorsqu’il s’agit de la réalité, le désir est assimilé au besoin. Seulement ce désir assimilé au besoin, n’est présent que dans la réalité. Lorsque l’on voit plus loin, en effet, un désir impossible ne peut pas être satisfait. Des milliers de personnes désirent la paix dans le monde tout en sachant que c’est impossible à réaliser, ce désir frustré s’enterre alors dans l’esprit de chaque personne qui l’éprouve, mais il reste un désir. La réalité ne peut pas délimiter le désir, stopper son étendue, elle peut seulement définir les désirs qui sont réalisables -assimilés au besoin- et ceux qui ne le sont pas.
II. Désirer nous fait surpasser la réalité
Est-il raisonnable de désirer en surpassant cette réalité ? L’interrogation présente ici nous demande de prouver si le désir véritable nous autorise à aller plus loin que la réalité, si au-delà de cette réalité le désir n’est pas perdu. Selon les épicuriens, nous ne devions désirer que des réalités naturelles et nécessaires. D’après ce que nous avons étudié précédemment, le désir, selon Epicure, se résume donc au besoin.
Ce qui fait avancer un homme, c’est bien le désir d’aller plus loin, de se projeter un avenir meilleur, et de lutter toute sa vie pour pouvoir réaliser son rêve, son envie, son désir. Le rêve permet à l’homme de s’évader, de penser à autre chose que la réalité, de pouvoir penser à un monde parfait, sans aucun défaut, un monde désireux de toute personne sensée. Ce rêve ne peut en aucun cas être comparé à la réalité, mais c’est véritablement cela le désir ; pouvoir se faire notre monde à nous, repoussant à sa façon cette dure réalité.
Le désir ne peut pas se régler simplement, il ne peut pas être défini strictement. Le désir n’a aucune limite et se demander si ce désir est raisonnable ou non est bien évidemment secondaire, car chaque personne a des désirs totalement différents les uns des autres. Un homme ne peut pas se dire consciemment : Je n’ai absolument pas le droit de désirer quelque chose d’invraisemblable, car il aura toujours le désir de dépasser cette limite, la repoussant sans arrêt.
Conclusion
Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ? La réponse est bien évidemment négative, car nous ne pouvons jamais nous satisfaire de ce que l’on a à notre portée vu que le désir nous en demande encore plus. Le désir n’est donc pas défini par un objet réel, mais par l’infini qu’il vise, c’est pourquoi il ne se satisfait pas de la réalité il ne fait que la modifier, la transformer sans arrêt et repousser les limites de cette raison.