Cet extrait de La Condition de l’homme moderne d’Hannah Arendt porte sur l’automatisation du travail. Dans ce texte, elle se demande si l’automatisation du travail peut réellement libérer l’homme de ce fardeau ? La réponse qu’apporte ce texte à cette question problématique se découpe en deux parties : à première vue, l’automatisation du travail libèrerait l’homme de la pénibilité de celui-ci, mais ainsi libéré de l’asservissement à la nécessite, l’homme ne serait-il pas privé de la seule activité qui lui reste ? Telles sont les idées qu’Hannah Arendt développe dans cet extrait, que nous allons maintenant expliquer.
I) L’automatisation du travail libère l’homme de la pénibilité du travail
Le texte de Hannah Arendt s'ouvre sur un constat qui est que “ c'est l'avènement de l'automatisation qui, en quelques décennies, probablement videra les usines et libérera l'humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel, le fardeau du travail, l'asservissement à la nécessité ”. Ainsi, Hannah Arendt met en évidence que la mécanisation du travail, des processus de production permettra aux hommes de ce libérer de la pénibilité du « fardeau » qu’est le travail. Cette pénibilité associée au travail, cette idée de d’effort, de dépense d’énergie, même de souffrance dans le travail, renvoie aux origines de la culture occidentale, notamment au sens biblique du travail. En effet, dans la Bible (exemple ici justifié par un vocabulaire à forte connotation religieuse : « libération » ; « avènement »), il est dit que le travail n’a pas toujours été mis en parallèle avec la peine, puisque les hommes, incarnés pas Adam et Eve, au temps de l’Eden, n’avait pas à travailler pour subvenir à leurs besoins, ils ne connaissaient donc pas la pénibilité de la necessité d’œuvrer pour survivre, le travail n’étant donc pas perçu comme une corvée.
Mais le caractère illusoire et éphémère de cette allégorie biblique est mis en évidence par le fait que l’homme devra subvenir à ses besoins “ à la sueur de son front ”. Ainsi déchu de son statut privilégié, l’homme devra maintenant connaître la souffrance et la peine pour produire de quoi survivre dans son monde. Au-delà des considérations religieuses, cette idée de souffrance dans le travail se retrouve simplement dans le fait que l’homme est naturellement inadapté à son milieu de vie et c’est donc artificiellement qu’il doit trouver, ou plutôt produire, ce qui est nécessaire à sa survie. Cet artifice est le travail, qui peut lé