Aristote considérait le travail comme une activité par nature asservissante, n'étant pas une fin en elle-même mais le moyen de la subsistance. Activité vile qui déforme l'âme et le corps, elle est réservée aux esclaves qui s'abîment dans ce qu'ils font. Le travail, en effet, implique une spécialisation déshumanisante, car l'homme n'est pas fait pour un métier comme un marteau est fait pour planter un clou. Si la main est le symbole de l'homme, c'est précisément qu'elle n'est pas un outil, mais un organe polyvalent. Ainsi, les activités nobles développent en l'homme simultanément toutes ses facultés, tandis que l'activité laborieuse détruit cette harmonie en instrumentalisant l'une d'elles. Nous dirions aujourd'hui que, asservi aux impératifs de l'efficacité, celui qui travaille perd sa vie à la gagner : Aristote le définit simplement comme un « outil vivant » dont on pourrait bien se passer si les navettes pouvaient se déplacer toutes seules sur les métiers à tisser. L’homme peut se contenter de travailler en vue du seul gain, en être satisfait ? Le travail n’est-il qu’une aliénation de l’homme ? D’autres facteurs agissent-ils dans ces besoins, dans les attentes d’un travailleur ? Nous présenterons de prime abord le travail, comme quelque chose d’aliénant, fait par simple intérêt, en attente de gains quelconques, puis nous nous attacherons à présenter en seconde partie les autres motivations qui poussent les hommes à exercer un travail.
Puisque le travail passe souvent pour une activité pénible et mutilante, on peut se demander pourquoi on travaille. Nous allons voir de prime abord que l’homme se contente parfois de travailler en vue su seul gain.
Si l’on interroge les individus sur les raisons qui les poussent à travailler, un grand nombre répondra qu'ils travaillent pour gagner leur vie, pour subvenir à leurs besoins. Mais, cela ne répond pas à la question que l'on pose si on se place du point de vue non pas des individus et des explications qu'ils donnent, mais plus fondamentalement, du point de vue de l'espèce humaine. "Pourquoi travaillons-nous?" voulant alors dire, "Pourquoi y a-t-il du travail, pourquoi le travail existe-t-il?". Le mythe de Protagoras, extrait du Protagoras de Platon, donne certes sous la forme d'un récit mythologique, une réponse à cette question en même temps qu'il développe une thèse à propos de l'origine de la technique. Ce qui indique que l'apparition du travail est liée à celle de la technique. Les individus ne travaillent